Abu Bakr n’a pas reçu la sérénité (Sakinah) dans la Grotte

Al-Karajaki rapporte qu’une fois, Cheik Moufid vit un rêve dont il parla ensuite à ses compagnons et disciples. Il déclare : J’ai rêvé que pendant que je traversais une rue, je vis une grande foule qui entourait quelqu’un. Quand je me renseignai, on me répondit que les gens entouraient Oumar b. Al-Khattab, le deuxième Calife. Je m’avançai et quand j’arrivai tout près de lui, je demandai : “ô Cheick, me permettez-vous de vous poser une question ?” Il répondit : “allez-y.” Je lui questionnai alors : “pouvez-vous m’expliquer comment l’excellence de votre ami Abou Bakr est rendue évidente par le verset dans lequel Allah SWT dit : ‘le second des deux, quand ils étaient dans la grotte’. Vos amis exagèrent à ce propos.”

Il me répondit : “Ce verset prouve l’excellence d’Abou Bakr de six manières :

 

Allah SWT parle du Prophète, que la Paix soit sur lui, puis d’Abou Bakr avec lui comme le second des deux ;

 

Allah SWT évoque le fait qu’ils étaient ensemble au même endroit, ce qui prouve une affinité mutuelle ;

 

Allah SWT lui donne en outre le titre de “SAHIB” – compagnon – du Prophète ;

 

Allah SWT montre combien le Prophète était aimable et s’inquiétait pour Abou Bakr quand il lui dit, “ne pleurez pas” ;

 

Quand le Prophète rassura Abou Bakr en affirmant “Allah est avec nous” il voulait dire qu’Il les aidera tous les deux simultanément ;

 

Allah SWT indiqua qu’Il fera descendre AS-SAKINAH (la sérénité) sur Abou Bakr car, en ce qui concerne le Prophète, AS SAKINAH ne s’est jamais séparé de lui.

 

Ce sont là six preuves de l’excellence d’Abou Bakr par rapport au verset mentionné.”

 

Cheick Moufid répondit : “je lui dis qu’il avait effectivement accompli un bel effort de faire sa remarque et n’avait laissé l’opportunité à personne d’autre pour être un meilleur avocat pour son ami. Mais j’allai démolir les arguments, tout comme le vent fort fait souffler les cendres.”

 

Cheick exprima : “Quand vous dites qu’Allah SWT a mentionné le Prophète, que la Paix soit sur lui et sa progéniture et a ensuite cité Abou Bakr comme son second, je ne vois rien d’extraordinaire dans cela. Car si vous y réfléchissez bien, vous constaterez qu’Allah SWT indiquait seulement le nombre de personnes présentes dans la grotte. Elles étaient au nombre de deux ; il pourrait y avoir un Mo’min et un kafir : cela ferait toujours deux.”

 

” Et quand vous évoquez le fait qu’ils étaient ensemble, tous les deux, au même endroit, c’est encore aussi simple que pour le premier cas. Si on considérait un seul et même endroit, il pourrait avoir été occupé également par un Mo’min et un incroyant. La Mosquée du Prophète est sans aucun doute un meilleur endroit que la caverne, pourtant c’était un endroit où se réunissaient les croyants et les hypocrites. L’arche du Prophète Noé a accueilli le Prophète Noé, mais aussi Satan et les animaux. Par conséquent, se trouver ensemble à un endroit n’a rien de vertueux. ”

 

” Et quand vous parlez de la qualité supplémentaire d’être ‘SAHIB’, le compagnon, c’est en effet un point plus faible que les deux premiers parce qu’un croyant et un infidèle peuvent être tous les deux en compagnie l’un de l’autre. Allah, Le Très Haut, a employé le mot ‘SAHIB ‘dans l’Ayah suivant : ‘son “SAHIB” (compagnon) lui dit, tout en conversant avec lui : “Serais-tu mécréant envers Celui qui t’a créé de terre, puis de sperme et enfin t’a façonné en homme ?” (Al-KAHF V. 37). De plus, nous constatons que dans la littérature arabe le mot “SAHIB” est utilisé pour l’âne accompagnateur ainsi que pour l’épée. Donc, si le terme peut être employé entre un Momin et un kafir, entre un homme et son animal, et entre un être vivant et un objet inanimé, alors qu’y a-t-il de si spécial dans le fait qu’il soit utilisé au sujet de votre ami? ”

 

” Et les mots ‘ne vous inquiétez pas’ n’étaient pas des mots de réconfort. Puisque c’était un argument interdisant un acte. En arabe, nous avons les ‘ne faites pas’ et les ‘faites’ en tant que verbes impératifs. Aussi, La peine exprimée par Abou Bakr était un acte d’obéissance ou de désobéissance. S’il s’agissait d’une obéissance, le Prophète (saw) ne l’aurait pas interdite. Par conséquent, c’était forcément un acte de péché et de désobéissance. ”

 

” Quant aux propos tenus en vue de rassurer ‘Allah est avec nous’, le pronom ‘nous’ a été employé par le Prophète (saw) pour se désigner. L’emploi du pronom, la première personne du pluriel pour soi-même est le signe de son statut élevé. Allah dit : ” En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes gardien. ” (Al-Hijr V. 9). Et plus loin : ” Et c’est bien Nous qui donnons la vie et donnons la mort, et c’est Nous qui sommes l’héritier [de tout] ” (Al-Hijr V. 23). Et les Shias ont leur propre version, qui ne semble pas tirée par les cheveux. Ils disent qu’Abou Bakr a indiqué au Prophète (saw) qu’il s’inquiétait pour Ali b. Abi Talib (as) [qui était resté à Makkah], et le Prophète (saw) lui répondit : “ne vous inquiétez pas, Allah est certainement avec nous” voulant dire par là “avec moi et mon frère, Ali b. Abi Talib.” ”

 

” Vos propos selon lesquels as-sakinah (la sérénité) a été envoyée à Abou Bakr sont tout à fait indignes. Puisque le verset spécifie clairement que la sérénité a été accordée à celui qui a été aidé par l’armée invisible. ”

 

L’Ayah indique :

 

“…Allah fit alors descendre sur lui Sa sérénité “Sa Sakina” et le soutint de soldats (Anges) que vous ne voyiez pas” (Al-Tawbah : 40).

 

Ainsi donc, si as-Sakinah était descendu sur Abou Bakr, il aurait reçu le soutien de l’armée invisible. En fait, il aurait été préférable que vous n’ayez pas attribué ceci à Abou Bakr. Car, selon le Saint-Qouran, cette sérénité a été envoyée sur le Prophète (saw) à deux reprises :

 

” Puis, Allah fit descendre Sa quiétude [Sa “sakina”] sur Son Messager et sur les croyants. Il fit descendre des troupes (Anges) que vous ne voyiez pas…” (Al Taubah : V.26).

 

” Puis Allah fit descendre Sa quiétude sur Son Messager ainsi que sur les croyants, et les obligea à une parole de piété ” (Al-Fath : V. 26).

 

Dans les deux circonstances, les croyants ont partagé la sérénité avec le Prophète (saw), mais lors de l’événement de la grotte, la sérénité a été envoyée au Prophète (saw) uniquement, excluant Abou Bakr. Ceci peut être un témoin du fait qu’Abou Bakr ne figurait pas parmi les croyants.”

 

Cheik Moufid dit qu’Oumar ne donna aucune réponse à ses arguments, et pendant que les gens autour de lui se dispersaient, il se réveilla de son sommeil.