Nomination de successeur du Prophète chez les chiites

Les chiites croient que des personnes choisies parmi la famille de Prophète Mahomet (les imams) sont la meilleure source de connaissance à propos du Coran, de l’islam, de l’émulation (les successeurs de la mission prophétique après Prophète  Mahomet) et les protecteurs les plus fervents de la sunnah du Prophète  Mahomet. Une tradition prophétique (rapportée aussi bien par les sunnites que les chiites) le soutient : « Je suis la cité du savoir, Ali en est la porte. Celui qui veut le savoir ainsi que la sagesse qu’il passe donc par la porte ». Il faut noter que le symbolisme de la porte est fréquent dans les différentes traditions initiatiques.  

En particulier, les chiites reconnaissent la succession du Prophète  Mahomet par l’Imam Ali ibn Abi Talib (son cousin, gendre et le premier homme à accepter l’islam — après Khadidja et aussi un des cinq membres de l’Ahl al-Bayt ou « la famille du prophète »). Les chiites croient que le Prophète  Mahomet a désigné l’Imam  Ali comme son successeur en de nombreuses occasions, et qu’il est donc le guide spirituel des musulmans, selon la mission divine révélée au Prophète Mahomet.

La nomination de l’Imam Ali comme imam eut lieu dès le début de la Prophétie, fut maintes fois confirmée, et la dernière, eut lieu le jour d’al-Ghâdir. La première nomination d’imam Ali eut lieu le jour où le Prophète réunit sa famille, les Banu Hashim, et les invita à accepter le nouveau message de l’Islam. Il s’adressa à eux en ces termes :

« Ô fils d’Abdul Muttaleb, je ne connais pas de jeune homme parmi les Arabes qui ait apporté à son peuple meilleur que ce que je vous ai apporté. Je vous apporte le meilleur de la vie ici-bas et de l’au-delà. Allah m’a ordonné de vous convier à Lui. Lequel d’entre vous voudra bien m’assister, devenir mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous ? » Le silence régnait parmi le clan (…) Comme personne ne prenait la parole, Ali, alors âgé de 13 ans, se sentit obligé de prendre la parole et dit : « Je serai ton soutien, ô prophète d’Allah ». Le Prophète le prit par le cou et dit : « Voici mon frère, mon régent et mon successeur parmi vous. Écoutez-le et obéissez-lui ». Les gens se levèrent moqueurs, et s’adressèrent ironiquement à Abu Taleb : « Il t’ordonne d’écouter et d’obéir à ton fils ».

Tous les historiens sunnites rapportent et acceptent cette tradition, mais ils n’en interprètent pas la portée au-delà de la famille du Prophète.

La dernière nomination d’Imam Ali a eu lieu le jour d’al-Ghadîr, après le pèlerinage d’adieu, lorsque le Prophète Mahomet annonça solennellement et devant des milliers de pèlerins l’un de ses plus importants discours :

« Celui dont je suis l’allié/le maître (mawla), Ali est aussi l’allié/le maître. Mon Dieu, sois l’ami de celui qui s’allie à lui et sois l’ennemi de celui qui le prend comme ennemi ».

Les chiites, pour justifier la nécessité de l’allégeance à la maisonnée du Prophète, invoquent notamment le hadith dit al-thaqalayn, rapporté par des sources sunnites dont le Sahih Muslim : « Je suis sur le point de mourir, mais je vous laisse deux choses précieuses, la première étant le livre d’Allah, et la seconde étant les membres de ma famille (ahlou bayti). Je vous rappelle instamment vos devoirs envers mes ahl al bayt ».

Le Prophète a désigné explicitement l’Imâm Ali comme son Successeur (Imâm ou Calife), qui assumera la responsabilité à la fois de gérer l’empire et de guider les croyants dans leur vie spirituelle.