Cheikh Muhammad Mar’ī al-Amīn al-Anṭākī 

Cheikh Muhammad Mar’ī al-Amīn al-Anṭākī

Une biographie de la vie du Cheikh Mohamed Mar’i Al-Amine Al-Antaki.

Partie 1

Il naquit en l’an 1365 de l’Hégire (1946 ap. J.-C.) dans le village de Harbīt, rattaché au district d’Abū Kabīr, dans la province de Sharqiya ,en Égypte.

Issu d’une famille réputée pour son attachement à la religion et à la science, il grandit dans une atmosphère imprégnée de piété et de tradition religieuse. Dès son enfance, il manifesta une intelligence vive et une forte inclination pour l’étude et la réflexion.

Il fit ses premières études dans les écoles de son village natal, puis rejoignit l’université d’al-Azhar au Caire, où il poursuivit l’apprentissage des sciences islamiques. Il se distingua parmi ses camarades par sa passion pour la lecture, sa mémoire exceptionnelle et son aptitude à la recherche.

Durant ses années à al-Azhar, il suivit les cours des plus grands savants de l’époque, s’initia aux diverses branches du savoir religieux – jurisprudence, exégèse coranique, sciences du ḥadīth et théologie – et se forma à la pensée rationnelle et critique.

Partie 2

Sa formation scientifique et religieuse

Dès ses premières années, Cheikh Muḥammad Mar‘ī al-Amīn al-Anṭākī s’appliqua avec ardeur à la recherche de la science. Il étudia le Coran, la grammaire, la rhétorique, ainsi que les sciences islamiques fondamentales. Sa passion pour le savoir le poussa à approfondir ses connaissances et à rechercher la vérité dans ses fondements.

À l’Université al-Azhar, il se distingua par son sérieux, sa piété et sa persévérance. Il suivit les enseignements des plus grands maîtres et obtint l’estime de ses professeurs et de ses collègues. Il était connu pour son assiduité aux cours, sa mémoire impressionnante et sa capacité à débattre et à argumenter.

Son esprit critique et son goût pour l’examen des preuves le poussèrent à ne pas se contenter de ce qui lui était transmis, mais à confronter les opinions, comparer les doctrines et chercher les arguments les plus solides.

Sa recherche de la vérité

C’est ainsi qu’il se mit à examiner avec une grande attention les différentes écoles islamiques. Il comparait leurs fondements doctrinaux, analysait leurs arguments et pesait leurs preuves. Il lisait les ouvrages des anciens et des contemporains, interrogeait les savants et cherchait à atteindre la vérité avec sincérité et impartialité.

Ses études et ses recherches l’amenèrent progressivement à découvrir que de nombreuses opinions dominantes dans son milieu d’origine n’étaient pas conformes à ce qu’il considérait comme des preuves claires et des textes authentiques.

Cette quête le conduisit, après un long cheminement, à embrasser la doctrine de Ahl al-Bayt (les gens de la maison prophétique), qu’il jugea plus proche de la vérité et mieux fondée sur les sources authentiques de l’islam.

Partie 3

Son évolution intellectuelle et doctrinale

Le Cheikh al-Anṭākī vécut une transformation intellectuelle et spirituelle profonde. Cette évolution ne fut ni soudaine ni superficielle, mais le fruit d’années de réflexion, d’étude, de lecture et de débats.

Il commença par interroger les bases de ce qu’il avait reçu dans son éducation traditionnelle. Ses discussions avec des savants de différentes écoles islamiques l’amenèrent à comparer les preuves et à examiner attentivement les sources. Il se plongea dans les livres de jurisprudence, de théologie et d’histoire islamique, et prêta une attention particulière aux divergences doctrinales entre sunnites et chiites.

Au fil de ses recherches, il constata que la doctrine des Ahl al-Bayt — la famille du Prophète — s’appuyait sur des preuves solides et des fondements rationnels. Il trouva dans les textes transmis par eux une cohérence et une authenticité qui l’attirèrent et le convainquirent peu à peu.

Cette découverte provoqua en lui un profond changement : il passa de  simple étudiant à chercheur indépendant, puis de chercheur hésitant à croyant convaincu.

Son adhésion au chiisme duodécimain

Après un long parcours de doutes et de questions, il embrassa finalement la doctrine chiite duodécimaine (al-ithnā ‘ashariyya). Ce choix ne fut pas dicté par une passion ou un intérêt, mais par une conviction née d’un examen minutieux et sincère des preuves.

Il proclama son appartenance à l’école des Ahl al-Bayt, et il défendit cette orientation par ses écrits, ses prêches et ses débats publics. Son passage au chiisme suscita à la fois admiration et hostilité : admiration de la part de ceux qui voyaient en lui un modèle de courage intellectuel, hostilité de la part de ceux qui considéraient son choix comme une trahison à leurs traditions.

Partie 4

Ses écrits et ses œuvres scientifiques

Cheikh Muḥammad Mar‘ī al-Amīn al-Anṭākī fut un auteur fécond et un chercheur assidu. Il consacra sa vie à l’étude, à l’écriture et à la diffusion du savoir religieux. Ses œuvres se distinguent par la rigueur scientifique, la clarté de l’argumentation et la sincérité de la recherche.

Parmi ses livres les plus connus :
– « Pourquoi j’ai choisi la doctrine des Ahl al-Bayt » (Limaḏā ikhtartu madhhab Ahl al-Bayt) : un ouvrage dans lequel il expose son cheminement intellectuel et spirituel, les raisons de son adhésion au chiisme duodécimain, ainsi que les arguments qui l’ont convaincu. Ce livre eut un grand retentissement et devint une référence dans le dialogue entre les écoles islamiques.
– Des traités sur la jurisprudence et la théologie comparée, où il met en parallèle les opinions des différentes écoles et souligne ce qu’il considère comme la supériorité des arguments des imams de la maison prophétique.
– Des écrits de prédication et de guidance spirituelle, destinés à éveiller les consciences et à appeler les musulmans à l’unité autour du Coran et de la Sunna authentique.

Son style d’écriture se distinguait par la précision, la force argumentative et l’attachement aux sources. Il ne se contentait pas de répéter ce que disaient les autres, mais revenait toujours aux textes fondamentaux et aux arguments rationnels.

Son rôle dans le rapprochement islamique

Malgré son appartenance au chiisme, il insista constamment sur l’importance de l’unité islamique. Dans ses discours comme dans ses livres, il appelait au respect mutuel, au dialogue et à la coopération entre les différentes écoles. Il considérait que la diversité des opinions ne devait pas mener à la discorde, mais pouvait être une source de richesse et de complémentarité.

Partie 5

Sa mort et son héritage scientifique et intellectuel

Cheikh Muḥammad Mar‘ī al-Amīn al-Anṭākī poursuivit son activité intellectuelle et religieuse jusqu’à la fin de sa vie. Il resta fidèle à sa quête de vérité et à sa défense de la doctrine des Ahl al-Bayt. Malgré les critiques, les polémiques et parfois même les pressions qu’il subissait, il resta ferme dans ses convictions et persévérant dans son engagement.

Il mourut en laissant derrière lui une riche bibliothèque d’écrits, de débats et d’enseignements, qui continuent d’éclairer ceux qui recherchent la vérité avec sincérité. Ses livres, en particulier celui dans lequel il expose les raisons de son choix doctrinal, demeurent une source de référence précieuse pour les chercheurs, les étudiants et les lecteurs intéressés par le dialogue entre sunnisme et chiisme.

Son legs

L’héritage du Cheikh al-Anṭākī ne se limite pas à ses écrits. Il réside également dans son exemple : celui d’un homme de science qui n’hésita pas à remettre en question ce qu’il avait reçu, qui osa chercher la vérité au prix de sacrifices, et qui demeura attaché à l’unité des musulmans malgré les divergences.

Son parcours illustre le courage intellectuel, la sincérité spirituelle et la fidélité aux principes de recherche et d’argumentation. Il laisse l’image d’un savant qui a choisi la voie qu’il jugeait la plus conforme au Coran, à la Sunna et à la raison.