La science de l’Imam concernant l’islam

L’Imam est doté par Dieu -pour lui permettre d’accomplir sa mission- de toutes les connaissances nécessaires: il connaît les besoins des hommes dans tous les domaines, et connaît les voies et moyens pouvant assurer le bonheur des hommes dans les deux mondes.

Cela s’explique par le fait que sa personnalité est le prolongement de la personnalité du Prophète: s’il ne reçoit pas la Révélation comme ce dernier, il a néanmoins le devoir de commenter et de clarifier les enseignements coraniques, à chaque époque et en toutes circonstances.

De telles connaissances ne peuvent être qu’inspirées, accordées par la grâce divine. Un esprit ordinaire procédant par déduction rationnelle est trop limité pour pouvoir embrasser toutes les connaissances, et n’est pas préservé de l’erreur, ou de l’insuffisance.

Comment un homme, source de toutes les effusions divines pourrait-il être sujet à l’erreur, où à l’insuffisance du savoir?

Sa fonction exige qu’il soit à tout moment prêt à répondre aux demandes et aux appels des hommes dont les besoins sont sans cesse changeants. Les hommes ne peuvent être abandonnés à eux-mêmes sans direction, sans autorité de référence. Dieu a institué l’imamat précisément pour que les hommes ne puissent pas invoquer l’absence de référence à leur foi, au Jour du Jugement Dernier, et qu’ils ne s’autorisent pas à interpréter à leur guise la parole divine révélée aux prophètes.

Le savoir des hommes n’est en général qu’un ensemble d’opinions, et ne revêt jamais le caractère définitif.

L’Imam Ja’far al-sâdeq, a dit:

“Dieu -Qu’Il soit Exalté- a clarifié Sa religion par les Imams de la guidance de la Famille de notre Prophète. Il leur a ouvert largement les voies de Son enseignement; et c’est par eux qu’Il a révélé les mystères des sources de Sa science. Quiconque, parmi les membres de la communauté de Muhammd -que les salutations divines soient sur lui et sur sa Famille- reconnaît les droits de son Imam, goûtera à la douceur de la foi et connaîtra la maturité de son Islam.

Car Dieu -Exalté soit-Il- a instauré l’Imam comme un signe pour Sa création, et Il en a fait une preuve. C’est Dieu qui lui a conféré la couronne de la dignité, et l’a enveloppé de la Lumière de la contrainte.

L’Imam a le moyen d’accéder aux mystères célestes; ses dons ne sont jamais interrompus. On ne peut obtenir de faveur divine que par son intermédiaire; et Dieu n’agrée les œuvres des hommes qu’à condition que ces derniers connaissent leur Imam.

Les Imams connaissent par avance les voiles de l’obscurité, les pratiques douteuses, et les séditions confuses. Dieu -Exalté soit-Il- les a choisi dans la progéniture de l’Imam al-Hossein, Imams de père en fils, en les préparant à cela par la purification de leur âme et le perfectionnement de leur intelligence. Il les agrée comme guides pour Sa création. A la disparition d’un Imam, il le fait remplacer par un de ses fils savant, discernant le vrai faux, guidant les hommes, éclairé, et argument de Dieu contre Ses créatures.

Ils sont les Imams venus de la part de Dieu, ils guident par la Vérité et s’y conforment, ils sont les preuves de Dieu, Ses apôtres, et Ses gardiens pour Sa création.

Les serviteurs de Dieu pratiquent Sa religion grâce à la guidance des Imams; et les contrées s’éclairent par leur lumière, et les espèces prolifèrent grâce à leur bénédiction.

Dieu en fait une source de vie pour les hommes, des flambeaux pour les ténèbres, des clefs pour la parole, et des piliers pour l’Islam. Les volontés divines les traversent avant d’atteindre forcément leurs cibles.”(1)

L’Imam Muhammd al-Bâqer a dit pour sa part:

“Dieu possède une science réservée et une science commune.

La science réservée est celle dont Il n’a pas révélé la teneur aux Anges rapprochés, aux prophètes et aux envoyés. Sa science commune est celle qu’Il a fait connaître aux Anges rapprochés, aux prophètes et aux envoyés. Elle est parvenue à Nous par l’intermédiaire de l’Envoyé de Dieu.(2)

Le Cheikh al-Sadûq rapporte dans un ouvrage intitulé Ma’âni al-Akbar, que l’Imam Moussa ibn Ja’far a dit:

“J’en jure par Dieu, Nous avons reçu tout ce qui a été accordé à Salomon, ainsi que ce qui ne lui a pas été donné, et n’a été donné à nul autre dans les univers. Dieu a dit à propos de Salomon:

“Voici notre don: dispense-le et garde-le sans compter!” (Coran, sourate 38 Sâd, verset 39)

Et il a dit à propos de Muhammd:

“…Et ce que l’Envoyé vous apporte, prenez-le! Quant à ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en!” (Coran, sourate 59 Le Rassemblement (Al-Hachr), verset 7)

L’Imam al-Sâdeq a dit que l’expression “Celui qui détient la science du Livre” qui se trouve dans le Coran désigne l’Imam ‘Ali. On lui demanda de montrer la différence entre la science de ce dernier, et celle de “Celui qui a une science du Livre”, autre expression coranique. Il répondit:

“Le savoir de celui qui a une science du Livre, par comparaison avec celui qui détient la science du Livre, est comparable à la charge d’eau que peut prendre sur son aile un moustique par rapport à l’eau de la mer.”(3)

L’Emir des croyants, ‘Ali, a dit:

“La science qu’a menée Adam, du Ciel à la Terre, et toutes les grâces qui furent accordées à tous les prophètes jusqu’au dernier d’entre eux, se trouvent dans la Famille du Sceau des prophètes.”(4)

Koleyni rapporte cette parole de l’Imam al-Bâqer:

“La science qui a été apportée par Adam, n’est pas remontée au ciel. Elle se transmet par héritage. ‘Ali était le savant de cette communauté. Aucun savant d’entre nous -les Gens de la Maison- ne meurt sans être aussitôt remplacé par quelqu’un des siens qui soit aussi savant que lui ou suivant ce que Dieu veut”(5)

Dans le Nahuj al-Balâghua, nous pouvons lire ces propos qu’adresse l’Imam ‘Ali à son compagnon Kumayl ibn Zyad: “Certes, la terre n’est jamais en manque d’un homme qui soit la preuve de Dieu, que cet homme soit apparent et connu ou qu’il soit prudent et occulté, et ce afin que les arguments de Dieu et Ses démonstrations ne deviennent pas caduques. Combien sont-ils et ou sont-ils?

Par Dieu ils sont très peu en nombre, mais leur mérite auprès de Dieu est immense. Par eux, Dieu préserve ses preuves et arguments afin qu’ils les confient à leurs homologues et les sèment dans les cœurs de leurs semblables. La science a déferlé sur eux en toute réalité pénétrante; ils ont rencontré l’Esprit de certitude; ce qui semblait difficile aux injustes leur paraît aisé; et ils sont familiers de ce qui effraie les ignorants. Ils sont dans le monde avec des corps dont les esprits sont suspendus au Plérôme suprême (des Anges). Ils sont les califes de Dieu sur terre, les apôtres de Sa religion.”(6)

En plusieurs occasions, -comme en témoigne l’histoire- les pseudo-califes ont été contraints de faire appel à l’Imam ‘Ali afin qu’il leur donne une solution religieuse aux nombreux problèmes qu’il rencontrait. Par contre, jamais l’histoire ne fait mention d’un seul cas où l’Imam ‘Ali se serait référé à quelqu’un d’autre que lui-même afin de l’aider à résoudre tel ou tel problème de la connaissance de l’Islam.

Dieu dit dans le Coran:

“Celui qui guide vers la Vérité n’est-il pas plus digne d’être suivi que celui qui ne peut guider qu’à moins d’être lui-même guidé?” (Sourate 10 Jonas (Younas). verset 35)

Les actions du guide, ainsi que ses idées doivent servir de critère pour la connaissance des lois et prescriptions de l’Islam. Quel péril un homme incompétent ne fait-il courir aux musulmans, en prenant par la force, la responsabilité de leurs affaires?

La conscience normale peut juger, sans aucune objection possible, que celui qui est digne d’être suivi et obéi est celui qui connaît le plus le chemin, qui est familier de la Vérité. Le célèbre compagnon des Imams, Hichâm ibn al-Hakam allait un jour se rendre chez l’Imam Ja’far al-Sadeq, accompagné de Burayha et d’une femme. En cours de route, ils rencontrèrent Moussa Kâzim, le fils de l’Imam Ja’far. Hichâm le mit au courant de la cause de la visite qu’il allait rendre à son père l’Imam Ja’far; et lui présenta Burayha, qui était un savant chrétien.

Moussa ibn Ja’far demanda à Burayha:

“Quelle est la connaissance que tu as de Ton Livre (c’est-à-dire de l’Evangile)?”

Burayha répondit: “Je le connais parfaitement”

Moussa ibn Ja’far lui demanda: “Comment établis-tu la confiance dans l’interprétation que tu en fais?”

Burayha dit: “Qu’est-ce qui pourrait bien compromettre le bien-fondé de mon savoir de l’Evangile?”

Moussa commença alors à lui réciter l’Evangile.

Burayha s’exclama: “C’est toi que je cherche depuis cinquante ans, ou quelqu’un comme toi!” Il embrassa l’Islam aussitôt, et la femme qui l’accompagnait en fit autant.

Quand ils entrèrent chez l’Imam Ja’far al-Sâdeq, Hicham le mit au courant de ce qui venait de se passer. L’Imam Ja’far récita alors ce verset du Coran:

“Descendance les uns des autres, et Dieu est Audient et Savant.” (7)

Burayha lui demanda: “Comment avez-vous la Tora, l’Evangile et les livres des prophètes?”

L’Imam lui dit: “Nous les avons par héritage de leur part, nous les lisons comme ils les lisaient, et nous les prononçons comme ils les prononçaient. Dieu n’instaure pas sur Sa terre une Preuve qui répondrait “Je ne sais pas” lorsqu’on lui pose une question.” (8)

De même le Cheikh al-Sadûq rapporte dans son livre ‘Uyûn akhubâr al-Ridha, le célèbre débat qui eut lieu entre l’Imam Réza et des interlocuteurs juif, sabéen, chrétien, zoroastrien, chacun occupant une position éminente dans sa religion, ainsi que des théologiens musulmans à propos de questions religieuses et philosophiques

Notes :

1-Koleyni: al-Osûl al-Kâfî tome 1, p. 203.

2-Majlisi: Bihâral-Anwâr tome 26, p.160.

3-Ibid.

4-Ibid.

5-Al-Osûl al-Kâfi tome 1, p.222.

6-Cité aussi dans Manâqib de Khârazmi, p. 390.

7-Sourate 3 Ale ‘Imrân, verset 34.

7-Koleyni: al-Osûl al-Kâfi tome 1, p.225.