L’imamat chez les chiites

Tous les grands ulémas chiites, depuis Kulayni jusqu’à Majlisî, ont écrit sur l’imamat. Au contraire de la conception sunnite du calife, élu par consensus pour assumer une direction essentiellement temporelle de l’Umma islamique, le chiisme investit l’Imam d’une fonction sacerdotale et fait de lui l’Homme parfait. Les Imams avaient la « wilâya », la direction divine, dont les califes sunnites étaient dépourvus. Tous les pouvoirs, temporels et spirituels, leur étaient dévolus, même si Ἀlî fut le seul parmi les Imams à avoir assumé les deux de façon effective.

  • Muḥammad Ibrâhîm an-Nu’mânî : « Al-Ghayba » (l’Occultation) – Mu’assasat al-a’lamî – Beyrouth.
  • Parmi les sources les plus importantes qui établissent la légitimité de la doctrine de l’Occultation.

L’Occultation

L’Occultation : la théorie de l’Occultation repose sur un hadîth du Prophète rapporté à la fois par les sunnites et les chiites, où il est dit que Muḥammad avait prévu douze successeurs appartenant à la famille des Quraysh. Peu d’aspects du dogme chiite ne revêtent toutefois un caractère aussi confus que les histoires attachées au xiie Imam et à sa disparition. Miracles et événements surnaturels y occupent une place de choix. D’après cette théorie, Muḥammad ibn Ḥasan le douzième Imam, a été occulté par Dieu aux yeux des hommes en 874. Durant la période d’Occultation mineure, il devait rester en contact avec ses fidèles par l’intermédiaire de quatre agents (les « wakîl-s »). A partir de 941, le quatrième agent de l’Imam caché n’ayant pas de successeur, les chiites entrèrent en période d’Occultation majeure, qui dure jusqu’à aujourd’hui. Dès lors, l’attente messianique du retour de l’Imam devenait la base des perspectives religieuses chiites. Une littérature abondante décrit les signes annonciateurs du retour de l’Imam « al-Mahdî », précédant de peu le jour du Jugement, et correspondant au rétablissement sur terre de la justice et de l’équité, ainsi qu’à la défaite des forces du mal. Au-delà de ses résonances eschatologiques, cette théorie eut des conséquences politiques importantes, dans la mesure où elle impliquait l’illégitimité des Etats et du pouvoir politique en général, en l’absence de l’Imam, seule source de pouvoir légitime reconnue. La question de savoir à qui doit revenir le pouvoir en période d’Occultation fut l’objet d’âpres discussions entre ulémas qui devaient ainsi être amenés à préciser les qualités du « faqîh » en période d’Occultation.