Qui est vraiment chiite selon les Imams

Lorsque les Successeurs Légitimes du Saint Prophète furent privés de leur droit de diriger l’Etat islamique, ils se dévouèrent à l’éducation des Musulmans et à leur Guidance dans le Droit Chemin, comme Allah le leur avait demandé.

Ils éduquèrent ainsi tous ceux qui les suivaient sincèrement. Ils leur enseignèrent les Préceptes religieux, leur inculquèrent la Piété, et leur montrèrent le Chemin du Salut.

Mais les Saints Imams ne considéraient pas n’importe qui comme un de leurs Chiites (adeptes). A leurs yeux, un vrai Chiite était celui qui obéissait strictement aux Commandements d’Allah, qui résistait à ses bas désirs, et qui suivait ce qu’ils lui avaient enseigné. Ils ne considéraient pas que l’amour et l’affection d’un Musulman à leur égard était un motif suffisant pour qu’ils intercèdent en sa faveur, s’il succombait aux tentations illicites. Ils considéraient qu’un Musulman méritait leur intercession en vue de son Salut, si son amour et son affection pour eux étaient accompagnés d’une bonne conduite, de véracité, de piété, d’honnêteté, et de crainte révérencielle.

Khothaymah raconte qu’alors qu’il voulait faire ses adieux à l’Imam al-Bâqer, celui-ci lui dit:

«O Khothaymah! Informe nos amis que c’est par leurs bonnes actions seulement que nous serons un secours pour eux devant Allah, pour leur Salut, et qu’ils ne pourront avoir droit à nos bons voeux et à notre affection que par leur piété et leurs vertus. Le Jour du Jugement, celui qui préconise la Justice aux autres, mais sans l’appliquer lui-même, sera le plus affligé des gens».(206)

Ils exigent de leurs adeptes qu’ils soient à la tête de ceux qui appellent à Allah, au Bon Droit, au Bien et à la bonne conduite. Ils veulent que cet Appel soit exprimé plus par l’action que par la parole. Aussi, l’Imam al-Çâdeq dit-il à l’adresse de ses adeptes: «Appelez les gens au bien, non seulement par votre langue, mais par vos efforts sincères en vue du bien, par votre véracité et par votre piété»(207).

Nous reproduisons, ci-après, quelques extraits de conversations entre les Saints Imams et leurs adeptes, afin que le lecteur puisse rendre compte combien les Successeurs Légitimes du Saint Prophète étaient soucieux de dispenser aux gens une éducation morale islamique à toute épreuve.

1- Conversation de l’Imam al-Bâqer avec Jâber Jo`fî:

«O Jâber! Suffit-il que quelqu’un dise avoir de l’affection et de l’amour pour les Ahl-ul-Bayt (pour le considérer comme Chiite)? Non! Je jure que notre Véritable adepte est celui qui se montre pieux et qui obéit aux Commandements d’Allah. On doit reconnaître nos Chiites uniquement à leurs vertus. Ils doivent être humbles et modestes, véridiques et honnêtes. Il doivent évoquer Allah profondément. Ils doivent accomplir le Jeûne et les prières avec dévouement. Ils doivent traiter leurs parents respectueusement, et se montrer aimables avec les pauvres et les nécessiteux, les voisins, les débiteurs et les orphelins. Ils doivent réciter souvent le Saint Coran. Ils doivent dire du bien des autres, et bien garder le dépôt que leur confient leurs relations. Sois donc toujours pieux, crains Allah, et fais de bonnes actions. Allah n’est partial envers personne. Les meilleurs serviteurs d’Allah sont ceux qui surpassent les autres par leur piété et leur obéissance à Allah(208). O Jâber! L’homme ne peut se rapprocher d’Allah qu’en Lui obéissant. Selon notre opinion, seul celui qui ne cherche aucun prétexte pour désobéir à Allah sera sauvé du Feu de l’Enfer. Celui qui obéit à Allah est notre ami, et celui qui désobéit à Allah est notre ennemi. C’est seulement par leur bonnes actions et par leur piété que les gens pourront bénéficier de notre amitié»(209).

2- Conversation de l’Imam al-Bâqer avec Sa`îd ibn Hassan

Sa`îd ibn Hassan rapporte sa conversation avec l’Imam al-Bâqer de la façon suivante:

L’Imam : «A-t-on l’habitude chez vous de s’approcher de son Frère en Religion, et de prendre dans sa poche l’argent dont on a besoin sans qu’il l’en empêche?»

Sa`îd : «Je n’ai pas connaissance de l’existence d’une telle chose parmi nous.»

L’Imam : «Cela montre qu’il n’y a pas de sentiment de fraternité parmi vous.»

Sa`îd : «Nous allons donc périr!»

L’Imam : «Cela signifie que de telles gens n’ont pas atteint la maturité intellectuelle, et qu’ils ne pratiquent pas ce qu’ils prêchent»(210).

3- Conversation de l’Imam al-Çâdeq avec Abol-Çabâh al-Kanânî

Abol-Çabâh al-Kanânî rapporte sa conversation avec l’Imam Ja`far al-Çâdeq de la façon suivante:

Abol-Çabâh : «Combien nous avons souffert à cause de notre attachement à vous!»

L’Imam : «Et que vous font les gens?»

Abol-Çabâh : «Chaque fois que je parle à quelqu’un, il me dit: “O Ja`farite maudit!”»

L’Imam : «Et tu crois que c’est parce que vous me suivez?»

Abol-Çabâh : «Oui!»

L’Imam : «Par Allah! Peu d’entre vous font partie de nos adeptes, c’est-à-dire de ceux qui sont fermes dans leur piété, qui craignent Allah, qui obéissent à leur Seigneur, le Créateur, et qui attendent une récompense de Lui Seul. Tel sont mes vrais adeptes!»(211)

4- Il y a beaucoup d’autres propos de l’Imam al-Çâdeq en ce sens (les qualité requises d’un Chiite) dont nous citons ce qui suit:

a- «N’est pas des nôtres, ni ne possède aucun mérite spécial, celui qui habite un pays de cent mille habitants ou plus, alors qu’il y a parmi eux un seul homme qui est plus pieux que lui»(212).

b- «Nous ne considérons pas quelqu’un comme étant vraiment Croyant tant qu’il n’a pas obéi à tous nos Enseignements (lesquels traduisent les Commandements Divins). La piété et l’obéissance à Allah et à Sa Volonté sont les signes distinctifs du Croyant, et de nos adeptes. Parez-vous donc de piété et de vertu, Allah vous couvrira de Sa Miséricorde»(213).

c- «Ne sont pas de nos Chiites ceux dont les femmes chastes ne sont pas considérées comme chastes dans les cercles privés. N’est pas non plus de nos Chiites celui qui habite une ville de cent mille habitants ou davantage, parmi lesquels il y a quelqu’un qui est plus pieux que lui»(214).

d- «Les Chiites de Ja`far (L’Imam Ja`far al-Çâdeq) sont ceux qui protègent leur ventre et leur sexe contre toute chose illicite, qui accomplissent le Jihâd pour l’Islam, qui obéissent aux Commandements d’Allah, qui craignent Allah, qui espèrent bénéficier de la Miséricorde et des Récompenses d’Allah, et qui sont terrifiés à l’idée de subir le Châtiment d’Allah. Si quelqu’un rencontre de tels hommes, il peut les considérer avec certitude comme étant des adeptes sincères de Ja`far»(215).

206. Voir “Uçûl al-Kâfî, Ketâb al-Imân”, Chap. Ziyârat al-Ekhwân.

207. Voir: “Oçoul al-Kâfî, Ketâb al-Imân”, Chp. Ziyârat al-Ekhwân, 2/64, H. 12.

208. L’Imam Ali dit: «Le Jugement d’Allah est le même pour les habitants des Cieux et de la Terre. Les choses qu’Allah a interdites, sont interdites pour tous, sans exception. Sa Loi est irrévocable» (Nahj al-Balâghah, Prône No. 192).

209. “Al-Kâfî”, 2/60, H. 3.

210. “Al-Kâfî”, 2/139, H. 13.

211. “Al-Kâfî”, 2/62, H. 6.

212. “Al-Kâfî”, 2/63, H. 10.

213. “Al-Kâfî”, 2/63, H. 13.

214. “Al-Kâfî”, 2/64, H. 15.

215. “Al-Kâfî”, 2/183, H. 9.

Extrait de Les Croyances du Chiisme

Mohammad Redhâ al-Modhaffar

traduit par Bostani