Verset de Uli al-Amr

Le verset d’Ulî l-‘Amr (en arabe : آیة أولي الأمر, les investis de l’autorité) ou le verset d’Iṭâ’a (en arabe : آیة إطاعة, obéissance) est le verset 59 de la Sourate An-Nisâ’ qui ordonne aux croyants d’obéir à Allah, au Prophète (s), et aux Uli l-Amr (les investis de l’autorité). Ce verset est l’une des preuves coraniques des chiites pour l’infaillibilité et l’imamat de l’Imam Ali (a) et les douze Imams (a).

 

Texte du verset

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ وَأُوْلِي الأَمْرِ مِنكُمْ فَإِن تَنَازَعْتُمْ فِي شَيْءٍ فَرُدُّوهُ إِلَى اللّهِ وَالرَّسُولِ إِن كُنتُمْ تُؤْمِنُونَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ ذَلِكَ خَيْرٌ وَأَحْسَنُ تَأْوِيلاً

« Ô vous qui croyez, obéissez à Allah ! Obéissez à l’Apôtre et à ceux d’entre vous détenant l’autorité ! Si vous vous disputez au sujet de quelque chose, renvoyez cela devant Allah et l’Apôtre, si vous vous trouvez croire en Allah et au Dernier Jour. C’est préférable et meilleur comme interprétation. »[1]

Sourate an-Nisâ’, v 59

Cause de Révélation

À propos de la Cause de la révélation de ce verset on raconte qu’un homme apparemment musulman (en vérité un hypocrite) et un juif eurent désaccord sur un sujet. Le juif dit :

« Allons à Muhammad (s) pour le jugement » .

Le juif savait que le Prophète (s) n’accepterait de pot-de-vin; mais le musulman dit : « Allons à Ka’b b. Ashraf, le juif » parce que le musulman savait qu’il accepterait le pot-de-vin et qu’il jugerait pour celui qui le donne. Après l’événement, le verset d’Uli l-Amr a été révélé et a ordonné aux croyants d’obéir à Allah, au Prophète (s), et aux Uli l-Amr. [2]

 

Indication du verset à l’infaillibilité des Uli l-Amr

Selon les exégètes chiites, il ne reste aucun doute que le verset indique l’infaillibilité des Uli l-Amr. Le raisonnement est basé sur deux points principaux :

 

Lorsque Dieu ordonne d’obéir à quelqu’un sans condition, cela se traduit par son infaillibilité; parce que s’il est faillible et nous ordonne de faire un péché, on tombe dans une réunion de deux contraires: en même temps, nous devons lui obéir (parce que Dieu nous a ordonné de le faire), et non pas lui obéir(parce que nous ne devons pas commettre des péchés) . [3]

Le mot Uli l-Amr est mentionné immédiatement après le mot al-Rasul (le Prophète), sans répéter le verbe Ati’ou (Obéissez), et parce que l’obéissance au prophète est inconditionnellement nécessaire, en raison de son infaillibilité, de sorte que l’obéissance aux Uli l-Amr est aussi inconditionnelle. Ainsi, il en résulte l’infaillibilité des Uli l-Amr. [4]

En plus des érudits chiites, certains érudits sunnites, comme al-Fakhr al-Razi ont accepté que le verset indique l’infaillibilité des Uli l-Amr. [5]

 

Exemples d’Uli l-Amr

Bien que al-Fakhr al-Razi accepte que le verset indique l’infaillibilité des Uli l-Amr, il le considère comme valable pour tous les musulmans et affirme que nous ne pouvons pas identifier l’infaillible et le reconnaître. [6] Cependant, il y a beaucoup de hadiths dans les sources chiites qui affirment que l’instance d’Uli l-Amr sont les Saints Imams :

 

Jabir b. ‘Abd Allah al-Ansari dit :

« Quand le verset a été révélé, j’ai demandé au Prophète (s), “Nous connaissons Allah et Son Prophète, mais qui sont les Uli l-Amr que Dieu a attaché Sa obéissance à leur obéissance? » et Le Prophète (s) dit : « Ce sont mes successeurs et les imams des musulmans après moi, premier d’entre eux est ‘Ali, puis al-Hasan (a), al-Husayn (a), Ali b. Al-Husayn (a), Muhammad b. Ali (a), …» [7]

Imam al-Baqir (a) dit dans l’exégèse du verset :

« Les Uli l-Amr sont des enfants de ‘Ali et Fatima, jusqu’au Jour du Jugement » .

Il a également dit :

 

« Par Uli l-Amr, Dieu n’entend que nous, et il a commandé et a destiné à tous les fidèles à nous obéir jusqu’au Jour du Jugement » . [8]

Imam al-Sadiq (a) dit également :

« Les Uli l-Amr sont ‘Ali b. Abi Tâlib, al-Hasan, al-Husayn, Ali b. Al-Husayn, Muhammad b. Ali et Ja’far, c’est-à-dire moi-même. Louez Dieu qui vous a fait connaître vos Imams et vos dirigeants lorsque les gens les nient ».[9]

Bibliographie

Tabrisi, Fadl b. Hasan. Majma’ al-Bayan fi Tafsir al-Qur’an. Beirut: Dar Ihya’ al-Turath al-‘Arabi

Muzaffar, Muhammad Hasan al-. Dala’il al-Sidq li Nahj al-Haqq. Téhéran: Maktaba al-Dhujaj

Razi, Fakhr al-Din al-. Mafatih al-Ghayb

Qunduzi, Sulayman al-. Yanabi’ al-Mawadda. Dar al-‘uswa

Bahrani, Al-Sayyid Hashim al-. Al-Burhan fi Tafsir al-Qur’an. Qom: Isma’ilyan

‘Ayyashi, Muhammad b. Mas’ud al-. Al-Tafsir. Téhéran: Maktaba al-‘Ilmiyya al-Islamiyya

Références

Traduction du Coran, Régis Blachère

Al-Tabarsi, Majma’ al-Bayan, vol.2 p.264

Muhammad Hasan Al-Muzaffar, Dala’il al-Sidq, vol.2 p.17

Al-Tabrisi, Majma’ al-Bayan, vol.2 p.64

Fakhr al-Din al-Razi, Mafatih al-Ghayb, vol.10 p.113

Fakhr al-Din al-Razi, Mafatih al-Ghayb, vol.10 p.113

Sulayman Qunduzi, Yanabi’, p.494

Al-Sayyid Hashim al-Bahrani, p.383,386

Al-‘Ayyashi, Al-Tafsir, p.252