QUICONQUE CONNAIT SON AME CONNAIT SON SEIGNEUR

La première chose que DIEU a voulu de ses serviteurs, c’est qu’ils le connaissent par les différents aspects à travers lesquels il s’est fait connaître à eux; en effet, il s’est fait connaître à eux par le fait qu’il crée le monde pour les créatures (al-khalq), qu’il le régit, qu’il est Tout puissant, qu’il s’est porté garant de la subsistance, qu’il donne la mort et qu’il ressuscite.

La connaissance précède toute chose et est la racine de toute chose puis vient la volonté qui découle de la connaissance.

Après la connaissance de DIEU, rien d’autre ne prime pour le serviteur que la connaissance de ce que Dieu déteste, c’est-à-dire ce que Dieu a défendu…. La connaissance des vices de l’action vient avant l’action comme la connaissance de la route (tarîqa vient avant son cheminement … il n’est pas exigé du serviteur d’entreprendre toutes les bonnes mais, par contre, il doit abandonner tout le mal. Celui qui abandonne le mal tombe dans le bien mais, par contre, tous ceux qui entreprennent une bonne action n’appartiennent pas forcément aux gens de bien. Lorsque le serviteur connaît le bien ainsi que le mal, mais en revanche, il n’y a pas dans la connaissance du bien les deux connaissances ensemble ; car celui qui discerne entre le bien et le mal, met le mal de côté et s’en éloigne et tout ce qui reste après cela c’est le bien tout entier. Il se peut que quelqu’un connaisse le bien mais ne discerne pas le mal qui s’y trouve et qui corrompt le bien et l’annihile, car le bien est altéré et mêlé de mal, alors que le mal est tout entier mal.

Le premier pas vers la guérison est donc la connaissance ; d’une part la connaissance des décrets divins afin de pouvoir discerner entre le bien et le mal, le licite et l’illicite ; d’autre part la connaissance de l’âme et de ses différentes facettes.

Premièrement, il faut obéir aux commandements du Prophète quand il dit : La recherche de la science (al-Ilm) est obligatoire pour tout musulman. Et aussi : Recherchez la science (al-îlm) même en Chine.

Et deuxièmement : Celui qui connaît son âme connaît son Seigneur (Hadith qudsi). Pour connaître DIEU, pour s’approcher de DIEU, le musulman doit connaître son âme, savoir qu’elle est instigatrice du mal (ammâra bi a-ssu’) et qu’elle blâme (lawwâma) ; il doit ensuite adopter l’attitude légitime qu’exige une telle situation : il faut se méfier de l’âme, ne pas entrer dans son jeu, la haïr et la prendre comme ennemie. Autrement dit celui qui connaît réellement les maladies de son âme aspirera sincèrement à la réalisation de leurs contraintes, les vertus. Et par les vertus, qui sont les reflets des qualités divines dans l’homme, il est alors possible de connaître DIEU.

Le Sheikh al-Alawi disait : Les connaissants sont classés par étapes : Celui qui connaît son Seigneur et celui qui connaît son âme est plus élevé que celui qui connaît son seigneur.

Vraisemblablement le Sheikh al-Alawi entendait par celui qui connaît son Seigneur celui qui ne le connaît qu’extérieurement et indirectement, non pas celui qui a réalisé DIEU dans le sens d’union qui est le but de tout mystique.

Selon al-Muhâsibi : Le signe de la connaissance de l’âme c’est d’avoir mauvaise opinion d’elle…, le signe de la connaissance de ce bas monde c’est de l’abandonner, d’y renoncer, de le fuir et de fuir ceux qui s’y enracinent, l’aiment et le préfèrent de manière démesurée. Et aussi : Le signe de la connaissance de l’au-delà c’est d’éveiller le désir pour l’au-delà, d’avoir un désir ardent pour l’au-delà, d’agir en sorte que la remémoration de l’au-delà devienne familière, de fréquenter celui qui œuvre sincèrement pour l’au-delà.