Importance de la Wilâyah de Imam Ali

Le Calife, l’Adjoint du Prophète (SAW)

Quand le Messager sortit à la tête de l’expédition pour Tabûk et désigna ‘Ali pour le remplacer à Médine, celui-ci lui dit:

«Me laisses-tu avec les enfants et les femmes?».

Le Prophète lui dit alors: «N’es-tu pas content que tu aies pour moi le même statut qu’avait Hârûn pour Mûssâ sauf qu’il n’y a pas de prophète après moi? Alors qu’Allah dit à propos de Hârûn, Moïse dit à son frère Aaron:

«Remplace-moi auprès de mon peuple, fais ce qui est bien et ne suis pas le chemin des Pervers ». (V. 142/VII)

Dans l’une des deux versions du récit précédent, rapportées par Ahmed b. Hanbal dans son Musnad,(32) le Messager (SAW) dit «… et mon Calife».

Ce fut ce que nous pouvions citer à propos des termes: waçi, wazîr, khalifah respectivement dépositaire- assistant- calife.

Ci-après d’autres textes qui échappèrent à l’occultation systématique de l’Ecole des califes.

Waliyyul-Muslimîne, le Souverain allié, le Tutélaire des Musulmans après le Messager (SAW).

Cette qualité fut donnée par le Messager (SAW) à l’Imam ‘Ali dans divers lieux et sous plusieurs formes.

i)- Le récit de la plainte

Buraydah rapporte que le Messager d’Allah (SAW) envoya deux expéditions au Yaman à la tête de l’une ‘Ali b. Abî Tâlib (a. s.) et à la tête de l’autre Khalid b. al-Walîd et leur donna cette instruction: «Si vous vous rencontrez, ‘Ali sera à la tête (des expéditions), sinon chacun conduira la sienne».

Nous avons rencontré, ensemble, Banî Zayd, des Yamanistes. Après le combat et la victoire remportée par les Musulmans sur les polythéistes, ‘Ali (a. s.) prit une captive pour lui-même. Alors, raconta Buraydah, Khalid b. al-Walîd écrivit une lettre et me la fit porter au Messager d’Allah (SAW) pour l’en informer. Quand je suis arrivé auprès de lui et qu’il a lu la lettre, je vis la colère sur son visage. Alors je dis: «ô Messager d’Allah! Je cherche refuge auprès de toi, tu m’as envoyé avec un homme et tu m’as ordonné de lui obéir. Alors j’ai exécuté ce qu’il avait ordonné». Sur ce, le Messager d’Allah (SAW) me dit: «Ne médis pas d’Ali, il est de moi et je suis de lui et il est votre Walî (tutélaire) après moi». Il l’a dit deux fois.(33)

Dans une autre version, Buraydah ajouta:

«Par notre compagnie! Tends la main pour que je te renouvelle mon serment d’allégeance! Je ne l’ai quitté qu’après lui avoir prêté serment d’allégeance sur l’Islam».(34)

‘Imrân b. Huçayn rapporta au sujet de cet incident le récit suivant:

«Quatre des Compagnons du Messager d’Allah (SAW) se sont mis d’accord, lors de cette expédition pour porter plainte contre ‘Ali dès qu’ils se trouveraient auprès du Messager (SAW).

Une fois arrivés, l’un d’eux se leva et dit: «N’as-tu pas vu ô Messager d’Allah ce qu’avait fait ‘Ali b. Abî Tâlib?». Mais le Messager lui tourna le dos. Le 2è, le 3è et le 4è firent comme le premier et, à chaque fois, le Messager tournait le dos au plaignant. Ensuite, la colère bien manifeste sur le visage, le Messager (SAW) les envisagea et dit: «Que voulez-vous de ‘Ali (trois fois). Certes ‘Ali est de moi et moi de lui (2 fois) et il est le Walî (le tutélaire) de tout croyant, après moi».(35)

Une deuxième plainte.

Wahb b. Hamzah rapporta ceci:

«J’ai tenu compagnie à ‘Ali (r. d.) de Médine à Makkah. J’ai vu de sa part quelque chose que je n’ai- pas aimé et lui ai dit: «Je porterai plainte contre toi lorsque nous serons revenus, auprès du Messager d’Allah (SAW)». Quand je l’ai rencontré je lui ai dit: «J’ai vu ceci et cela de ‘Ali». Il me rétorqua alors: «Ne dis pas cela car il est après moi le plus digne de vous (commander)».(36)

La période de la plainte

Les historiens et les biographes parlent de deux expéditions pour le Yaman, présidées par ‘Ali. Nous croyons qu’elles sont trois. En tout cas la dernière fut en l’an 10 de l’hégire, à l’issue de laquelle, l’Imam ‘Ali (a. s.) rejoignit le Messager d’Allah (SAW) au pèlerinage d’Adieu avant le Jour de la Tarwiyah (le 8e jour du mois Dhul-Hijjah).

En ce qui concerne la plainte évoquée dans le contexte de l’expédition envoyée au Yaman, si elle a été portée par deux fois au Messager d’Allah (SAW), la première a eu donc lieu à Médine avant l’an 10 et la deuxième à Makkah après l’arrivée des compagnons de l’Imam auprès du Prophète (SAW) avant le Jour de la Tarwiyah, avant le commencement proprement dit des jours du pèlerinage.

Donc ceux parmi les savants qui ont avancé que l’événement d’Al-Ghadîr avait eu lieu à cause de la plainte précitée, n’ont fait que conjecturer parce que l’événement d’Al-Ghadîr eut lieu après le pèlerinage à Juhfah et en présence des masses musulmanes alors que l’audience relative à la plainte était limitée aux plaignants et se déroula séance tenante, juste après la formulation des griefs. Quant à la deuxième plainte, le texte du hadîth précise bien qu’elle eut lieu à leur retour à Médine.

ii) D’autres traditions dont le contexte ne fut pas déterminé.

Ibn ‘Abbâs rapporte que le Prophète (SAW) dit à ‘Ali «tu es après moi le Tutélaire de tout croyant».(37)

‘Ali lui-même rapporte que le Prophète (SAW) lui dit: «Certes, tu es le Tutélaire des Croyants après moi».(38)

La cérémonie de l’institution de l’Imam ‘Ali (s.a) Successeur du Messager(SAW) et Tutélaire de l’Islam et des Musulmans

Ce fut une grande cérémonie organisée par le Messager (SAW) en vue de désigner son successeur héritier et le tutélaire de l’Islam et des Musulmans. Al-Hâkim al-Haskânî rapporte à ce sujet le récit suivant:

Ibn ‘Abbâs et Jâbir dirent: «Allah ordonna à Muhammad (SAW) de présenter ‘Ali aux gens pour les informer de son institution (comme successeur)». Le Messager (SAW) craignit alors qu’on parlât de favoritisme à l’égard de son cousin et qu’on critiquât la décision. Mais Allah lui révéla ce verset:

«ô Messager! Fais connaître ce qui t’a été révélé par Ton Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu n’auras pas fait connaître Son message. Allah te protège contre les hommes …». (V. 67/V)

Alors, le Messager d’Allah (SAW) déclara l’institution de ‘Ali le jour de “Ghadîr Khum”.

Ziyâd b. al-Mundhir racontait:

«J’étais chez Abî Ja’far Mohamed b. ‘Ali (a. s.) alors qu’il enseignait aux gens des hadîths. Soudain un homme de Baçorah nommé ‘Uthmân al-A’shâ, un disciple de Hassan al-Baçrî, se leva et dit: «ô fils du Messager d’Allah! (Qu’Allah me sacrifie pour toi). Al-Hassan (Al-Baçrî) nous informe que ce verset (susmentionné) fut révélé à propos d’un homme mais ne précise pas de qui il s’agit». Abû Ja’far (a. s.) lui dit: «S’il avait voulu le nommer, il l’aurait fait mais il a peur. (Sache alors que) Jabrâ’îl descendit voir le Prophète (SAW) … et lui dit: «Allah t’ordonne d’indiquer à Ta Communauté leur Tutélaire (Walî) comme tu leur as enseigné leur prière, leur aumône, leur jeûne et leur pèlerinage, pour que l’argument (décisif) soit établi contre eux».

Le Messager d’Allah (SAW) dit alors: «ô Seigneur! (Tu sais que) mon peuple est encore proche de la Jâhiliyyah (l’obscurantisme antéislamique). Ils (les gens du peuple) sont remplis de rivalité et de vanité. Il n’est parmi eux personne qui ne soit proche parent d’un impie tué par leur Walî (‘Ali).

Alors j’ai peur … qu’ils me traitent d’imposteur. Allah – gloire à Lui – révéla alors le verset (précité, V. 67/V)». Quand Allah lui garantit Sa protection et le menaça (de considérer sa mission comme non accomplie parfaitement dans le cas où il ne transmettrait pas l’ordre de la Wilâyah) le Prophète (SAW) prit la main de ‘Ali …».(39)

Al-Hâkim al-Haskânî rapporte aussi ce récit à partir d’Ibn ‘Abbâs:

«Lors de l’Ascension (Al-Mi’râj) du Messager (SAW), Allah que son Nom soit exalté lui dit: «Je n’ai envoyé de prophète que Je n’aie pas assisté d’un auxiliaire et tu es le Messager d’Allah et ‘Ali ton assistant».

Ibn ‘Abbâs ajouta: «Quand le Messager (SAW) fut descendu, il n’aimait pas tellement en informer les gens du fait qu’ils étaient encore proches de la Jâhiliyyah … Le Prophète (SAW) supportait alors (le fardeau de la mission jusqu’au 18è jour du moi Dhul-Hijjah quand le verset 67/V fut révélé. Alors il dit: «ô les gens! Allah m’a chargé de vous faire parvenir un message lourd à porter car je craignais que vous me traitiez d’imposteur jusqu’à ce que Allah me reprochât (cette crainte) et me menaçât par le Verset révélé …».(40)

D’après Al-Haskânî et Ibn ‘Asâkir, le verset précédent voulait dire, selon le Compagnon Abû Hurayrah, qu’il était nécessaire de faire connaître aux gens ce qui fut révélé au sujet de ‘Ali.

D’autres récits similaires furent rapportés par Al- Haskânî, Al-Wâhidî, As-Suyûtî à partir de ‘Abdillah b. Abî Awfâ, Abû Sa’îd al-Khudrî et Ibn Mas’ûdî.

Le Récit d’Al-Ghadîr

A son retour du pèlerinage d’Adieu, le Messager d’Allah (SAW) reçut la révélation du verset 67/V. alors il descendit à l’étang (Ghadîr) Khom, à Al- Juhfah(41) qui était le croisement de trois chemins: celui de Médine, celui de l’Egypte et celui de la grande Syrie (Ash-Shâm).(42) Le Prophète (SAW) attendit ceux parmi ses Compagnons qui étaient derrière et y fit revenir ceux qui avaient devancé.(43) Il se réserva alors une place sous quelques arbres à épines, qu’on eut d’abord déblayée. On appela à la prière(44) et le Prophète (SAW) prit place sous ces arbres(45) après qu’on eut tendu une pièce de tissu sur un arbre en guise de parasol.(46) Après avoir fait la prière du Dhuhr à une heure très chaude de la journée,(47) il donna son sermon qu’il commença par les louanges d’Allah, l’appel à la vertu et l’exhortation (à faire le bien). Ensuite il dit:

– Bientôt Allah me rappellera à Lui et je suis responsable et vous êtes responsables. Qu’en dites-vous alors (comme réponse au jugement dernier)?

– Nous attestons que tu as transmis; tu as bien conseillé, qu’Allah te récompense bien!, dirent-ils.

– N’attestez-vous pas qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah, que Muhammad est Son Serviteur et Son Messager, que le Paradis est vrai et que le Feu est vrai?, leur demanda-t-il.

– Si, nous l’attestons, répondirent-ils.

– ô Seigneur! Sois-en témoin, affirma-t-il. N’écoutez-vous pas?

– Si!

– ô les gens! Je vous devancerai au Bassin (paradisiaque de l’au-delà) dont la largeur est comme la distance entre Buçrâ et San’â’ et dont les verres en argent pur sont aussi nombreux que les étoiles. Là, je vous demanderai compte au sujet d’Ath-Thaqalayn (les deux charges). Regardez donc bien comment vous les traitez après moi.

Un homme appela pour demander: – que sont-ils Ath-Thaqalayn? ô Messager d’Allah!

– Le Livre d’Allah, tel une corde entre Allah et vous; attachez-vous-y, ne vous égarez pas, ne changez pas. Et Ahlu-Baytî (ma famille). Allah, le Doux, l’Omniscient m’informa qu’ils (le Livre et Ahlul-Bayt) ne se sépareront pas jusqu’à ce qu’ils reviennent vers moi près du Bassin … J’avais demandé cela à mon Seigneur! Ne les devancez donc pas! Sinon vous péririez. Ne vous attardez pas à les rejoindre! Sinon vous péririez; ne leur enseignez rien non plus car tous deux (le Livre et Ahlul-Bayt) sont plus savants que vous,(48)

ajouta-t-il.

Ensuite le Prophète (SAW) leur demanda:

– Ne savez-vous pas que je suis plus responsable des Croyants qu’eux-même?

– Si, ô Messager d’Allah!,(49) répondirent-ils.

– Ne savez-vous pas que je suis plus responsable de tout croyant qu’il ne l’est de lui-même?

– Si, ô Messager d’Allah! (Ahmed, Ibn Kathîr, idem).

Alors le Prophète (SAW) saisit la main de ‘Ali b. Abî Tâlib et la leva jusqu’à ce que les gens vissent la blancheur de leurs aisselles, puis il dit:

– ô les gens! Allah est mon Maître; je suis aussi votre maître. Quiconque me prend pour maître, voici ‘Ali, son maître. ô Seigneur, sois l’allié de ses alliés et l’ennemi de ses ennemis. Soutiens ceux qui le soutiennent et abandonne ceux qui l’abandonnent, aime ceux qui l’aiment et hais ceux qui le haïssent.(50)

Puis le Prophète dit: «ô Seigneur sois-en Témoin!»

Ensuite le Messager et ‘Ali ne se séparèrent pas jusqu’à ce que ce verset fût révélé:

«Aujourd’hui, J’ai rendu votre Religion parfaite, J’ai parachevé ma grâce sur vous; J’agrée l’Islam comme étant votre Religion». (V. 3/V)

Le Prophète (SAW) dit alors: «Allahu Akbar pour le perfectionnement de la Religion, le parachèvement de la grâce et l’agrément du Seigneur relativement à mon apostolat et à la Wilâyah pour ‘Ali».(51)

Al-Ya’qûbî rapporte dans son Târikh (histoire) que le dernier verset révélé à Médine fut le verset 3 de la sourate “La Table Servie”, à l’occasion de l’institution du Prince des Croyants ‘Ali b. Abî Tâlib (a. s.) à Ghadîr Khum.(52)

Par après, ‘Umar b. al-Khattâb le rencontra et lui dit, dans plusieurs versions: «Félicitations ô Ibn Abî Tâlib! Tu es devenu – matin et soir – Maître de tout croyant et de toute croyante!»(53)

Al-Wilâyah (la Souveraineté) et les détenteurs de l’autorité dans le saint Coran

i) La Wilâyah de ‘Ali dans le Sait Coran

Les hadîths que nous avons cités confirment l’institution de ‘Ali par le Prophète (SAW) comme Walî sur les croyants en conformité avec le verset coranique suivant:

«Vos n’avez pas de maître en dehors d’Allah et Son Messager et de ceux qui s’acquittent de la prière, ceux qui font l’aumône tout en s’inclinant humblement (en génuflexion)». (V. 55/V)

D’après Ibn ‘Abbâs, Abî Dhar, Anas b. Mâlik, l’Imam ‘Ali et d’autres Compagnons: «Un Musulman pauvre entra un jour dans la Mosquée du Messager (SAW) et quémanda quelque chose. ‘Ali qui était en train de faire une prière facultative fut néanmoins sensible à l’appel du mendiant et lui fit signe par la main droite derrière le dos afin qu’il prît la bague de son auriculaire. L’homme l’a fait, invoqua Allah pour ‘Ali puis s’en alla. Avant que l’assistance ne sorte de la Mosquée, Jabrâ’îl (a. s.) descendit avec le verset précédent».(54)

Hassân b. Thâbit, le poète, dit alors des vers à ce sujet:

ô Abâ Hassan! Que mon âme et mon cur soient sacrifiés pour toi,

Ainsi que tout homme lent ou actif dans le chemin de la guidance.

C’est toi qui donna en pleine génuflexion

ô le meilleur incliné! que les âmes du peuple soient sacrifiées pour toi

Allah révéla à ton sujet la meilleure Wilâyah

Qu’Il affirma dans les législations confirmées.

Critique de la signification donnée au verset

D’aucuns ont dit que les pronoms personnels dans la partie du verset relative à ceux qui font la prière, l’aumône … sont au pluriel tandis que l’homme désigné est une seule personne (l’Imam ‘Ali)?

L’auteur fait à ce propos la remarque suivante: «cette critique n’est qu’une conjecture! Car ce qui n’est pas correct c’est l’emploi du terme singulier pour désigner un pluriel. En revanche, l’inverse, comme dans le verset en question, est fort possible et permis dans les conversations arabes. Cela se trouve aussi dans différents lieux du Sait Coran. Prenons en l’exemple de ce qu’il y a dans la sourate Al- Munâfiqîne (les Hypocrites):

«Au Nom d’Allah le Clément le Miséricordieux. Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent: «Nous attestons que tu es le Messager d’Allah.»

Allah sait que tu es Son Messager. Et Allah sait que les hypocrites sont menteurs …

Quand on leur dit: «Venez le Messager d’Allah va demander pardon pour vous», ils détournent la tête. Et tu les vois s’éloigner, remplis d’orgueil …

Ce sont eux qui dirent: «Ne dépensez rien pour ceux qui sont auprès du Messager d’Allah afin qu’ils se séparent de lui».

Les trésors des cieux et de la terre appartiennent à Allah. Mais les hypocrites ne comprennent pas.

Ils disent: «Si nous revenions à Médine, le plus puissant de cette ville en expulsera le plus faible».

La puissance appartient à Allah, à Son Messager et aux Croyants. Mais les hypocrites ne savent pas». (Vs. 1-8/LXIII)

Dans son exégèse, At-Tabarî dit: «Seul ‘Abdullah b. Abî Salûl était visé par tous ces versets. Selon les récits rapportés et les livres des savants, toute la sourate fut révélée à son sujet».(55)

A son tour, As-Suyûtî rapporte, citant Ibn ‘Abbâs que celui-ci dit: «Tout ce qui fut révélé dans cette sourate, ne concernait que ‘Abdullah b. Ubay».(56)

Son histoire, en résumé, est relatée par les biographes et dans les uvres exégétiques: «Jahjâh al-Ghifârî, travailleur salarié de ‘Umar b. al-Khattâb et Sinân al-Juhaniy l’allié de Banîl-Khazraj se bousculèrent après la bataille de Banî Mustaleq, au sujet de l’eau (qu’ils voulaient puiser) et en venaient à se battre. Al-Juhaniy cria alors: «Au secours ô Al-Ançar!». Et Jahjâh cria, à son tour, «Au secours! ô les Muhâjirîne!». Sur ce, ‘Abdullah b. Ubay se fâcha en présence d’un groupe d’Ançarites qui étaient avec lui – parmi eux il y avait Zayd b. Arqam, encore un jeune homme à cette époque. Ibn Ubay dit: «L’ont-ils fait? Ils nous ont bousculés, concurrencé dans notre propre pays! Par Allah! Le proverbe qui s’applique à nous en rapport avec ces Quraïshites est celui qui dit: Engraisse bien ton chien pour qu’il te morde, par Allah, si nous revenions à Médine le plus puissant de cette ville en expulserait le plus faible . Ensuite, parlant à l’assistance il dit: «Voici ce que vous avez fait de vous-mêmes! Vous les avez hébergés chez vous, et partagé vos biens avec eux; par Allah, si vous les empêchez d’avoir accès à ce qu’il y a entre vos mains, ils quitteront sûrement votre pays». Zayd b. Arqam rapporte alors ses propos au Messager d’Allah, qui était entouré de ses Compagnons, parmi eux ‘Umar b. al-Khattâb».(57)

Dans le même sens, on peut citer les versets suivants: Le Prophète en disant: «il est tous oreilles» (V. 61/IX).

«Ceux auxquels les gens disaient: (les gens les impies) ont sûrement réuni leurs forces contre vous …». (V. 173/III)

«… Ils disaient: «y a-t-il quoi que ce soit qui nous concerne en cette affaire? …». (V. 154/III)

Et d’autres versets encore où le pluriel est employé mais une seule personne est visée.

ii)- Les détenteurs de l’autorité: ‘Ali et les Imams de sa descendance (a. s.)

Les récits et les narrations successives et concordantes ont confirmé l’institution de ‘Ali (a. s.) successeur du Messager (SAW) et que les détenteurs de l’autorité signalés par le verset coranique précité n’étaient que ‘Ali et les Imams parmi sa descendance.

«ô vous qui croyez! Obéissez à Allah! Obéissez à Son Messager et à ceux, d’entre vous, qui détiennent l’autorité». (V. 59/IV)

Les récits suivants le confirment aussi:

D’après Shawâhid At-Tanzil, ‘Ali demanda au Messager d’Allah: «Qui sont-ils?». «Tu es le premier d’entre eux», répondit-il.

D’après Mujâhid, «les détenteurs de l’autorité parmi vous», il s’agit de ‘Ali b. Abî Tâlib que le Messager d’Allah (SAW) désigna après lui à Médine. Allah ordonna alors à Ses serviteurs de lui obéir, de ne pas être en désaccord avec lui.

«Que dis-tu de ce verset (V. 59/IV)?, demanda Abû Baçîr à Abî Ja’far.

– Ce verset fut révélé à propos de ‘Ali b. Abî Tâlib, répondit-il.

– Les gens disent: qu’est ce qui L’empêcha de nommer ‘Ali et Ahlul-Bayt dans Son Livre?, redemandai-je.

– Dis-leur: Allah a descendu sur Son Messager les Versets relatifs à la prière sans préciser s’il s’agissait de trois ou de quatre “Ra’kat” inclinantes. Et c’était le Messager d’Allah qui en donna l’explication. Le verset 59/IV fut révélé à propos de ‘Ali, Hassan et Hussayn et le Messager d’Allah (SAW) dit à sa Communauté: «Je vous recommande le Livre d’Allah et Ahlul-Bayt. J’ai demandé à Allah de ne les séparer qu’une fois revenus à moi au Bassin (paradisiaque) et IL m’a exaucé».

iii)- La tradition de ‘Arche:

La tradition prophétique selon laquelle l’exemple d’Ahlul-Bayt dans cette Communauté est celui de l’Arche de Noé (a. s.) et celui de la porte du “pardon” chez les Israéliens

Ahlul-Bayt et des Compagnons tels que Abû Dhar, Abû Sa’îd al-Khudrî, Ibn ‘Abbâs et Anas b. Mâlik rapportèrent ce récit:

«Le Messager d’Allah (SAW) dit: «Ahlu-Baytî comme l’arche de Noé: celui qui y monte sera sauvé et celui qui s’y attarde périra (sera noyé)».

Dans certaines versions: «… sont comme la porte du “Pardon” (Hittah) que devaient franchir les Israélites».

Les références qui comportent ces hadiths sont Dhakhâ-irul ‘Uqbâ (Al-Muhib At-Tabarî) p. 20; Mustadrak, Al-Hâkim (2/343, 3/150); Hilyatul-Awliyâ’ (Ibn Nu’aym, 4/306); Târîkh Bagdad (Al- Khatîb, 12/19); Majma’uz-Zawâ’id (Al-Haythamî, 9/168); Ad-Durrul-Mantûr (As-Suyûtî, commentaire du verset 58/II).

Dans un autre livre d’As-Suyûtî (Târîkhul-Khulafâ’, p. 270), Al-Ma’mûn citant Ar-Rachîd citant Al-Mahdî citant Al-Mansûr citant son père, citant son grand-père, tous rapportent qu’Ibn ‘Abbâs entendit le Prophète (SAW) dire: «Ahlu-Baytî sont comme l’Arche de Noé; celui qui y monta fut sauvé et celui qui s’y est attardé, a péri». Voir aussi Kanzul-‘Ummal, 6/153-216. Aç-C,awâ’iqul-Muhriqah (Ibn Hajar p. 75) cité à partir du Dâruqutnî, At-Tabarânî, Ibn Jarîr, Ahmed b. Hanbal et d’autres.

Notes:

1-Az-Zubayr b. Bakkar, Al-Muwaffaqiyayât, pp. 592-594; Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 6/31

2. Ibn Abîl-Hadîd, idem 1/47; Ibn A’tham, Futûh, 2/277.

3. Az-Zubayr b. Bakkar, Al-Muwaffaqiyayât, pp. 592-594; Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 6/31, vérification (édition critique) de Muhammad Abu-l-Fadhl Ibrâhîm.

4. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 1/47

5. Al-Asfahânî, Al-Asghânî, 9/6 (biographie d’Al-Himayrîy)

6. Ash-Shâfi’î, Dîwân, éd. Bayrut, 1403 h., p. 35

7. Al-Mutanabbîy, Recueil de poésie, p. 856

8. Al-Hamwînî al-Jawaynî, Farâ’idus – Simtayn: l’introduction, Feuillet 2-B, (manuscrit à l’Université de Téhéran sous le n 1690/1164)

9. M. ‘Ali Kamâlud-Dine, Thawratul-‘ishrîne (la révolution des années 20 dans sa 50e commémoration donnée et témoignages), imprimerie At-Tadâmun 1391 h. (1971), pp. 319-320

10. Muslim, Sahîh (commentaire d’An-Nawawî) “Livre du testament”, 11/89; Al-Bukhârî, “Livre des expéditions militaires”, chap. “La maladie du Prophète”, 3/65; Ahmed, Al- Musnad, 6/32

11. Ibn Sa’d, At-Tabaqât, 2/232; le même récit se trouve dans Al- Bukhârî, chap. “La maladie du Prophète et sa mort”, 3/63. Mais Al-Bukhârî supprime le commentaire d’Ibn Abbâs: «Aïsha ne supporte pas qu’on dise bu bien de lui».

12. Al-Bukhârî, “Livre des testaments”, 2/84 (1er chap. “Livre des expéditions militaires” (chap., “La maladie du Prophète”, 3/63); Muslim, Sahîh, “Livre du testament”, chap. 19; Ibn Mâjah, “Livre des funérailles”, chap. 64; Ahmed, op. cit., 6/32, 64, 77; At-Tabarî, op. cit., 1/1814

13. Ces cinq hadîths se trouvent dans At-Tabaqât d’Ibn Sa’d sous le titre de: “Ceux qui disent que le Messager d’Allah (SAW) est mort dans le giron de ‘Ali b. Abî Tâlib”.

14. Al-Hâkim, Al-Mustadrak, 3/138. L’auteur en dit: c’est un hadîth authentique mais Al-Bukhârî et Muslim ne l’ont pas rapporté dans leurs recueils respectifs. Adh-Dhahabî reconnaît l’authenticité du hadîth dans son résumé d’Al-Mustadrak; Ibn ‘Asâkir, op. cit., 3/14, 17; Ibn Abî Shaybah, Al-Muçannaf, 6/348; Al-Haythamî, Majma’…, 9/112; Al-Muttaqî, Kanz …, 15/128, h/ 374 etc.

15. Al-Muttaqî, Kanz…, 6/392; Ibn Kathîr, Al-Bidâyah, 7/359; Ibn ‘Asâkir, Târikh…, (“Biographie de l’Imam ‘Ali”, 2/484

16. Nahjul-Balâghah, sermon no. 197

17. Ibn Mâjah, Sunan, “Livre d’Al-Adab”, chap. “La demande de l’autorisation d’entrer”, h/ 3708; Ahmed, Al-Musnad, 1/80

18. Ahmed, Al-Musnad, 1/85, 107

19. Ibn ‘Asâkir, Târikh, op. cit., “Biographie de l’Imam ‘Ali”, 2/310-311; Ibn Kathîr, Târikh, 7/356; Ibn Abîl-Hadîd, 2/78, rapporte aussi: «Qu’une fois ‘Aïsha entra alors que le Prophète et ‘Ali tenaient un conciliabule et dit à ‘Ali: «Je n’ai qu’un jour sur neuf ne me laisseras-tu pas ô ‘Ali!».

20. At-Tabarî, Târikh, “Biographie de ‘Umar – Evénements de l’an 23 h.”, 1/30, 32; Ibn Athîr, Al-Kâmil, 3/24-25

21. Al-Mas’ûdî, Murujudh-Dhahab, 2/321-322

22. Al-Bukhârî, Sahîh, 4/119-120, “Livre des sanctions légales”.

23. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, sermon 26.

24. Al-Ya’qûbî, Târikh, 2/169

25. Abû Hilal al-‘Askarî, Al-Awâ’il, éd. Beyrut, 1407 h.; Ibn Abîl Hadîd, op. cit., 1/169.

26. Voir notre livre, Hadiths de la mère des Croyants ‘Aïsha, pp. 87-162 (à l’époque des deux beaux-frères).

27. Nahjul-Balâghah, sermon n 36 (Sharh Mohamed ‘Abduh) et “Al-Aghânî”, édition de Sâsî 15/44.

28. Nahjul-Balâghah, “Sermon de ‘Ali (a. s.)”, sermon n 167 (Sharh Mohamed ‘Abduh) et n 172 (com. de Subhis-Sâlih)

29. L’Imam ‘Ali, Nahjul-Balâghah, sermon n 212

30. Murtadâl-‘Askarîy, Ma’âlimul-Madrasatayn, 2/44-46

31. Al-Haythamî, Majma’uz-Zawâ’id, 9/121; Al- Muttaqî, Kanz, 6/155, citant At-Tabarânî

32. Ahmed, Al-Musnad, 1/111

33. Ahmed, Al-Musnad, 5/356; An-Nasâ’î, Khaçâ’içu, p. 24 avec une variation; Al-Hâkim, Al- Mustadrak, 3/110; Al-Haythamî, Majma’uz-Zawâ’id…, 9/127; Al-Muttaqî, Kanz, 12/207; Al- Manâwî, Kunûzul-Haqâ’iq, p.186

34. Ahmed, Al-Musnad, 5/350, 358, 361; Al- Haythamî, Majma’, 9/128; At-Tabarânî, Al-Awçat: «Quiconque me prend pour Walî doit faire de même pour ‘Ali.

35. Al-Tamadi, Sunan, 13/165, chap. “Les Mérites de Ali Ibn Abî Tâlib”; Musnad d’Ahmed, 4/437; Musnad d’Al-Tayâlisî 3/111, h. 829; Mustadrak d’Al-Hâkim, 3/110; Khaçâ’iç al-Nasâ’î, pp. 16 et 19; Huliyat d’Abî Na’îm, 6/294, Al-Riyâd, Al-Nadirah 2/171; Kanz d’Al-‘Ummâl, 12/207 et 15/125.

36. Ibn al-Athîr, Usudul-Ghâbah, 5/94; Al- Haythamî, Majma’, 9/109

37. At-Tayâlisî, Al-Musnad, 11/360, h/ 2752; et M. Tabarî, Ar- Riyâd, N. 2/203

38. Al-Khatîb, Târîkh Bagdad, 4/239; Al-Muttaqî, Kanz, 15/114, 12/221.

39. Al-Hâkim al-Haskânî, Shawâhid, op. cit., 1/191; Al-Wâhidî, Asbâbun-Nuzûl; Abû Nu’aym, Nuzulul-qu’ân

40. Al-Haskânî, Shawâhid al-Tanzîl, 1/192-193, et à la page 189, il y a seulement la révélation du verset.

41. Ya’qûbî al-Hamawî, Mu’jamul-Buldân. Voir le terme: Al-Juhfah.

42. Ibn Kathîr, Târîkh, 5/213

43. Al-Haythamî, Majma’, 9/105; Ibn Kathîr, Târîkh, 5/209-210

44. Ahmed, Al-Musnad, 4/281; Ibn Mâjah, Sunna, “Le mérite de ‘Ali”.

45. Majma’ al-Zawâ’id, 9/163-165.

46. Ahmed, idem, 4/272; Ibn Kathîr, idem, 5/212

47. Ahmed, Musnad, 4/281; Ibn Mâjah, Sunan, chap. “Le mérite de Ali”; Ibn Kathir, 5/212.

48. Al-Haythamî, Majma’, 9/162-163 et 165; Al-Hâkim, op. cit., 3/109-110; Ibn Kathîr, op. cit., 5/209

49. Ahmed, Al-Musnad, 1/118-119, et 4/281, Ibn Mâjah, Sunan, 1/43, h. 116, Ahmed, Al-Musnad, 4/281, 368, 370, 372; Ibn Kathîr, op. cit., 5/209-210

50. Al-Hâkim al-Haskânî, Shawâhid, 1/191, Târikh Ibn Kathir 5/210.

51. Relaté par Al-Hâkim al-Haskânî, citant Abî Sa”îd, Al-Khidrî Shawâhid, 1/157-158, h. 211 et 212, et Abû Hurayrah, p. 158, h. 213. Voir aussi Târikh, Ibn Kathir, 5/214.

52. Al-Ya’qûbî, Târîkh, 2/43

53. Ahmed, Al-Musnad, 4/281; Ibn Kathîr, op. cit., 5/210

54. Al-Hâkim al-Haskânî, Shawâhid At-Tanzîl

55. At-Tabarî, Tafsîr, 28/270

56. As-Suyûtî, Tafsîr,6/223.

57. At-Tabarî, Tafsîr, 28/75.