SUR QUI DEVONS-NOUS FAIRE LE SALAWATE (SALAT A LA NABBI)?:

Il ne s’agit pas pour moi de jeter la pierre dans le jardin de qui que ce soit. Ce dont il est question, c’est de dire la vérité divine sur un sujet donné en éclairant les zones d’ombre par la lumière du saint Coran et des hadiths authentiques qui ne sauraient contredire, en aucune façon, le Kitâbal-Lah (le Livre d’Allah). En effet, j’ai été très amusé de voir la mine renfrognée de certains “oulamas” maliens lorsque IBK, à l’ouverture du congrès du Haut Conseil Islamique du Mali qu’il a présidé le 20 avril dernier, a fait le “Tawassoul” (invocation pour demander l’intercession) par les noms bénis du Prophète et des membres de sa sainte famille. Des informations qui sont alors remontées ont donné à penser que le président malien ne devrait pas du tout faire le “Tawassoul” sans mentionner les “Sahabas” (compagnons) car le mot arabe “âli” dans la formule du “salawate” (appel des bénédictions et salut divins sur le Prophète) inclut toute la communauté musulmane; qu’il n’est donc pas exclusivement réservé à la seule famille prophétique. C’est vraiment incroyable d’entend parei le incongruité de la bouche de théologiens musulmans bardés de diplômes supérieurs, le doctorat en particulier! Mon propos n’est pas pour dire qu’IBK a eu raison ou pas de prononcer la formule du “Tawassoul” ; ce n’est pas non plus de savoir s’il était sincère ou pas en le faisant, ou s’il était devenu chiite, encore moins de connaître qui lui a inspiré ou lui a appris cette façon d’invoquer Allah. Mais je reste pantois devant la réaction manifestement outrée de certains fins lettrés musulmans, ou considérés comme tels par les fidèles, en ce qui concerne le mot arabe “âli”آل.

Faire le ” salawate” est un commandement divin qui découle du verset coranique no 56 de la sourate 33 (Ahzab) qui stipule :
«En vérité, Allah et Ses anges envoient (perpétue lement) leurs salutations sur le Prophète. Ô vous qui croyez, saluez-le de salutations convenables».

Quand ce sublime verset a été révélé, des “Sahabas” (compagnons) ont demandé au Prophète comment lui envoyer les salutations. C’est alors que le noble Messager leur a indiqué la formule qui est connue sous le nom de “salawate Ibrahimiya” dans laque le le fidèle demande à Allah de bénir Mouhammad et sa famile comme Il a béni Ibrahim et sa famile ; de couvrir de baraka Mouhammad et sa fami le comme Il a couvert Ibrahim et sa fami le de baraka.»

C’est bien ce que tous les récits sunnites attestent depuis des siècles. Il est même aisé de relever que c’est exactement cette même formule qui est prononcée dans la prière rituelle sunnite à la suite du “tachahoud” (attestation de l’unicité divine), sans quoi la prière ne serait point valable.
Or, là, le mot arabe “âli” ne signifie rien d’autre si ce n’est la famille. Il n’est nullement question de “Sahabas” (compagnons) avec tous nos respect, a fortiori de toute la communauté (oummah). Mais réfléchissons sainement et éclairons le débat grâce au saint Coran.
Remontons au dialogue entre Allah et le Prophète Ibrahim(as). Dans la sourate La Vache, nous lisons ceci au verset 124, et c’est Allah qui parle :
«Rappe le-toi, lorsque ton Seigneur éprouva Ibrahim en lui assignant certaines prescriptions. Lorsqu’il les eut accomplies, Allah lui dit : “Je te proclame Imâm (Élu) des humains”. Ibrahim dit : ” Et ma postérité?” Le Seigneur dit : “Mon pacte n’inclut pas les injustes” ».
Tous ceux qui comprennent bien la langue arabe savent sans aucune ambiguïté que de la postérité dont parle le Prophète Ibrahim, il s’agit de ses enfants, de sa descendance car ils sont les continuateurs de sa famille.
Il existe chez les Chiites d’innombrables formules qui mentionnent la famille du Prophète(sawas). La plus courte et la plus connue est : «Alâhoumma çoli alâ Mouhammadine wa âli Mouhammadine.» Notons que, dans plusieurs ouvrages sunnites respectés par eux-mêmes, il est mentionné que le noble Prophète a recommandé vivement d’éviter de faire sur lui le “salawate batra’a” coupé. Et lorsqu’on lui a demandé ce que c’est le “salawate batra’a”, il a répondu que c’est de prier sur lui en excluant sa famille. On voit bien qu’il s’agit de famille et non de Oummah. Maintenant, d’où nous vient la pratique du “salawate” incluant les “Sahabas” (compagnons), voire toute la communauté ?…
Cherchons à savoir ce qui en est dit dans les ouvrages respectés chez les sunnites, dans leurs propres références. Voici ce que mentionne “Sahih Boukhari”, leur référence no1. Un compagnon demande au Messager d’Allah (sawas) : “Comment faire le salawate (ou çolât) sur vous, gens de la maison (Ahloul Bayte)” ?
Et le Messager (sawas) répond en donnant la formule de la çolât Ibrahimiyya (voir fac simulé des pages du Sahih Boukhari, Hadith 3370; regardez, c’est aussi bien en Français qu’en Arabe).
Conclusion : La çolât sur le Prophète (sawas) est adressé au Messager d’Allah et à Sa Famile (les gens de sa maison, Ahloul Bayt). Toute autre explication contredira avec flagrance le saint Coran. C’est sans doute pourquoi, dans les voies soufies et autres “Tariqas”, tous les “salawates” de notoriété parlent uniquement du noble Prophète et de sa sainte famille. Le “Salâtoul Fatihi” dans toutes les branches de la Tidjaniya en offre une illustration parfaite.

Allâhoumma çolli alâ Mouhammadine wa âli Mouhammadine.

La Sakina N°67 du vendredi 15 Janvier 2021 ( 20 DJOUMADA -l- Äkir 1442 H)