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Le do’â’ (la Prière de demande) est un dialogue entre Allah et le serviteur, mais c’est un dialogue unilatéral, ou appelons-le monologue, étant donné que le dialogue, comme on le sait, implique deux interlocuteurs dont l’un s’adresse à l’autre, et l’autre lui répond, ou bien il peut se contenter d’écouter. Le do’â’ fait donc partie de ce dernier genre de dialogue unilatéral dans lequel un interlocuteur – en l’occurrence le serviteur – parle et l’autre (Allah) écoute, ou inversement comme dans l’écoute de la lecture du Coran où c’est Allah Qui parle et le serviteur écoute. Ce qui importe de savoir ici est que lorsque nous récitons un do’â’ il faut que nous soyons conscients que nous adressons la parole contenue dans ce do’â’ à Allah. Il importe encore plus donc de savoir quels sont les éléments constitutifs de ce genre de parole, quels sont ses piliers et quelles seront ses conséquences.

Sans doute la première question qui saute à l’esprit du lecteur est que si la récitation de do’â’ comporte un dialogue unilatéral et la présence d’un interlocuteur, celui qui récite (ou parle) devrait s’attendre à ce que son interlocuteur lui réponde ou que sa parole soit entendue et écoutée. Comment ce rapport se traduit-il donc dans notre dialogue unilatéral avec Allah ?

 

Parler à Allah comporte plusieurs données qui dépassent ce à quoi nous sommes habitués dans notre vie terrestre. La réponse d’Allah à notre parole ne vient évidemment pas sous forme de parole, mais par la satisfaction de notre souhait exprimé dans le do’â’. Il se peut d’ailleurs qu’il n’y ait même pas de réponse, pour des raisons que nous expliquerons plus loin. Cependant, le simple fait de savoir que nous sommes en train de nous adresser (par le do’â’) au Créateur et qu’Il est en train de nous écouter suffit à lui seul à nous remplir de sentiment de fierté, d’honneur et de dignité. Pour nous en convaincre, imaginons-nous un instant en train de nous adresser à une haute personnalité, un chef d’?tat, un ministre etc. et que celui-ci nous écoute de toutes ses oreilles! Qui pourrait ne pas s’enorgueillir ?! Que dire alors, lorsqu’il s’agit du Maître absolu de l’Univers !

 

D’un autre côté, on sait que l’homme de par sa nature et quels que soient son milieu et sa structure, ne peut vivre isolé et a souvent besoin d’interlocuteurs avec lesquels il dialogue ou qui dialogue avec lui. Donc, lorsqu’il arrive que pour une raison ou une autre de tels interlocuteurs ne soient pas disponibles ou se font rares, il ressent la solitude, le dépaysement, le stress et l’angoisse. Là, le dialogue à travers le Ghayb (avec Allah) revêt une importance capitale, quand bien même il n’est pas garanti que l’interlocuteur réponde à notre adresse. Ce qui importe, c’est que nous avons toujours besoin de nous adresser à quelqu’un. D’abord parce que notre structure psychologique et psychique le requiert, ensuite parce que nous avons souvent besoin que l’on nous écoute, et enfin parce que nous avons besoin de quelqu’un de susceptible de réaliser pour nous nos différents besoins et aspirations. Et si des obstacles se dressent, nous empêchant de trouver des interlocuteurs de notre genre, il ne nous reste qu’Allah pour nous adresser à Lui, et c’est bien évidemment à travers le do’â’.

 

Nous avons dit que le do’â’ répond entre-autres, à un besoin humain, le besoin de s’exprimer et de dialoguer avec autrui. (Nous avons dit que le do’â’ est un dialogue unilatéral entre le serviteur et Allah. Ou en d’autres termes, c’est une parole que le serviteur adresse à Allah et qui constitue l’écho d’un besoin inséparable de l’homme, en l’occurrence le besoin d’un interlocuteur qui lui parle et à qui il parle. Or, il n’est de meilleur interlocuteur dans ce domaine qu’Allah). Mais le do’â’ remplit en fait une fonction beaucoup plus importante et correspond à un besoin bien plus crucial, dont découlent tous les besoins humains. Quel est donc ce besoin et quel est son lien avec le do’â’ ?

 

Nous avons tous une tendance naturelle, à la recherche du plaisir et à l’évitement de la douleur. En tenant compte de cette vérité universelle et évidente, nous comprenons l’importance du do’â’ et de ses conséquences. Bien évidemment lorsque nous recherchons un plaisir d’une part et tentons d’éviter la douleur, cela signifie que nous faisons une tentative, qui pourrait réussir ou échouer, et que par conséquent nous pouvons aussi bien réaliser que manquer notre but. En fait, il va de soi que nous ne pourrons jamais atteindre tous nos objectifs et satisfaire tous nos besoins, étant donné qu’Allah nous a créés dans le but de nous soumettre à l’épreuve, et que la matière de celle-ci est plutôt la “privation” ou “l’échec” que la “satisfaction”. Mais cela ne signifie pas que l’on doive cesser de rechercher la satisfaction des besoins, car notre nature nous incite toujours à satisfaire nos besoins légaux – il y a évidemment des besoins illégaux et d’autres irréalisables, comme on le sait. En tout état de cause, ce que nous voulons indiquer ici est que puisque l’homme tend de par sa nature innée à réaliser ses besoins légaux, et qu’il arrive que cette réalisation ne soit pas à sa portée, il recherche forcément quelqu’un qui possède les moyens de lui satisfaire ces besoins. Or, personne d’autre qu’Allah n’est capable de les réaliser d’une façon absolue. De là l’importance incomparable du do’â’.

 

Avant de poursuivre le développement de la question du besoin et de son rapport avec le do’â’, nous nous devons d’attirer l’attention du lecteur sur un fait évident mais important, à savoir que les besoins de l’homme ne se limitent pas à ce qui est personnel, impérieux, pressant et terrestre pour que l’on pense que le do’â’ a pour but la satisfaction de ces seuls besoins. Les besoins de l’homme dépassent ces besoins terre à terre et se transcendent pour couvrir ce qui est plus sublime et qui se rapporte au degré de piété du serviteur, à sa conscience de la vérité d’Allah, à sa compréhension de la fonction de l’homme dans la vie d’ici-bas. Ainsi, l’importance du do’â’ augmente au prorata de l’augmentation de la conscience de l’homme de sa relation avec Allah, au point que le besoin de dialoguer avec Allah estompe et efface tous les autres besoins courants et terre à terre du serviteur dévoué et devient le seul but du croyant pieux.

 

Il s’agit maintenant de savoir comment le serviteur entame ce dialogue avec le Créateur, ou plus précisément de quelle façon il doit prier ou accomplir le do’â’ ? Quelles sont les formules du do’â’ et quelle est sa doublure intérieure ?

 

Sachant que le do’â’ est un moyen d’exprimer les besoins de l’homme dans toutes leurs diversités, comment le serviteur doit-il traiter avec Allah sur le plan de l’expression et du cur ? Ou plus exactement :

 

1- Doit-on réciter le do’â’ sous forme de parole audible ?

 

2- Peut-on se contenter de le chuchoter ?

 

3- Suffit-il de se présenter à l’esprit les mots du do’â’ sans les prononcer

 

D’autres questions se posent également sur d’autres aspects du do’â’, à savoir :

 

a- Le do’â’ se limite-il aux textes mentionnés dans le Coran et dans le Hadith des 14 Infaillibles (P) ?

 

b- Le do’â’ consiste-t-il uniquement à prier Allah de satisfaire l’un de nos besoins ?

 

c- Ou bien consiste-il en de simples formules de louanges et de glorification d’Allah sans que cela soit suivi de la formulation d’une demande de satisfaction d’un besoin?

 

d- Auquel cas, les différentes sortes de thikr(1) font-elles partie du do’â’ ?

 

Lorsqu’on sait combien l’Islam a insisté sur l’importance du do’â’, on comprend que de telles interrogations soient très utiles pour mieux accomplir cet acte de piété.

 

Pour répondre à la première question, on peut dire qu’en principe le do’â’ doit être récité sous forme de parole prononcée, car il a été formulé (par la Législation islamique) de cette façon. Dès lors la lecture du do’â’ ne diffère pas de la lecture du Coran dans la prière ou en général. En outre, comme on le sait, lorsqu’on s’adresse à un interlocuteur pour lui demander quelque chose on doit prononcer une parole qui exprime cette demande. Or, le do’â’ (prière de demande) implique une demande, laquelle devrait donc être forcément prononcée. On pourrait objecter ici, que la demande présentée aux êtres humains doit être prononcée pour qu’ils connaissent sa teneur, mais Allah, qui connaît tout ce qui se passe dans nos curs et nos esprits n’a pas besoin d’entendre notre parole pour comprendre notre doléance.

 

Cette objection est légitime et plausible, mais nous sommes en principe tenus d’observer les préceptes de la Charia ici comme ailleurs. Or les textes de la Charia nous demandent de réciter le do’â’. Bien plus, certains textes légaux exigent même une lecture ou prononciation correcte, et invalident l’effet de tout do’â’ lu avec accent. Il est même des textes qui vont bien plus loin, en fixant des règles pour la tonalité de la lecture. Ainsi, selon le Hadith, un Imam ayant entendu quelqu’un réciter un do’â’ à très haute voix, lui demanda de baisser le ton en lui disant qu’Allah entend sa voix. D’autre part, il y a d’autres textes qui interdisent que l’on change ou modifie les vocables du do’â’.

 

Tout ceci indique que la lecture serait indissociable du do’â’. Mais d’aucuns objectent là encore que certains récits hagiographiques laissent entendre qu’il est possible d’accomplir le do’â’ sans le prononcer. Ainsi, lorsque l’Archange Jibrâ’îl (Gabriel) avait demandé au Prophète Ibrâhîm (Abraham), alors qu’il était jeté dans le feu, de lui formuler sa demande à Allah, il lui répondit qu’Allah connaissait mieux que quiconque ce dont il avait besoin.

 

à ceci nous répondons que l’exigence de la lecture dans le do’â’ signifie moins l’exclusion de toutes autres possibilités, et plus que la règle générale est la lecture, surtout dans le cas des do’â’ formulés par les Textes légaux (les do’â’ contenus dans le Coran ou composés par les 14 Infaillibles (P), le Prophète, Fâtimah et les 12 Imams d’Ahl-ul-Bayt), règle qui laisse beaucoup de place aux exceptions dont nous vous parlerons ultérieurement, notamment dans le cas des do’â’ que nous formulons nous-mêmes, ou bien dans le cas de la simple présentation de nos besoins dans l’esprit sans les prononcer. Par ailleurs, il suffit que le serviteur ait la conviction sincère qu’Allah connaît ses besoins, pour qu’Il les réalise, quand bien même il ne se les représente pas dans l’esprit.

 

Nous avons laissé entendre qu’il y a deux sortes de do’â’, le “Do’â’ légal” et le “Do’â’ humain”. Il s’agit de savoir maintenant quelle est la différence entre les deux et pourquoi cette différence ?

Lisez-le ici:

Les Secrets du Do’ de l’auteure Abbas Ahmad al-Bostani