Ghadîr Khum : La question de la Succession du Prophète (Ç)

Après la conquête de La Mecque, en l’an 8 de l’Hégire, toute la péninsule Arabique était passée sous le contrôle de l’Islam. La Mecque renfermait la Sainte Ka’bah, la Maison d’Allah. La ville de Tâ’if aussi fut conquise après La Mecque.

Au cours de l’an 10 de l’Hégire, le Saint Prophète (Ç) se rendit à La Mecque pour accomplir le Hajj. Ce fut son dernier Pèlerinage. Lors du voyage de retour, il fit halte à un endroit appelé Ghadîr Khum, et devant cent vingt mille pèlerins venus de tous les coins de la péninsule, il prit la main de l’Imam ‘Alî (S) et, la levant haut, il déclara que ‘Alî était son Suppléant et son Successeur. Par cet acte, la question même de la Succession du Prophète (Ç) était réglée une fois pour toutes, puisqu’il venait de désigner -sur Ordre d’Allah- la personne qui aurait autorité sur toutes les affaires des Musulmans ainsi que sur la sauvegarde du système islamique. En d’autres termes, le contenu du Verset coranique suivant fut totalement mis à exécution :

«O Prophète ! Fais connaître aux gens ce qui t’a été révélé par ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu n’auras pas accompli la Mission de la Prophétie.» (Sourate al-Mâ’idah, 5 : 67)

Peu après son retour à Médine, le Saint Prophète (Ç) rendit l’âme, en l’an 11 de l’Hégire.

Le renforcement de l’Islam à Médine

Le Message du Prophète de l’Islam (Ç) eut un tel écho à Médine qu’il exerça une influence sur toute maison, tout quartier et toute localité. Les gens vinrent en masse au sein de l’Islam. Les tribus résidant à La Mecque, à Médine et dans les différentes autres parties de la péninsule Arabique embrassèrent finalement l’Islam, et toute la péninsule Arabique finit par passer sous le contrôle de l’Islam.

Durant les dix années de son séjour à Médine, le Prophète (Ç) était tout le temps occupé à s’acquitter de ses obligations et charges, et il n’eut aucun moment de repos. Il communiquait aux gens tout Enseignement et toute Instruction qu’il recevait par voie de Révélation Divine. Il enseignait aux gens, et s’évertuait à résoudre leurs problèmes. En outre, il discutait et participait à des débats avec les membres du clergé d’autres religions, notamment avec les Juifs. Mais ce n’est pas tout. Il se chargeait aussi des affaires de l’Etat. Malgré toutes ces charges, déjà très lourdes, il consacrait la majeure partie de son temps à l’adoration d’Allah. Il observait souvent le Jeûne. D’une part, il jeûnait pendant trois mois consécutifs, Rajab, Cha’bân et Ramadhân, auxquels s’ajoutaient trente autres jours de Jeûne, qu’il accomplissait en diverses occasions pendant le reste de l’année. Parfois, et cela lui était particulier, il accomplissait un Jeûne spécial, dit “Çawm-ul-wiçâl” (Jeûne de communion avec Allah). Ce Jeûne avait la particularité de se poursuivre pendant plusieurs jours et nuits consécutifs.

Il consacrait aussi beaucoup de temps aux tâches domestiques, et il travaillait pour gagner sa vie. Allah dit, dans le Saint Coran :

«Les infidèles ont voulu éteindre de leurs bouches la Lumière Divine, mais Allah a maintenu Sa Lumière, même si les infidèles la détestent. C’est Lui Qui a envoyé Son Messager avec la Guidance et la Religion vraie, afin de placer celle-ci au-dessus de toutes les religions, même si les infidèles la détestent.» (Sourate al-Çaf, 61 : 8-9)

Evidemment, cette Promesse Divine se réalisa du vivant du Prophète, et même après sa disparition. Elle est réalisée pratiquement même de nos jours, puisque plus de neuf cent millions de Musulmans habitent partout dans le monde.

En un autre endroit du Coran, Allah dit :

«Vous avez été élevés comme la meilleure communauté du monde. Vous conduisez les gens à accomplir de bonnes actions, et vous leur interdisez de faire le mal, et vous croyez en Allah.» (Sourate Âl ‘Imrân, 3 : 110)

La personnalité du Prophète (Ç)

Les faits historiques indiquent que le Prophète (Ç) grandit dans une société complètement dépouillée de toute conduite morale. Les intrigues, l’ignorance, et les pratiques immorales en constituaient le trait dominant. Toutefois, bien que le Saint Prophète (Ç) ait passé son enfance et sa jeunesse dans ce même milieu, il ne s’inclina jamais devant une idole, ni ne commit jamais aucun acte qui soit contraire à la nature humaine. Et bien qu’il ait vécu parmi les gens de ce milieu, personne ne put prédire l’avenir mémorable et extraordinaire qu’il connaîtrait. Mais comment aurait-on pu prévoir un tel avenir pour un pauvre orphelin à qui personne n’avait même appris à lire et à écrire ?

Le Prophète (Ç) avait continué à mener sa vie d’une façon simple, jusqu’à une nuit où, alors qu’il était occupé à adorer Allah avec un cœur tranquille et un esprit calme, sa personnalité connut un changement complet. En fait, sa personnalité sereine, avec les qualités innées qui la caractérisaient, se transforma en une personnalité céleste. Il se mit à réfléchir à l’absurdité et à la bêtise de pensées et de croyances ridicules qui prévalaient dans le monde depuis des milliers d’années. A la lumière de sa pensée claire et de sa vision impeccable, il réalisa que la façon, les moyens et les lois par lesquels le monde était gouverné débordaient d’injustice. Après avoir conçu l’avenir à la lumière des événements passés, il identifia le Chemin qui conduirait à la prospérité de l’humanité toute entière. Ses yeux et ses oreilles ne percevaient plus les choses comme avant, car il ne voyait plus que la Vérité, et il n’entendait plus que la Vérité. Sa langue devint l’intermédiaire des Révélations, des Enseignements et de la Guidance Divins.

Sa nature innée, qui avait été jusqu’alors seulement préoccupée par la réforme des affaires quotidiennes et courantes des gens, s’envola à présent vers un nouvel horizon, pour réparer le mal qui avait été perpétré contre l’humanité depuis des milliers d’années. Ainsi, il prit tout seul fait et cause, avec une détermination inébranlable, pour la renaissance de la suprématie de la Vérité, de la Justice, de la Droiture, sans se soucier le moins du monde de la formidable opposition de ses adversaires et de tous les obstacles qu’ils allaient dresser sur son chemin.

Désormais, il ne parlait que de la Sagesse Divine, et il s’appliquait à interpréter tous les événements de la vie du point de vue du monothéisme. Il fit une élaboration lucide de la haute morale de la vie humaine et des relations mutuelles saines qui doivent exister entre les hommes. Il en devint l’exemple et le modèle vivant. Lorsqu’il disait quelque chose, il le pensait sérieusement, et lorsqu’il appelait les gens à faire quelque chose, il était lui-même le premier à l’appliquer.

Les Codes et Commandements de la Religion que le Prophète (Ç) introduisit ont pour base le Principe fondamental de l’adoration d’Allah. Les Codes et Commandements qu’il apporta consistaient en une série d’actes d’adoration qui mettent en évidence, d’une façon élégante, la Grandeur d’Allah. D’autres Lois, juridiques et pénales, très harmonieuses et parfaitement complémentaires, qu’il mit au service de l’humanité, et qui sont fondées sur le monothéisme, avaient pour but le respect des hautes valeurs humaines.

Toutes ces Lois -qu’elles soient celles relatives à l’adoration d’Allah ou celles qui ont trait aux autres affaires individuelles et sociales- qu’il fit découvrir à l’humanité, sont si universelles et si riches en contenu, qu’elles couvrent l’ensemble des activités humaines, individuelles et sociales, et apportent des solutions à tous les problèmes de la vie.

Le Prophète (Ç) considérait les Enseignements islamiques comme étant Divins et éternels. Il croyait que l’Islam satisfait tous les besoins matériels et spirituels de l’humanité dans toute société humaine et à toutes les époques à venir, et c’est avec cette croyance qu’il appelait les gens à embrasser l’Islam pour leur propre bien. Il rappelait sans cesse aux gens : «La Religion que je vous ai apportée vous assure le mieux-être dans ce monde et dans l’Au-delà.»

Il n’y a pas de doute qu’il ne répétait pas ces propos sans raison, car il était arrivé à cette conclusion après avoir étudié en profondeur la complexité de l’univers et prévu l’état des choses auquel aboutirait l’avenir de l’humanité. En d’autres termes, il avait découvert en premier lieu la concordance parfaite entre les Lois islamiques et les tendances spirituelles et matérielles de l’homme, et après avoir, ensuite, scruté les événements révolutionnaires futurs, il proclama que l’Islam est éternel.

Les prédictions qu’il fit, et qui nous sont parvenues de sources sûres et authentiques, relatent avec détails les événements qui allaient intervenir après sa disparition et pendant une très longue période.

Le Prophète (Ç) accomplit sa Mission grandiose en vingt-trois ans. Pendant les treize premières années de sa Mission, il dut faire face aux traitements cruels que lui réservèrent les infidèles mecquois, et les dix autres années , il les consacra à la lutte contre les ennemis extérieurs et les éléments perturbateurs intérieurs, tels que les hypocrites, ainsi qu’à la réforme des croyances et des mœurs des Musulmans, sans parler de tant d’autres difficultés qu’il rencontrait quotidiennement ou périodiquement. Il parcourut cette route pénible en soutenant la Vérité avec une Foi ferme, et en étant résolu à la maintenir vivante. Son point de vue n’admettait que la Vérité, et toute chose, si bénéfique pût-elle être pour lui ou si conforme fût-elle aux aspirations des gens, mais qui ne correspondait pas à la Vérité, ne recevait pas son approbation. Il acceptait sans hésitation aucune tout ce qui était juste, et rejetait sans états d’âme tout ce qui s’avérait injuste.

Si l’on examine sans préjugés tout ce qui a été montré jusqu’ici, on ne saurait entretenir le moindre doute sur le caractère miraculeux de la réalisation d’un tel personnage qui était né sous cet état ténébreux des choses. Certainement, tout ceci ne fut possible que par la Volonté d’Allah. C’est pourquoi Allah rappelle à maintes reprises dans le Saint Coran que le Prophète était un orphelin et un “illettré” (ne sachant ni lire ni écrire), et mentionne tous les obstacles qui s’étaient dressés devant lui pendant la première période de sa vie. La sorte de personnalité dont Allah Tout-Puissant avait doté le Prophète Muhammad est décrite par Lui comme étant un Don Divin et une preuve positive de la véracité de sa Mission :

«Ne t-a-Il pas trouvé orphelin, lorsqu’Il t’a donné un refuge ? Ne t’a-t-Il pas trouvé errant, lorsqu’Il t’a guidé ? Et ne t’a-t-Il pas trouvé dans le besoin, lorsqu’Il t’a rendu à l’abri de tout besoin ?..» (Sourate al-Dhohâ, 93 : 6-8)

«Tu ne savais ni lire ni écrire avant que le Coran te fût révélé, autrement les adeptes du faux auraient essayé de susciter la confusion.» (Sourate al-‘Ankabût, 29 : 48)

«Si vous êtes dans le doute au sujet de ce que Nous avons révélé à Notre serviteur, apportez-Nous une sourate comparable à ceci.» (Sourate al-Baqarah, 2 : 23)

La conduite du Prophète (Ç)

La seule base sur laquelle le Prophète (Ç) avait fondé la structure de sa Religion, et qui soit le seul moyen d’obtenir le Salut de l’humanité, est le monothéisme -la Croyance en l’Unicité d’Allah.

Selon cette Croyance, Seul Allah, Le Créateur de l’univers, doit être adoré et obéi, et il ne faut se soumettre à personne excepté Allah.

Ainsi, l’attitude de la société humaine doit être fondée sur les principes de l’égalité et de la fraternité, et nous devons avoir une Foi parfaite en la Souveraineté Parfaite d’Allah, Lequel dit dans le Saint Coran :

«O Prophète ! Dis aux adeptes de la Bible : “Nous devons arriver à une parole commune entre nous et vous : nous n’adorons qu’Allah, Le Seigneur, nous ne Lui associons rien, nous ne considérons aucun d’entre nous comme étant notre seigneur en dehors d’Allah.”» (Sourate Âl ‘Imrân, 3 : 64)

Le Prophète Muhammad (Ç) n’avait pas d’autre motivation que celle de la propagation du monothéisme. Il prêchait l’Islam à travers des discussions paisibles et calmes avec les gens. Il invitait les gens à embrasser l’Islam avec des raisonnements clairs et irréfutables. Il encourageait aussi ses adeptes à suivre son mode de vie et sa conduite lorsqu’il prêchait l’Islam. Allah dit à ce propos, dans le Verset coranique suivant :

«O Prophète ! Dis : “Voici mon Chemin ! Et tous mes adeptes avec moi vous appellent à Allah, en toute clairvoyance.”» (Sourate Yûsuf, 12 : 108)

Le Prophète (Ç) s’appliquait à traiter tout le monde d’une façon égale, et considérait tous les hommes comme des frères les uns des autres. Il appliquait les Lois et les peines prescrites par Allah à tout le monde, sans discrimination ni exception : le pauvre comme le riche, le noir comme le blanc, l’homme comme la femme, et fort comme le faible, étaient traités à égalité. Chacun recevait ce qu’il méritait conformément aux Lois et aux obligations religieuses, et sans aucune faveur ni aucun parti pris. Il disait souvent à ce propos : «Si Fâtimah, ma fille que j’aime plus que n’importe quel être au monde, venait un jour à voler, je lui appliquerais la peine prescrite.»

Personne n’avait le privilège de domination ou de contrainte sur les autres. Tout le monde jouissait d’un maximum de liberté, dans les limites de la Loi, et à l’exception de celle de violer la Loi elle-même -ce qui est normal puisque, partout, la violation de la loi est inadmissible ; que dire alors de la violation de la Loi islamique.

C’est à cette liberté et à cette justice qu’Allah se réfère lorsqu’Il présente dans les termes suivants le Prophète Muhammad (Ç) :

«Il y a ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré, que ces gens-là trouvent mentionné chez eux dans la Torah et l’Injîl, et qui leur enjoint de faire le bien, leur interdit de faire le mal, rend licite pour eux ce qui est pur, et illicite ce qui est immonde, et qui enlève les liens et les carcans qui pèsent sur eux. Ceux qui croient en lui, qui le soutiennent, le secourent et suivent la Lumière descendue sur lui auront une Félicité éternelle. [O Muhammad !] Dis-leur : “O vous les gens ! Je suis envoyé vers vous tous comme le Prophète d’Allah, Celui à Qui appartiennent les cieux et la terre. Il n’y a de dieu que Lui. Il fait vivre et mourir. Croyez en Allah et en Son Messager, le Prophète analphabète qui croit en Allah et en Ses Paroles. Suivez-le afin d’être peut-être bien dirigés.”» (Sourate al-A’râf, 7 : 157-158)

C’est pour cela que le Prophète (Ç) ne s’était accordé aucun privilège personnel. Quelqu’un qui ne le connaissait pas ne pouvait pas le distinguer du commun des mortels. Il participait aux travaux du ménage, à la maison. Il recevait lui-même ses visiteurs, et subvenait volontiers aux besoins d’autrui. Il ne s’asseyait pas sur un trône, ni à une place distinctive. Partout où il allait, il ne se faisait pas escorter ni entourer de gardes du corps. Ces déplacements n’exigeaient ni cortège ni protocole. Tout ce qu’il recevait pour lui-même, il en distribuait la plus grande partie aux nécessiteux. Mieux, de temps en temps, quand l’occasion se présentait, il renonçait même à ses repas au profit de ceux qui manquaient cruellement de nourriture. Il menait toujours la vie d’un homme pauvre, passait la plus grande partie de son temps parmi les pauvres, et il était très scrupuleux lorsqu’il s’agissait de donner aux gens leur dû et leurs droits.

Le jour où La Mecque fut conquise par les Musulmans, les chefs de la tribu de Qoraych furent amenés devant le Prophète (Ç). Bien que ceux-ci aient persécuté les Musulmans avant leur émigration à Médine, et qu’ils aient continué à les opprimer même après, il n’entreprit aucune action de représailles contre eux. Bien au contraire, il leur accorda une amnistie générale.

Aussi bien ses amis que ses adversaires reconnaissaient les nobles qualités du Prophète (Ç). Il était l’unique symbole des bonnes manières, du caractère doux, de la tolérance et de l’hospitalité. Le Saint Coran fait l’éloge de ses nobles qualités dans les termes suivants :

«Tu as atteint la suprême conduite morale.» (Sourate al-Qalam, 68 : 4)

Lorsqu’il rencontrait des gens, qu’il s’agisse d’hommes, de femmes, d’enfants ou de captifs, il prenait lui-même l’initiative de les saluer le premier.

Une fois, lorsqu’un Compagnon lui demanda la permission de se prosterner devant lui, il dit : «C’est un non-sens, ce que tu me demandes là ! Ma Voie n’a rien à voir avec celle de César ou de Cyrus. Ma dignité réside dans le fait que je suis un humble serviteur d’Allah, et Son Messager.»

Depuis le jour où le Prophète (Ç) reçut l’Ordre de prêcher la Religion Divine et de guider les gens vers Allah, il ne connut jamais le repos ; bien au contraire, il continua à déployer des efforts inlassables en vue d’accomplir les objectifs de sa Mission. Les treize années qu’il passa à La Mecque avant son Emigration à Médine constituèrent une période de grandes épreuves, étant donné que les infidèles lui firent souffrir le martyre tout au long de cette période. Mais, malgré ces épreuves douloureuses, il s’appliqua à adorer Allah et à méditer sur sa Mission.

Même au cours des dix années qui suivirent son Emigration, le Prophète dut faire face aux menées subversives des ennemis de la Religion, ainsi que celles des Juifs traîtres et des prosélytes hypocrites, qui violaient les accords et foulaient aux pieds leurs engagements.

Malgré ces conditions défavorables, il ne manqua pas de communiquer aux gens les Principes et les Enseignements de l’Islam, qui sont d’une nature étonnamment universelle, et d’affronter les ennemis de l’Islam dans plus de quatre-vingts batailles.

Et bien que l’administration de la justice et des affaires de l’Etat islamique -qui couvrait toute la péninsule Arabique- ait été sous sa seule responsabilité, il s’occupait également personnellement des plaintes des gens sans aucun intermédiaire, et il réparait les préjudices qu’ils pouvaient avoir subis.

Quant à la conduite chevaleresque et au courage du Prophète (Ç), il suffit de rappeler ici qu’il avait commencé sa campagne de propagation de l’Islam tout seul, en dépit de l’opposition brutale d’une société hostile et cruelle, et que malgré le traitement extrêmement pénible que les infidèles lui avaient réservé, il resta ferme dans ses intentions et démarches. Mieux, il ne battit en retraite dans aucune bataille, et sortit victorieux de tous les combats qu’il livra à l’ennemi.

Le Prophète (Ç) était toujours proprement et correctement habillé. Il déclara que la propreté est le centre de la Foi. Ses vêtements et son corps étaient toujours non seulement propres, mais aussi purs. Il parlait aux gens avec magnanimité. Lorsqu’il sortait, il mettait ses meilleurs vêtements. Il se parfumait toujours. Il ne montra jamais aucun signe de changement dans son mode de vie. Il fut toujours modéré et courtois dans sa conduite. Bien qu’il fût un homme de grande envergure, il ne fit jamais rien qui pût équivaloir à une démonstration de supériorité.

De toute sa vie, il ne se montra jamais hostile envers quiconque, ni ne fit jamais de remarques désagréables ou moqueuses à personne. Il ne riait jamais aux éclats, ni ne faisait quoi que ce soit qui fût susceptible de rabaisser sa dignité. Il passait de longues heures en méditation. Il écoutait les gens chagrinés avec une attention soutenue. Il prêtait également l’oreille aux objections soulevées par ses critiques, et il y répondait. Il ne coupait jamais la parole à quelqu’un. Il n’entravait jamais la liberté de pensée de quiconque, mais relevait les erreurs des gens pour les aider à les corriger.

Le Prophète (Ç) avait un cœur très tendre. Il se sentait très touché lorsqu’il voyait un homme souffrir, mais il n’hésitait cependant pas à punir les malfaiteurs. Sur Ordre d’Allah, il ne faisait jamais de discrimination entre un homme et un autre.

Une fois, quelqu’un vola un objet appartenant à un Ançârî (Partisan). Il y avait deux suspects, un Musulman et un Juif. Certains, parmi les Ançâr, suggérèrent au Prophète (Ç) de sévir contre le Juif, afin que l’honneur des Musulmans en général, et des Ançâr en particulier, soit sauf, parce que les Juifs étaient opposés aux Musulmans. Toutefois, le Prophète (Ç), après être arrivé à une conclusion contraire au désir de ces Ançâr, libéra le Juif et prononça une peine contre l’accusé musulman.

Lors de la bataille de Badr, alors que le Prophète (Ç) s’appliquait à mettre son armée en ordre de bataille, il remarqua qu’un soldat sortait des rangs. Il appuya légèrement son bâton sur le ventre de ce soldat pour le faire reculer et rentrer dans le rang. Ce soldat dit : «O Saint Prophète ! Je jure que tu m’as fait mal au ventre, et je dois obtenir justice de toi !» Le Prophète (Ç) tendit son bâton au soldat et, écartant son vêtement et dénudant son ventre, il lui dit : «Venge-toi !» Le soldat embrassa le ventre du Prophète (Ç) et lui dit : «Je sais que je serai tué aujourd’hui, et j’ai voulu seulement toucher ton saint corps.» Après quoi, il chargea l’ennemi et se battit jusqu’au Martyre.

Le Prophète (Ç) protégeait toujours les faibles et les opprimés et demandait à ses Compagnons de lui faire connaître sans aucune négligence les pauvres et les nécessiteux, ainsi que leurs besoins et leurs problèmes. On rapporte que, pendant les derniers jours de sa vie, il recommandait aux gens deux choses : l’une concernait les captifs, l’autre les femmes. Après quoi il rendit le dernier soupir.

Le testament du Prophète (Ç)

De même que les différentes parties qui constituent l’univers sont en constante mutation, de même la nature humaine est sujette à changement. Les variations que l’on remarque souvent chez l’homme se manifestent en fait sous forme de différentes dispositions, tels que le mauvais caractère ou le tempérament doux, le mode individuel de pensée, le sens de l’auto-défense, la tolérance, la négligence, etc.

En conséquence, si les croyances, les coutumes, les règlements et les règles de toute société ne reposent pas sur un fondement solide, et qu’ils ne sont pas contrôlés par des hommes honnêtes et dignes de foi, ils seront sujets à des altérations et des déformations et finiront par mourir. Ce fait ne peut être établi que par une étude et une observation analytiques. C’est pourquoi, pour prévenir un tel risque, le Prophète, voulant assurer la permanence de sa Religion Divine et éternelle, présenta aux Musulmans un document inaltérable et des gardiens compétents et à l’abri de l’erreur et de la déviation. Il leur laissa deux legs, le Livre d’Allah et sa progéniture, les Ahl-ul-Bayt (les Gens de la Maison) (S). Ce testament a été confirmé et cité par les Savants de toutes les écoles juridiques musulmanes (math-hab). En effet, il est de notoriété publique que le Prophète dit à plusieurs reprises à l’adresse des Musulmans : «Je vous quitte en vous confiant deux choses précieuses et très sacrées : l’une est le Livre d’Allah, et l’autre est Ahl-u-Baytî [les gens de ma Maison].»