Le Discours De L’imam Ali Zain Al Abidine(as) après la tragédie d Achoura, En Syrie:

Lorsque les captifs de Karbala (la famille Prophétique) arrivèrent à Damas, ils furent conduits, à travers le marché jusqu’à la grande mosquée des Omeyyades. Sur le trajet vers la cour de Calife tyran Yazid, un vieux syrien s’approcha des captifs et leur dit :

« Loué soit Allah, car Il vous a tué et détruit et éteint le feu de la révolte. »

Il exprima ensuite ses souhaits et se tut. Imam Zaynoul Abidine (as) lui dit :

« Avez-vous lu le Qur’an d’Allah ? »

L’homme répondit que oui. Imam lui demanda :

« Avez-vous lu ce verset : “Dis : je ne vous en demande aucun salaire si ce n’est l’affection eu égard à [nos liens] de parenté” » ? (Surah as-Shura, 42:23.)

L’homme répondit :

« Oui je l’ai lu. »

Imam (as) lui demanda ensuite :

« Avez-vous lu cet autre verset : “Et donne au proche parent ce qui lui est dû” » ? (Surah al-Isra, 17:26)

L’homme répondit :

« Oui, j’ai également lu celui-là. »

Imam Sajjad (as) dit alors :

« Nous sommes de cette famille là. »

Imam poursuivit :

« N’avez-vous pas entendu ce verset : “Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, ô gens de la maison [du prophète], et veut vous purifier pleinement.” » (Surah al-Ahzaab, 33:33).

L’homme répondit :

« Et pourquoi ne l’aurais-je pas lu ? »

Imam dit alors :

« Nous sommes ceux dont ce verset parle. »

En entendant cela, le syrien leva au ciel ses bras et dit :

« Ô mon Dieu ! Je me dissocie des ennemies et des assassins de la descendance de Muhammad (saww). Je lis fréquemment le Saint Qur’an mais je n’ai jamais médité [réfléchi] sur cela jusqu’à aujourd’hui. »

Avant d’être amenés devant la cour de Yazid, les captifs furent attachés avec des cordes. Une des extrémités de la corde fut enroulée autour du cou d’Imam Sajjad (as), ensuite elle fut enroulée autour du cou de Janabe Zaynab (ahs), Umme Khulsum ainsi qu’au cou de toutes les filles de la famille du Saint Prophète (saww). Chaque fois qu’ils ralentissaient leur pas, ils se faisaient fouetter. Ce supplice dura jusqu’à ce qu’ils soient devant Yazid, assis sur son trône. Ali ibn Houssayn (as) lui demanda :

« Comment penses-tu que le Saint Prophète (saww) réagirait en voyant l’état dans lequel nous sommes ? »

Tout le monde se mit à pleurer. Yazid ordonna à ce que les liens soient coupés. Les captifs furent ensuite alignés sur les escaliers de la mosquée (la Mosquée des Omeyyades) selon la coutume locale et les têtes sacrées des martyrs furent placés devant Yazid. Il se tourna ensuite vers al-Nu’man Ibn Bashir et dit :

« Louange à Allah qui l’a tué [en parlant d’Imam Houssayn (as)]. »

Al-Nu’man dit :

« Le commandeur des croyants Mu’awiyah a toujours été contre le fait de le tuer. »

Yazid rétorqua :

« Cela c’était avant qu’il se rebelle. S’il s’était rebellé contre le commandeur des croyants [Mu’awiyah], il l’aurait tué lui aussi. »

Yazid se tourna vers al-Sajjad (as) et lui demanda :

« Comment, toi Ali, considère ce qu’Allah a fait à ton père al-Houssayn ? »

Imam Sajjad (as) répondit :

« Je vois le décret d’Allah, l’Unique et le Seul Dieu, le plus Éxalté, avant la création des cieux et de la terre. »

Yazid consultat son entourage sur le sort d’Imam Sajjad (as). Il lui suggéra de le tuer. Imam al-Sajjad, Zayn al-’Abidin (as), dit alors:

« Ô Yazid! Ces hommes t’ont suggéré de faire le contraire de ce que la cour de Pharaon a conseillé à Pharaon en disant : « accorde lui et son frère un répit. » Ces gens qui te conseillent de nous tuer ont de bonnes raisons pour cela. »

Yazid demanda alors :

« Pourquoi et quelles seraient ces raisons ? »

Imam (as) répondit :

« Ils étaient [la cour de Pharaon] les fils de femmes sobres alors que ceux-ci sont les enfants de femmes impudiques. Personne, hormis des enfants illégitimes, ne souhaiterait la mort des Prophètes et de leurs progénitures. »

En entendant cela, Yazid baissa la tête (par honte) et resta contemplatif pendant un petit moment. Dans le Kitabe Hawiay, on raconte que Yazid but du vin et en aspergea sur la tête bénie d’Imam Houssayn (as). Son épouse, Hind, se leva alors et nettoya la tête et le parfuma avec de l’eau de rose. La nuit, en rêve, elle vit la « Maitresse des femmes des mondes », Sayyeda Fatema Zahra (ahs) et lui présenta ses excuses pour ce qu’on avait fait subir à la tête de son fils en sa présence. Shaikh Mufid raconte que Yazid se tourna ensuite vers Imam Zaynoul Abidine (as) et lui dit :

« Ton père a refusé toute relation avec moi et a refusé de reconnaître mon droit. Il a par ailleurs contesté le royaume. Et donc tu vois ce qu’Allah lui a fait subir. »

Imam (as) a répondit :

« Nul malheur n’atteint la terre ni vos personnes, qui ne soit enregistré dans un Livre avant que Nous ne l’ayons créé ; et cela est certes facile à Allah » (Surah al-Hadeed, 57:22).

Yazid se tourna vers son fils Khalid et lui demanda de répondre mais il refusa de s’exécuter. Yazid lui-même rétorqua :

« Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis. » (Surah ash-Shura, 42:30.)

Imam Sajjad (as) répondit :

« Sache que ce verset ne fait pas référence à nous. Ce qui a été révélé en notre honneur est la chose suivante : “Nul malheur n’atteint la terre ni vos personnes, qui ne soit enregistré dans un Livre avant que Nous ne l’ayons créé ; et cela est certes facile à Allah, afin que vous ne vous tourmentiez pas au sujet de ce qui vous a échappé, ni n’exultiez pour ce qu’Il vous a donné.” (Surah al-Hadeed, 57:22-23.) Nous sommes ceux qui ne regrettent pas ce qui est advenu indépendamment de notre volonté et nous ne sommes pas non plus de ceux qui se réjouissent de ce qui nous est donné. »

On raconte dans Manaqib et d’autres livres d’histoire que Yazid s’est tourné vers Sayyada Zaynab (ahs) afin de l’inciter à prendre la parole. Mais elle fit un signe vers Imam Sajjad (as) en disant :

« Il est notre maître et l’orateur de notre communauté. »

Imam Sajjad (as) dit alors :

« Ne place pas la cupidité et la vénalité dans ton cœur à notre égard ; vous pourriez nous récompenser et nous pourrions vous honorer ; vous pourriez nous opprimer alors que nous pourrions éloigner de vous l’oppression. Allah est témoin que nous ne vous aimons pas et même que nous ne vous méprisons pas parce que vous ne nous aimez pas. »

Yazid dit alors :

« Ô fils ! Tu dis vrai. Ton père et ton grand-père ont plutôt voulu acquérir la souveraineté. Louange à Allah qui les a tués et répandus leur sang. »

Imam Répondit :

« La prophétie et l’imamat ont toujours été décrétés pour nos pères et nos ancêtres bien avant que tu sois né. »

On relate dans Biharul Anwar, tout comme l’auteur de Manaqib et d’autres le raconte, que Yazid ordonna qu’un pupitre soit préparé. Il appela ensuite un orateur. Il lui ordonna d’insulter Imam Houssayn (as) et Imam Ali (as) et de rendre compte de leurs actes devant l’assemblée. L’orateur avança vers le pupitre, pria et fit l’éloge d’Allah et insultât abondamment Imam Ali (as) et Imam Houssayn (as). Il continua en louant Mu’awiyah et Yazid, leur attribuant de nombreuses bonnes actions avant que Imam Zaynoul Abidine (as) l’interpelle vivement :

« Ô toi l’orateur ! Malheur à toi ! Tu as acheté la colère du Créateur en échange du plaisir de la créature. Tu auras ta place en Enfer. »

Il se tourna ensuite vers Yazid et dit :

« Me permets-tu d’aller à ce pupitre pour délivrer un discours pour le plaisir d’Allah le Grand qui apportera de bonnes récompenses aux gens dans l’assemblée ? »

Yazid refusa mais l’assemblée insista disant :

« Permets-lui de parler, peut-être apprendrons-nous quelque chose d’utile de sa part. »

Yazid répondit :

« Si je lui permets de s’exprimer il n’arrêtera pas avant de m’avoir humilié et la descendance d’Abou Sufyan. »

Son fils, Mu’awiyah, dit alors :

« O père. Que pourrait bien faire son sermon ? »

Yazid répondit :

« Il descend d’une famille qui a hérité du savoir et de l’éloquence, nourri depuis l’enfance par la sagesse en même temps que le lait. Et je crains que son sermon ne puisse engendrer la mutinerie et la révolte contre nous. »

Mais devant l’insistance croissante de l’assemblée, Yazid céda et autorisa Imam Sajjad (as) à prendre la parole.

« Louange à Allah qui n’a pas été engendré et l’Éternel qui n’a pas de fin. Il est le Premier dont le commencement n’a point de commencement et l’Ultime dont la fin n’a pas de fin. Tout est destiné à périr à part Lui. Il mesure les jours et les nuits et Il prépare les destinées. Béni soit Allah, l’Omnipotent et l’Omniscient. »

Imam continua ensuite :

« Ô vous les gens ! Allah nous a fait le don de six choses et nous a accordé sept faveurs. Allah nous a accordé le savoir, la patience, la mansuétude, l’éloquence, le courage et l’amour à notre égard dans le cœur des croyants. Et nous avons été honorés par le fait que le Prophète ayant autorité est des nôtres, son Vice-gérant est des nôtres, de même que le maître des martyrs (Hamza) et Ja’far, celui qui vole dans le Paradis tous comme les deux Sibtain (les deux Maîtres de la Jeunesse du Paradis) de cette nation sont des nôtres, tout comme le Mahdi (as) qui sera le pourfendeur de Dajjal.

O vous les gens ! Ceux qui me reconnaissent savent qui je suis et quant à ceux qui ne me connaissent pas, permettez-moi de leur dire qui je suis et de quelles lignée et ascendance je suis.

O vous les gens ! Je suis le fils de la Mecque et de Mina. Je suis le fils de Zamzam et de Safaa. Je suis le fils de celui qui a soulevai la pierre noire (rukn Hajar al-aswaad) avec l’aide de son manteau. Je suis le fils du meilleur homme qui ai orné les habits et qui ai effectué la circonvolution de la Kaabah (tawaf) et le Sa’ee. Je suis le fils du meilleur homme qui a effectué le Hajj et prononcé le Talbiyah. Je suis le fils de celui qui fut transporté la nuit sur le bouraq (coursier fantastique venu du Paradis) jusqu’au Masjid al Aqsa (durant l’ascension, Me’raj). Je suis le fils de celui qui fut emmené par l’Ange Gabriel jusqu’au Sidrat al Muntaha. Je suis le fils de celui qui s’est approché de son Maître et fut en attente (en référence à la nuit où le Saint Prophète [saww] est allé auprès d’Allah). Je suis le fils de celui qui était aussi proche que la mesure de deux arcs et encore moins l’Un face à l’autre. Je suis le fils de celui qui a conduit les anges des cieux durant les prières. Je suis le fils de celui à qui le Tout-Puissant a accordé la révélation de ce qu’Il a dévoilé.

Je suis le fils de celui qui a défendu le Messager d’Allah (saww) à Badr et à Hunayn et qui n’a jamais renié Allah même l’instant d’un battement de paupière. Je suis le fils du meilleur des croyants et du Sceau des prophètes, du dirigeant des musulmans et de la lumière de ceux qui ont effectué le jihad et du tueur des renégats et de ceux qui ont dévié du droit chemin. Je suis le fils du plus courageux et de celui qui possédait la détermination la plus ferme : tel était le père des petits-fils du Saint Prophète (saww), al-Hassan et al-Houssayn, tel était Ali Ibn Abu Talib (as).

Je suis le fils de Ali l’adoubé. Je suis le fils de Muhammad l’élu. Je suis le fils de Fatima al-Zahra (ahs) la maitresse des femmes des mondes et celui de Khadija al-Kubra. Je suis le fils de sidrat al Muntaha. Je suis le fils de l’arbre béni. Je suis le fils de Houssayn (as), celui qui fut massacré à Karbala. Je suis le fils de celui qui fut souillé par le sang et le sable mélangé. Je suis le fils de celui sur qui les jinns (génies) se lamentent dans l’obscurité de la nuit et pour qui les oiseaux dans le ciel pleurent. »

Lorsque le sermon arriva à ce stade, les pleurs et les lamentations des gens emplirent les lieux. Redoutant la dissension ou le début d’une révolte, Yazid ordonna au mu’ezzin d’entonner l’appel à la prière (athan). Ce dernier se leva et entonna :

« Allahu Akbar! »

Imam (as) dit :

« Allah est Grand et le plus Miséricordieux et le plus Honorable et le plus Magnanime de tout ce dont j’ai peur et de ce que j’évite. »

Le crieur continua :

« Ashadu an la ilaha illa-Allah! »

Imam continua :

« Oui ! Nul doute que je suis témoin avec les autres qu’il n’y a point de divinité autre qu’Allah et nul autre Maître que Lui, et je rejette tout être dans le déni. »

L’homme appelant à la prière poursuivit :

« Ashahadu anna Muhammadan rasul-Allah! »

Entendant cela, Imam (as) retira son turban de sa tête. Il se tourna vers le Mu’ezzin et lui dit :

« Je te demande au nom de Muhammad de garder le silence pendant un instant jusqu’à ce que je finisse de parler à cet homme. »

Puis il se tourna vers Yazid et lui demanda :

« L’honorable et le noble Messager d’Allah (swt) est-il ton grand-père ou le nôtre ? Si tu affirmes que c’est le tien alors toute cette assemblée sera témoin que tu es un menteur. Et si tu attestes que c’est mon grand-père alors pourquoi donc as-tu injustement assassiné d’une manière aussi tyrannique et piller sa richesse (ses enfants) et mené en captivité les femmes qui l’accompagnaient ? »

Après avoir dit cela, Imam (as) déchira son col et pleura. Puis il continua :

« Par Allah ! il n’y a personne autre que moi sur cette terre dont le grand-père fut le Saint Prophète de Dieu (saww). Pourquoi ces hommes ont-ils tué mon père aussi cruellement et nous ont arrêtés comme les Romains ? »

Puis il s’exclama :

« O Yazid ! Tu fais cela et après tu oses affirmer que Muhammad (saww) est le Prophète d’Allah (swt) et tu tournes ton visage vers la Qibla (pour les prières) ? Malheur à toi le jour du jugement lorsque mon Grand-père sera ton adversaire en colère contre toi ! »

Entendant cela, Yazid ordonna au Mu’ezzin de donner l’Iqamah pour les prières. Les gens commencèrent à murmurer et à s’agiter. Et un groupe de personnes fit la prière avec lui tandis que d’autres ne le firent pas pour finalement se disperser…!!!