Verset de la purification

Verset d’at-Tat’hîr (en arabe: آية التطهير) ou le verset de la purification est le verset 33 de la sourate les factions qui parle de la purification des Ahl al-Bayt (gens de la maison de la Prophétie) de toute souillure et qui est le verset sur lequel s’appuient les savants chiites pour prouver l’infaillibilité des Saints Imams (a).

Texte du verset

إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّـهُ لِيُذْهِبَ عَنكُمُ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا

Allah veut vous débarrasser de toute souillure, ô Gens de la maison, et vous purifier pleinement. Sourate al-Ahzâb, v 33.

Contexte de la révélation

Certains hadiths ont rapporté que ce verset a été révélé dans la maison d’Oummou Salama, qui est l’une des épouses du Prophète, où se trouvaient Ali, Fatima, Hasan et Housayn.

Le Prophète s’était couvert du tissu sur lequel il s’asseyait et en avait aussi recouvert Ali, Fatima, Hasan et Housayn puis il leva les bras au ciel et déclara: «Mon Dieu, voici les membres de ma famille, purifie ces quatre personnes de toute souillure ! »

Oummou Salama demanda alors au Prophète si elle faisait partie de l’Ahl al-Bayt mais le Prophète lui répondit qu’elle faisait partie des épouses du Prophète et était dans le droit chemin. (Tirmidhi, vol 5. p 699 ; Ibn Bâbûyeh, vol 2, p 403)

Discussions sur le verset

Ce verset est connu sous le nom de “verset de la purification” et commence avec l’expression « إِنَّمَا» qui signifie « seulement » et montre que la volonté divine et le souci divin concernent dans le cas de cette protection du mal et des erreurs, uniquement l’Ahl al-Bayt c’est-à-dire les gens de la maison de la Prophétie.

Ce fait est appuyé par la priorité du complément indirect عَنكُمُ (de vous) sur le complément direct الرِّجْسَ (toute souillure) et par l’utilisation de l’expression أَهْلَ الْبَيْتِ (Ahl al-Bayt).

L’expression وَيُطَهِّرَكُم après la phrase لِيُذْهِبَ عَنكُمُ الرِّجْسَ insiste sur la pureté après la protection de toute souillure, ainsi que ce qui peut être comparé à un adverbe ; bien que dans la langue arabe les «adverbes» ont des fonctions différentes, تَطْهِيرًا qui signifie «de la meilleure purification».

Le terme الرّجسَ accompagné d’Alif Lâm, doit être pris dans son sens absolu et signifie «toutes les formes de souillures», idéologiques ou pratiques, que ce soit le polythéisme, l’athéisme,  l’hypocrisie l’ignorance, ou le péché.

Sens du mot “al Ridjs”(الرّجسَ)

Certains commentateurs ont parlé du péché, du diable, du polythéisme, du doute, de la corruption, de l’avarice, de l’envie, des passions de l’âme et des inventions en religion. (Ibn Bâbûyeh, p. 138).

Les ulémas et les commentateurs chiites ont interprété ce verset par la pureté de l’Ahl al-Bayt de tout péché et leur totale soumission. (Mofid, p. 27 ; Shûshtari, p. 147 et 148 ; Tabâtabâ’i, vol 16, p. 313)

Qui sont les hommes véridiques de Ahl al-Bayt

Les commentateurs coraniques ont eu des avis différents et beaucoup de compagnons comme Anas b. Mâlik, Abû Sa’id Khodri, Oummou Salama, ‘Ayicha, Sa’d b. Abi Waqâs, Abdûllah b. Ja’far et Abdûllah b. Abbâs, ont attribué ce terme à ‘Ali, Fâtima, Hasan et Husayn. Des hadiths des Imams chiites appuient aussi sur cette interprétation. (Ibn ‘Atiah, vol. 13, p. 72 ; Ibn Kathir, vol. 3, p. 799 ; Shûkâni, vol. 4, p. 279).

D’autres comme ‘Ekrima Molay b. Abbâs et Maqâtel b. Sulaymân, ont dit que cette expression concernait les femmes du Prophète, étant donné le contexte du verset. (Ibn Kathir, vol. 3, p. 798 ; Shûkâni, vol. 4, p. 278)

La troisième interprétation est celle de Zayd b. Arqum, compagnon du Prophète, qui a déclaré que ce terme concernait les proches du Prophète à qui était interdit la zakât, comme la famille de ‘Ali, de ‘Aqil, de Ja’far b. Abi Tâlib, et a expliqué le terme purification par l’interdiction de recevoir les aumônes et la zakât. (Muslim, vol. 2, p. 1874 ; Ibn Kathir, vol. 3, p. 802)

Dans le Musnad d’Ahmad b. Hanbal, plusieurs récits (riwâya) sont citées qui disent que le Prophète avait expliqué ce verset et déclaré qu’il s’agissait de Fâtima, son mari et ses deux fils. (Mosnad Ahmad, vol. 1, p. 331 ; Ibid, vol. 4, p. 107).

Hamû, l’auteur du Faza’il al Sahâbe, a rapporté que le Prophète, pendant six mois, au moment de sortir de chez lui pour la prière du matin, se rendait devant la maison de Fâtima et disait: « Ahl al-Bayt! Ahl al-Bayt! C’est l’heure de la prière, Dieu veut vous débarrasser, vous uniquement, de toute souillure, ô membres de la maison (du Prophète), et vous purifier par la meilleure purification». (Ahmad b. Hanbal, Fadâ’el al Sahaba, vol. 2; Wasiollah b. Muhamad Abbâs, la Mecque, Jâme’at-ol-Ghorâ, 1983, p. 761).

Hadiths fiables sur ce verset

Le verset correspond à l’interprétation qui a été donnée de l’Ahl al-Bayt, c’est-à-dire ‘Ali, Fâtima, Hasan et Husayn car s’il concernait uniquement les épouses du Prophète, le pronom auraient du être au féminin عَنکُنَّ et non au masculin عَنکُم, et au lieu de یطَهِّرَکُم nous aurions dû avoir یطَهِّرَکُنَّ. (Qortabi, vol. 14, p. 183; Abû Hayân Andalûs, vol. 7, p. 231; Husayni Teherâni, p. 290-292)

En réponse à la question de savoir pourquoi au milieu des devoirs des épouses du Prophète, un tel verset a été révélé qui ne les concerne pas, nous dirons que cela est courant en littérature arabe et dans le Coran, où de nombreux versets se côtoient sans avoir de liens de sens particuliers, d’autre part, les récits (riwâya) ont précisé que ce verset avait été révélé séparément puis inséré au milieu d’autres versets lors de la compilation. (Tabarsi, vol. 8, p. 560 ; Tabâtabâ’i, vol. 16, p. 311)

La fiabilité des hadiths qui précisent que ce verset a été révélé au sujet des « Cinq du manteau » est reconnue par tous les savants chiites, et des hadiths des Saints Imams précisent que le terme « Ahl al-Bayt » concerne aussi les autres Imams chiites en plus des « Cinq du manteau ».

Ibn Kathir, savant religieux sunnite, dans son commentaire de ce verset, a rapporté un hadith de l’Imam Hasan qui a dit en chaire : « Nous sommes l’Ahl al-Bayt au sujet de qui, Dieu a révélé ce verset ». Hamû a rapporté de l’Imam Sajjâd qu’il avait déclaré à un homme de Shâm qui l’avait interrogé sur le sens de ce verset, que l’Ahl al-Bayt étaient les Quatorze Impeccables. (Ibn Kathir Dameshqi, Tafsir al Qor’an ‘Azim, vol 6 ; Muhamad Husayn Shams-o-dîn, p. 371).