Quels sont nos devoirs envers l’Imam Mahdi (A.J) pendant l’Occultation?:

Faire l’effort spirituel pour avoir l’accès à l’Imam

Les croyants ont le devoir de croire que l’accès à l’Imam attendu (‘aj) est ouvert et la voie menant à lui n’est pas fermée.

Certes, cet accès n’est ni chose courante, ni à la portée de tout le monde ni perceptible par n’importe qui. C’est l’Imam (a.s) qui choisit généralement ses interlocuteurs, et c’est au croyant de faire l’effort spirituel nécessaire pour pouvoir espérer avoir une telle opportunité. Cependant les témoignages de ceux qui ont eu ce privilège ne manquent pas dans l’histoire.(1)

En tout état de cause, le croyant doit savoir que la voie menant à l’Imam (a.s) lui est ouverte: il peut lui parler et lui demander ce qu’il veut, car il l’entend et le voit, et il répond aux sollicitations des croyants.

Mohammad ibn al-Faraj rapporte: «L’Imam ‘Ali ibn Mohammad (al-Taqî) (a.s) m’a dit: «Si tu as une question à poser (à l’Imam occulté), écris-la sur un papier et mets ce papier au-dessous de ton tapis de prière. Puis attends une heure avant de retirer le papier, et tu verras en l’ouvrant la réponse à ta question, signée par l’Imam».(2)
Ne pas se jeter dans l’abîmes

Les croyants doivent-ils se soulever et entrer en rébellion ou en guerre contre le pouvoir et le Gouvernant oppresseur et injuste pendant l’Occultation?

Que peut-on déduire des hadiths tels que ceux qui suivent et qui sont attribués à l’Imam al-Sâdiq (a.s): «Si tu vis sous un régime injuste et oppressif, suis ton chemin et en croisant celui (un agent du régime) que tu crains, salue-le. Car quiconque s’oppose à ce régime risque de se faire tuer et de périr. Or, Allah dit: «Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans l’abîmes»(3) et: «Personne parmi nous, nous les Ahl-ul-Bayt, ne se soulèvera jusqu’à la sortie de notre Résurrecteur, pour combattre une injustice ou recouvrer un droit, sans que l’épreuve ne l’éradique et sans que son soulèvement n’augmente notre malheur et le malheur de nos adeptes»? (4)

En fait les différents hadiths qui traitent de ce sujet pourraient paraître de prime abord divergents ou contradictoires pour le commun des mortels et les non-spécialistes, ce qui est normal, car il faut savoir distinguer dans les hadiths ce qui est authentique de ce qui est douteux, ce qui est dit à titre de taqiyyah (dissimulation de protection), ce qui doit être précisé et détailler par d’autres hadiths, ce qui nécessite d’être mis dans son contexte pour être compris correctement, ce qui a une portée générale et universelle de ce qui est ponctuel et circonstanciel etc.

En outre, pour pouvoir tirer d’un hadith un enseignement, une recommandation, une interdiction ou une obligation, il faut surtout voir l’ensemble des hadiths relatifs au même sujet, ce qui ne peut se faire que par ceux qui sont versés dans les sciences du Hadith, les uléma et les faqih.

En tout état de cause, on peut dire que ces hadiths dans leur ensemble n’interdisent pas la résistance au pouvoir oppresseur et la lutte contre lui, mais mettent en garde contre des actions qui pourraient exposer inutilement la vie des croyants, et surtout l’élite d’entre eux, au danger et à l’anéantissement.

La règle générale est donc de suivre l’opinion du mujtahid ou le dirigeant religieux qualifié et remplissant toutes les conditions requises de cette dignité dans une telle situation, car seule cette autorité spirituelle compétente, désignée par la Charia pour diriger les croyants pendant l’absence de l’Imam, peut déduire le jugement légal de l’ensemble de ces hadiths. Et dès lors qu’il décrète le soulèvement contre le gouvernant oppresseur, les croyants ont le devoir de le suivre et de se conformer à ses directives. Ce faisant, s’il mourait lors d’un tel soulèvement, il sera mort en martyr. C’est du moins ce qui ressort de l’ensemble des hadiths qui traitent de sujet.
Ne pas prévoir des dates précises pour la réapparition de l’Imam

Le croyant doit éviter de prévoir des dates précises pour la réapparition de l’Imam al-Mahdî (a.s). Beaucoup de hadiths nous interdisent une telle pratique.

Ainsi, l’Imam al-Sâdiq (a.s) dit à l’un de ses compagnons: «Ô Mofadh-dhal! Ne fixe pas de dates, car quiconque fixe une date pour la réapparition de notre Mahdî, se serait associé à la Science d’Allah et aurait prétendu qu’Allah lui montre Ses Décrets!».(5)

Et lorsqu’un autre compagnon de l’Imam al-Sâdiq (a.s) lui demanda s’il y avait une date précise à l’avènement de l’Imam al-Mahdî (‘aj), il répondit: «Ceux qui fixent une date (à cet événement) mentent! Ceux qui fixent une date à cet événement mentent! Ceux qui fixent une date à cet événement mentent!».(6)

Par “ne pas fixer ou prévoir une date”, on entend qu’il ne faut que le croyant dise que l’Imam attendu (a.s), réapparaîtra telle année, telle semaine, tel jour, telle heure etc. Mais il peut mentionner les événements et les signes qui précèdent son avènement, et à partir desquels il peut parler de l’époque approximative de sa réapparition.
Lorsqu’Abû Baçîr demanda à l’Imam al-Sâdiq (a.s): «Que je te sois sacrifié! Quand al-Qâ’im (a.s) réapparaîtra, l’Imam al-Sâdiq (a.s) lui répondit. – O Abâ Muhammad! Nous sommes d’une famille qui ne fixe pas de date (à cet événement). Muhammad (a.s) avait dit: « Sont menteurs ceux qui y fixent une date». Et l’Imam d’ajouter: – Ô Abâ Muhammad! Cet événement sera précédé de cinq signes précurseurs: le premier sera le Cri au mois de Ramadhân, puis la sortie (la révolte) d’al-Sufiyânî, la sortie d’al-Khurâsânî, l’assassinat d’al-Nafs al-Zakiyyah, l’engloutissement dans le désert».(7)

En outre, le croyant a le devoir de démentir aussi ceux qui fixent une date à l’avènement d’al-Mahdî (‘aj).

L’Imam al-Sâdiq (a.s) dit à ce propos à un compagnon (Mohammad ibn Muslim): «Ô Muhammad! Si quelqu’un prétend fixer une date (à cet événement) en nous citant, ne crains pas de le démentir, car nous ne fixons pas de date à cet événement ».(8)

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Notes:

1. Voir entre-autres, en français: Henri Corbin : En Islam iranien, Tome IV, Livre VII, chapitre II, pp. 338-389, Gallimard, 1972, France.

2. Al-Kharâ’ij wa-l-Jarâ’ih, tome 1, p. 419, h. 22.

3. Sourate al-Baqarah: 2/ 195.

4. Tuhaf al-‘Uqûl, p. 309; Mustadrak al-Wasâ’il, tome 12, p. 260, h. 1.

5. Al-Hidâyah al-Kubrâ d’al-Khuçaybî, p. 393.

6. Al-Ghaybah d’al-Cheikh al-Tûcî, p. 425, h. 411; Bihâr al-Anwâr, tome 52, p. 103, h. 5.

7. Al-Ghaybah d’al-Nu’mânî, p. 289, h.6.

8. Al-Ghaybah d’al-Nu’mânî, p. 289, h. 3.