Similitudes entre l’Islam et le Judaïsme au sujet de la culture d’Achoura / Entretien avec un expert de la culture et de la religion juives:

Bijan Khakshour, un expert de la culture et de la religion juives, a souligné que depuis longtemps, les Juifs d’Iran étaient des pionniers dans l’organisation des cérémonies de deuil spéciales pour l’Imam Hussein (a.s). Il a aussi déclaré: “Les deux mois de Muharram et Safar, et en particulier la cérémonie d’Arbaeen, montre la compréhension mutuelle des religions et l’unité des religions en organisant une cérémonie religieuse et ethnique.

Selon Shafaqna, chaque année la marche d’Arbaeen a lieu en présence d’un grand nombre de personnes à travers le monde, ce qui est un symbole de la présence généralisée des différentes religions et sectes dans un mouvement collectif.
Afin de se familiariser avec l’histoire de ces cérémonies dans le Judaïsme, Shafaqna a eu un entretien avec Bijan Khakshour, professeur de langue hébraïque, expert de la culture et de la religion juives et membre de l’Association juive d’Ispahan.
Quelle est l’attitude des Juifs face à l’événement du soulèvement d’Achoura et de l’Imam Hussein (a.s)?

Khakshour: Il existe un livre intitulé “Al-Kharraj et al-Jaraee de Qutbuddin Ravandi”, qui fait référence à une partie de la sympathie des Juifs avec le martyre de l’Imam Hussein (a.s).

L’histoire est ainsi qu’après l’événement d’Achoura, lorsque la tête de l’Imam Hussein (a.s) est emmenée à l’Assemblée de Yazid, ce dernier, a organisé une cérémonie d’action de grâce pour ce qu’il avait fait et a rassemblé les chefs des minorités religieuses et des tribus dans l’un de ses palais pour leur montrer la tête bénie de l’Imam Hussein (a.s) ; étant fier de sa victoire dans cette guerre, il a annoncé qu’il était capable de gagner le pouvoir.

A ce moment-là, l’un des dirigeants juifs s’est tenu devant Yazid et a dit: “Je souhaite que Dieu ne vous bénisse pas! Hier, il était votre prophète et aujourd’hui vous avez tué le fils de sa fille?”

Et ce juif, a sérieusement condamné Yazid et a dit: “Malheur à vous!” Il y a une distance entre moi et le Prophète David, mais les Juifs de mon peuple, qui savent que je suis un descendant de David, me respectent et m’honorent, et êtes-vous fier d’avoir tué et fait mourir martyr la génération du Prophète de l’Islam?

Yazid s’est mis en colère quand il a entendu ces mots devant la foule et a ordonné qu’une corde soit jetée autour du cou de ce chef juif et qu’ils le torturent constamment, mais il a insisté sur ses paroles et a dit: “dans ma religion, on dit que si quelqu’un tue une personne de la génération d’un prophète, sa place est en enfer, et je ne reculerai pas devant ma parole.”

Yazid a ordonné de rendre la corde plus épaisse et superposée. Finalement, ils lui ont demandé de faire un testament parce que Yazid a ordonné de le tuer.
Selon le livre mentionné, il a embrassé la tête bénie de l’Imam Hussein (a.s) et a dit : “dans mon thésaurus et dans ma tradition, les anciens d’une nation sont honorables et le peuple opprimé est supérieur au peuple oppressif.” et il a témoigné de l’oppression de l’Imam Hussein (a.s), donc Yazid a immédiatement ordonné son assassinat en présence des adeptes de diverses religions dans le palais.

Un exemple de l’attitude juive peut être vu dans cette histoire.
Les Juifs d’Iran participent-ils aux cérémonies de Muharram et d’Arbaeen?

Khakshour: L’exemple le plus évident de cette coexistence pacifique c’est lorsque vous voyez les Juifs qui pendant les deux mois de Muharram et Safar érigent le drapeau noir de l’Imam Hussein (a.s) au-dessus de leurs maisons ou leur lieu d’affaires, et que même si les fêtes de leur religion se croisent pendant ces jours, ils ne célèbrent pas de fête et respectent avec la société, la sainteté de ces deux mois.

Dans notre quartier, chaque année à Muharram et Safar, des cérémonies d’Arbaeen ont lieu, et la plupart du temps, je participe à ces rituels et j’écoute les discours des orateurs.

A Ispahan, il y a une coiffeuse qui chaque année pendant Muharram et Safar met un drapeau de «Ya Hussein» au-dessus de son salon de beauté; un acte à travers lequel la sainteté de ces deux mois est symboliquement représentée de manière magnifique.

Ces événements montrent que Muharram est plus qu’une cérémonie religieuse dans l’Islam et qu’il est respecté aussi dans d’autres ethnies et religions.

Les minorités religieuses jouent un rôle important dans la marche de Sarollah à Téhéran et ils participent aux cérémonies.

Nos ancêtres racontent également que dans la région de “Jobareh” à Ispahan, lorsqu’une Husseiniyah a été construite à des fins caritatives, les Juifs du quartier de “Sabzeh Maidan” ont été les premiers à prendre les devants du financement de la construction de la Husseiniyah.
Est-il habituel dans le Judaïsme d’organiser des rites religieux sous la forme du deuil de Muharram ou de la marche d’Arbaeen?

Khakshour: Jéthro, le beau-père du Prophète Moïse (a.s), après des années d’idolâtrie, et tout en voyant le miracle de Dieu, a accepté la prophétie du Prophète Moïse, a abandonné l’idolâtrie et le polythéisme, et il a rejoint la charia et le monothéisme; le nom de cette personne est même mentionné dans une partie de la Torah.

Au sommet de sa puissance et de sa position en Égypte, une personne avait tendance au monothéisme et est devenue un compagnon et un assistant du Prophète Moïse (a.s).

La deuxième personne est Hurr ibn Yazid al Riyahi dans l’événement de Karbala.
Il a été appelé à la demande d’Ibn Ziyad pour lutter contre l’Imam Hussein (a.s), et quand il a reçu sa mission, l’appel d’Alavi lui a été murmuré à l’oreille: “Ô Hurr! Reçois la bonne nouvelle du Paradis.”, et ce murmure a provoqué un changement en lui et il a été la première personne qui est allée sur le terrain à Karbala et est finalement tombé en martyre dans la lutte contre les oppresseurs et ennemies de l’Imam Hussein (a.s).

Le changement de la personnalité de Hurr, qui était un symbole de liberté, décrit la voie des hommes nobles, qui abandonnent à la fois le mauvais pouvoir et les privilèges et qui suivent le bien; le rôle des personnes comme Hurr ibn Yazid et Jéthro qui ignorent le monde est très précieux et j’espère qu’un jour je pourrai dépeindre une partie de ces événements ou jouer leur rôle.
Quel est le message principal d’événements tels que la marche d’Arbaeen?

Khakshour: Dans la culture judaïque et dans les temps anciens, le rite de la marche était pratiqué de cette manière. Dans le calendrier juif, il y a un jour appelé le «Neuvième Aw». Cette journée est un mémorial à la destruction des premier et deuxième temples.

En ce jour, les Kalimiens jeûnent pendant 25 heures, s’assoient par terre et accomplissent des cultes spéciaux. Depuis une semaine avant ce jour, ils ne consomment pas certains aliments réjouissants et effectuent une cérémonie symbolique commémorant le déplacement, la confusion et les épreuves qui ont été faites à travers l’Histoire.

Dans les temps anciens, il était de coutume pour un groupe de se rendre ce jour-là pieds nus et à pied sur les lieux de pèlerinage, rappelant l’amertume de ces événements historiques et demandant à Dieu la prospérité et l’apparition du sauveur du monde humain. Cette marche en groupe est faite pour se souvenir de ce chagrin, mais le but de cette marche est qu’en rappelant les causes de ces amertumes et déplacements, les êtres humains essaient de ne pas commettre ces erreurs et qu’en accomplissant de bonnes actions et un bon comportement, ils favorisent la prospérité. Certes, Jérusalem sera prospère et l’unité des tribus y aura établie.
Le message central de ces cérémonies est que les êtres humains, en voyant et en se souvenant des événements historiques amers, en particulier là où le sang des innocents est versé, apprennent à défendre le peuple opprimé, à ne pas payer de rançon à l’oppresseur, et à être libre comme Hurr.

Un modèle des marches effectuées dans l’ancienne culture juive se déroule pendant les trois principaux fêtes du Judaïsme, Pessa’h (Pâque), Chavouot (Semaines ou Pentecôte) et Souccot (Tabernacles, Tentes ou Stands), lorsque les pèlerins qui étaient pour la plupart, des agriculteurs et des jardiniers, collectaient des prémices et des dons de bienfaisance pendant ces trois fêtes et les emmenaient à Jérusalem à des fins caritatives, ce qui est une forme symbolique de travail collectif.
A votre avis, quelles sont les dimensions populaires et sociales de ces cérémonies et comment peuvent-elles être utilisées pour établir des relations interreligieuses?

Khakshour: Les avantages sociaux et profonds d’événements tels que la marche d’Arbaeen, qui n’a malheureusement pas eu lieu cette année en raison de l’épidémie de coronavirus, sont que certaines personnes font une bonne action ensemble et à un moment spécial.

Cela désigne l’état solitaire que l’Imam Khomeiny a mentionné à plusieurs reprises dans ses discours en estimant que le secret de la victoire est l’état solitaire.

L’état solitaire est évident dans la marche d’Arbaeen, dans les larmes versées pour l’État opprimé de l’Imam Hussein (a.s), lorsqu’une femme juive met chaque année le drapeau de l’Imam Hussein (a.s) au-dessus de la porte de son salon de coiffure, lorsque les Arméniens et les Zoroastriens aident à organiser des cérémonies dans la marche de Sarollah de Téhéran et d’autres, lorsque les Juifs de “Jobareh” prennent les devants dans la construction des Husseiniyahs.

Au cours des deux mois de Muharram et Safar, la compréhension mutuelle des religions et l’unité des religions dans l’organisation d’une cérémonie religieuse et ethnique peuvent être admirablement vues.

Un exemple clair de cette unité religieuse est le comportement du peuple contre Coronavirus. Tout comme pendant la guerre imposée, lorsque tous les groupes ethniques ont pris les devants dans la défense du pays et sont tombés en martyre, aujourd’hui également, il y a du personnel médical de toutes les religions dans les hôpitaux. Des médecins arméniens, musulmans, zoroastriens et du personnel médical de différentes religions et ethnies se sont portés volontaires avec un état solitaire du cœur, pour éradiquer le virus, et nous espérons un jour où ce virus sera éradiqué, que les cérémonies religieuses se dérouleront bien et que l’année prochaine la marche d’Arbaeen aura lieu plus glorieuse que les années précédentes.

Un panneau d’affichage au Brésil représente plusieurs enfants de différentes ethnies et religions portant des masques faciaux, demandant à Dieu d’éradiquer ce virus, de notre monde avec le privilège de la pureté de ces enfants et de la pureté de leurs prières.