L’Imam Ali (as) et les Banî Umayyah

a) NAHJ-EL-BALAGHA ET LES BENU-UMAYYA (les OMEYYADES)

Plusieurs sermons d’ALI BEN ABI TALEB dans NAHJ-EL-BALAGHA dont vous trouverez ici la traduction relatent la fitna (sédition) des Benu-Umayya dont il faut absolument se méfier.

1- Au Sermon 93, Page 137 – Ali : au sujet de la malice de la sédition des Benu Umayya :

[Ali délivra ce sermon après la bataille de Nahrawan. Il y mentionne la fourberie de la sédition des Benu Umayya.]

Les séditions quand elles arrivent confondent le vrai avec le faux, mais ensuite lorsqu’elles s’en vont, elles laissent un avertissement. On ne peut pas reconnaître les séditions quand elles s’approchent, mais elles sont reconnues lorsqu’elles s’éloignent, elles se comportent comme le souffle des vents, qui frappent quelques villes et en manquent d’autres.

Prenez garde que la pire sédition (fitna) pour vous (à mon avis) est celle des Benu Umayya, dont la malice est aveugle et inique, dont l’emprise est répandue et ses conséquences néfastes pour des gens spécifiques [la famille du Prophète et tous ceux qui suivent la vérité].

Très affligé sera celui qui la reconnaît alors que sera à l’aise celui qui ne le voit pas.

2 – Au Sermon 93, Page 138 – Ali : au sujet de la malice de la sédition des Benu Umayya :

Par Allah, vous trouverez les Benu Umayya devenus après moi les pires seigneurs à la façon d’une méchante chamelle indisciplinée qui mord, se battant avec ses pattes de devant, donnant des coups de pattes avec celles de derrière et se refusant à être trait.

Les Benu Umayya persisteront ainsi dans leur maltraitance jusqu’à ce qu’ils ne laissent uniquement que ceux qui leur sont d’un profit ou qui leur sont inoffensifs. Leur adversité sévira parmi vous, vous empêchant de remporter une victoire à moins qu’elle ne soit celle des humiliés.

La sédition (fitna) des Benu Umayya vous envahira avec un laid visage effrayant comme c’était le cas avant l’Islam où il n’y a aucun phare (minaret) de guidance, ni élément de discernement.

3- Au Sermon 98, Page 143 – Ali : au sujet de l’Oppression des Benu Umayya :

Par Allah, les Benu Umayya continueront jusqu’à rendre licites tous les interdits de Dieu, jusqu’à ce qu’aucun contrat ne persiste et que ne demeurent aucune maison ou tente où l’iniquité ne soit entrée ou que n’en appelle le mal de leur tutelle.

Ils persisteront ainsi jusqu’à ce que deux catégories de plaignants pleurant émergent, un pleurant pour sa religion et une pour sa vie terrestre. Et jusqu’à ce que l’aide de l’un d’eux pour l’un d’entre vous ressemble au secours de l’esclave pour son maître : il est fidèle en sa présence mais médisant en son absence.

Alors le plus haut parmi vous en détresse sera celui dont la croyance en Allah est la meilleure. Ainsi, si Allah vous accorde la sécurité : accueillez-là vraiment et si vous êtes soumis aux épreuves : supportez-les vraiment parce que sûrement le résultat final est pour les Pieux.

4- Au Sermon 108, Page 156 – Ali : au sujet de la vicissitude du temps :

L’étendard de l’égarement s’est approché de son pôle et il s’est répandu tout autour; il vous est lourd dans le poids et mesurable dans la confusion qu’il a produit.

Son commandant (Mu’âwiyah) est un hors-la-loi, responsable de l’égarement.

Ainsi jusqu’à ce que ne subsiste ce jour-là parmi vous qu’une personne insignifiante et sans valeur. L’égarement vous éprouvera comme la peau est lacérée et vous piétinera comme la récolte est piétinée. Le croyant sera extirpé d’entrevous comme un oiseau choisit un gros grain parmi les petits.

5- Au Sermon 158, Page 223 – Ali : au sujet de l’autocratie des Benu Umayya :

[Le sermon fut au sujet du Saint Qoran et du Prophète (saw). Au cours de ce sermon, Ali y détaille l’autocratie des Benu Umayya.]

[Au sujet de la gouvernance des Benu Umayya :]

En ce temps-là, l’oppression touchera chaque maison et tente sans répit. A ce moment-là, ils n’auront plus aucune excuse dans les Cieux, ni sur la terre de sauveur.

Vous [les Omeyyades] avez choisi un intrus pour le Califat et l’avez élevé à une place non-signifiée pour lui. Bientôt Allah prendra sa vengeance sur celui qui a commis l’injustice, Il leur donnera à manger la coloquinte très amère et à boire le suc amer et acide de la myrrhe, la peur sera leur vêtement intérieur et l’épée leur couverture extérieure. Ils ne sont que des bêtes chargées avec des péchés et des chameaux chargés d’actes du Mal.

Je jure et jure de nouveau que les Benu Umayya devront recracher le Califat (“El Khilafa”) comme l’est le crachat et qu’ensuite ils ne le goûteront jamais plus, ni ne le savoureront tant que tournent jour et nuit.

6- Au Sermon 166, Page 240 – Ali : Au sujet de l’autocratie et de l’oppression des Benu Umayya et de leur destin :

[En partie dans ce sermon, Ali y détaille l’arrogance des Benu Umayya.]

Ils se sont divisés après leur unité et se sont dispersés de leurs racines, certains se collant aux branches et pliant comme la courbure de celles-ci.

Alors Allah, le Sublime, les réunira pour le pire jour des Benu Umayya, de même que les parties dispersées de nuages fusent en automne.

Puis Allah ouvrira des portes d’où ils couleront à des flots pareils à ceux des portes des deux jardins (de Saba) par lesquels ni les rochers ne sont demeurés ni les plaines et dont le flux ne pouvait pas être arrêté ni par les montagnes, ni par les hautes collines.

Allah les dispersera dans les entrailles des vallées où ils répandent leur prédication pour qu’un peuple s’empare des droits d’un autre peuple et prenne leurs demeures.

Par Allah, toute leur gloire et puissance se dissoudront comme la graisse se dissout sur le feu.

b) La politique du califat qurayshite et des Banî Umayyah

1)- A` l’époque de Mu’âwiyah

Ibn Abîl Hadîd rapporte à partir d’Al-Jâhidz l’essentiel de la politique du califat qurayshite à l’époque de Mu’âwiyah:

«Mu’âwiyah ordonna aux gens, en Irak, en Syrie et ailleurs d’insulter publiquement ‘Ali (a. s.) et de s’innocenter à son égard.

»Ainsi il était obligatoire d’exécuter cet ordre du haut des chaires des Mosquées dans le monde islamique de telle manière que cela est devenu une tradition établie jusqu’à l’avènement de ‘Umar b. Abdil-‘Azîz (r. d.) qui annula l’ordre susmentionné.

Mu’âwiyah lui-même avait l’habitude, comme le rapporta notre Sheikh Abû ‘Uthmân al- Jâhidz, de dire à la fin de son sermon de vendredi: «ô Allah! Certes, Abû Turâb (‘Ali, a. s.) a profané Ta religion et écarté les gens de Ton chemin, maudis-le alors très fort et inflige-lui un châtiment douloureux!». Ce texte fut un mot d’ordre envoyé dans tous les horizons pour être divulgué dans les mosquées. Cela dura jusqu’au califat de ‘Umar b. al-Abdil-‘Azîz».(1)

Ibn Abîl Hadîd rapporte aussi à partir d’Al-Madâ’inî dans son livre Al-Ahdâth: «Après l’année de la collectivité (de l’union) Mu’âwiyah écrivit à ses gouverneurs une copie unique (de ce qui devrait être fait à ce sujet): «Nulle protection ne sera accordée à celui qui rapporte quelque chose relatant le mérite d’Abî Turâb (‘Ali, a. s.) ou de sa famille… Les plus éprouvés furent alors les habitants d’al-Kûfah».(2)

a)- L’enseignement de la haine et de la malédiction de ‘Ali (a. s.) aux habitants de la grande Syrie fut systématique depuis l’époque de Mu’âwiyah.

Ath-Thaqafîy dans son livre Al-Ghârât rapporte que ‘Umar b. Thâbit montait à cheval et allait tour à tour dans tous les villages de la grande Syrie (Ash-Shâm) et, quand il eut rassemblé les habitants d’une bourgade, il leur dit: «ô les gens! ‘Ali b. Abî Tâlib était un homme hypocrite. Pendant la nuit d’al-‘Aqabah, il voulut piquer la monture du Messager d’Allah (SAW) (afin de le dégringoler du haut d’une crête), maudissez-le alors! Les villageois le maudirent alors. Ensuite il (‘Umar b. Thâbit) fit de même dans les autres villages. C’était à l’époque de Mu’âwiyah.(3)

b)- Les raisons de la rancune que nourrissait Mu’âwiyah à l’égard de Banî Hâchim

Pour connaître ces raisons, il convient de lire le chapitre (avec Mu’âwiyah) dans notre livre intitulé: Hadiths de la mère des Croyants ‘Aïcha. Parmi ces raisons il y eut l’éducation maternelle. Mu’âwiyah hérita cette rancune de sa mère Hind qui, à la bataille d’Uhud avait mâché le foie de Hamzah, l’oncle du Prophète (SAW), et fait de ses membres un collier dans le but d’assouvir sa colère contre Banî Hâchim.

Mais cette rancune Umayyade ne fut vraiment assouvie que par Yazîd b. Mu’âwiyah qui tua la famille du Messager à Karbala’, coupa les têtes des hommes et réduisit les femmes en captivité.

c)- La politique d’Ibnuz-Zubayr

Ibn Abî Hadîd expliqua cette politique en disant: «’Umar b. Shubbah, Ibnul-Kalbîy, Al-Wâqidîy et d’autres biographes rapportent qu’Ibnuz-Zubayr, à l’époque de son califat, s’abstenait pendant quarante vendredis de prier sur le Prophète (SAW) et dit: «C’est le fait que des hommes puissent s’en enorgueillir qui m’empêche de le faire!»

Dans une autre version (celle de Mohamed b. Habîb et d’Abî ‘Ubaydah Ma’mar b. Al-Muthannâ) il dit: «(je ne prie pas sur le Prophète) parce que de mauvais membres de sa famille secouent leurs têtes quand son nom est évoqué».

Sa’îd b. Jubayr rapporte aussi que ‘Abdullah b. Zubayr dit un jour à ‘Abdullah b. ‘Abbâs: «J’ai entendu dire que tu médis de moi!». «J’ai entendu le Messager d’Allah (SAW) dire : … est mauvais musulman, celui qui mange à satiété alors que son voisin a faim», répondit Ibn ‘Abbâs. L’autre dit alors: «Sachez ô les membres ce cette famille que je cache votre haine depuis quarante ans …»

Ibn Abîl-Hadîd rapporte qu’Ibnuz-Zubayr détestait ‘Ali (a.s) cherchait à le diminuer et le calomniait.(4)

d)- Après Ibnuz-Zubayr

La mort d’Ibnuz-Zubayr (tué par l’armée Umayyade) laissa le champ libre aux califes marwanîy (un clan Umayyade) qui, au sujet de ‘Ali (a. s.) poursuivirent la politique de Mu’âwiyah:

2)­ A l’époque de ‘Abdul-Malik et de son fils Al- Walîd

Ibn Abîl-Hadîd rapporte ce récit à partir d’Al-Jâhidz:

«’Abdul-Malik n’était pas l’homme à ignorer le mérite de ‘Ali (a. s.), lui qui était méritant, posé et intelligent. Il savait que maudire ‘Ali devant les gens, dans les sermons et du haut des chaires retomberait sur lui et le diminuerait car il appartenait comme ‘Ali à la tribu de ‘Abdi Manâf (englobant Banî Hâchim et Banî Umayyade) mais (que faire?).

Il voulait édifier la royauté, insister sur le bien-fondé des actes de ses prédécesseurs, inculquer aux gens que Banî Hâshim n’avaient aucun droit au califat, que leur maître (‘Ali (a. s.) par le nom duquel ils prétendaient et de qui ils étaient fiers, était en deçà de l’estimation; donc ceux qui s’apparentent à lui sont encore plus loin de “l’autorité suprême”. Son fils Al-Walîd qui ne parlait même pas correctement la langue arabe n’hésitait pas à insulter l’Imam ‘Ali (a. s.) en disant de lui par exemple: voleur fils de voleur! Les témoins de cette insulte s’étonnèrent à la fois de l’imputation du vol à l’Imam ‘Ali (a. s.) et de l’incorrection dans son langage.(5)

Exemples de ce que fit Al-Hajjâj dans la mise en application de la politique qurayshite.

Ibn Abîl-Hadîd en rapporte ce qui suit:

Connaissant l’habitude d’Al-Hajjâj (qu’Allah le maudisse) qui maudissait et ordonnait aux autres de maudire ‘Ali (a. s.). Un homme le croisa un jour et lui dit:

– ô prince! Ma famille était méchante avec moi puisqu’elle m’a nommé ‘Ali; je t’en prie donne-moi un autre nom et de quoi pourvoir à ma subsistance car je suis pauvre!»

– Pour la délicatesse du moyen que tu as utilisé pour m’aborder, je te donne le nom de tel, et je te nomme à ce poste là … Vas-y alors!».(6)

Dans la biographie de ‘Attiyyah b. Sa’d Al’ûfî, Ibn Sa’d rapporte dans At-Tabaqât Al-Kubrâ que (le gouverneur) Al-Hajjâj écrivit à (son subalterne) Mohamed b. al-Qâsim Ath-Thaqafîy une lettre et lui enjoignit d’inviter ‘Atiyyah à maudire ‘Ali b. Abî Tâlib; s’il ne le fait pas inflige-lui quatre cents coups de fouet et rase sa tête et sa barbe! Quand il lui a lu la lettre d’Al-Hajjâj et qu’il a refusé d’obtempérer, il lui donna quatre cents coups de fouet et rasa sa tête et sa barbe.(7)

Comme Al-Hajjâj, son frère Mohamed b. Yûssuf allait dans le même sillage pendant qu’il était gouverneur du Yaman

Adh-Dhahabîy rapporte le récit de Hujr Al Madarîy qui dit:

«Un jour Ali b. Abî Tâlib me demanda:

– Que feras-tu quand on t’ordonnera de me maudire?

– Cela pourra-t-il arriver?

– Oui, répondit ‘Ali (a. s.)

– Comment ferai-je alors?, lui demandai-je.

– Maudis-moi (sous la contrainte) mais ne t’innocente pas de moi!

Par après, Mohamed b. Yûssuf, le frère d’Al-Hajjâj lui ordonna de maudire ‘Ali.

– Le prince m’ordonne de maudire ‘Ali, maudissez le (le prince)!

– Qu’Allah le maudisse!, dit-il en guise de réponse. (Hujr n’a pas maudit ‘Ali), mais ne s’en-est aperçu qu’un homme!

La politique qurayshite et Umayyade s’est poursuivie ainsi jusqu’à l’époque du calife ‘Umar b. Abdil-‘Azîz.

3)- A l’époque de ‘Umar b. Abdil-‘Azîz

Ce calife Umayyade ordonna aux gens de cesser de maudire l’Imam ‘Ali (a.s). La raison de ce changement de politique est évoquée par les historiens dont Ibn Abîl Hadîd:

‘Umar b. Abdil-‘Azîz raconte lui-même et dit:

«Quand j’étais enfant j’étudiais le Coran chez l’un des fils de ‘Utbah b. Mas’ûd. Un jour, celui-ci passa près de moi alors que je jouais avec des enfants, que nous maudissons ‘Ali – j’ai vu qu’il n’a pas aimé ce que nous avons dit. Lorsqu’il fut entré à la mosquée, je laissai les enfants et je le joignis pour étudier auprès de lui, la partie de la journée. Quand il m’a vu, il s’est levé pour effectuer une prière. Mais sa prière devenait si longue que j’ai senti finalement qu’il m’évitait. A la fin de sa prière, il me regarda méchamment. Je lui demandai alors: «Qu’est ce qu’a le Sheikh?»

– ô fils!, est-ce toi qui as maudit ‘Ali?, demanda-t-il.

– Oui, répondis-je

– Depuis quand sais-tu qu’Allah Qui avait agréé les guerriers musulmans de Badr les a ensuite maudits?, me demanda-t-il encore.

– Mais ‘Ali était-il un guerrier de Badr?, demandai-je.

– Malheur à toi! La bataille de Badr n’était-elle pas en totalité pour lui?

– Je ne recommencerai pas, dis-je

– Pour Allah, n’y reviendras-tu point?

– Oui, répondis-je.

Depuis, je n’ai pas maudit ‘Ali (a. s.). A Médine, j’assistais à la prière du vendredi présidée alors par mon père qui était le Gouverneur de la ville.

Je m’asseyais sous la chaire de la mosquée où mon père donnait son sermon. Il le faisait très bien, parlait avec éloquence et facilité jusqu’à la phrase du sermon dans laquelle il devait maudire ‘Ali (a. s.). Là, il commença à bégayer, éprouva des difficultés à continuer. Cela m’étonnait beaucoup de lui.

Un jour je lui ai demandé: – «Papa, tu es le plus éloquent des gens, pourquoi alors te voyais-je, le jour de ta cérémonie, le plus éloquent des orateurs jusqu’à ce que tu commences à maudire cet homme là?

– Aucun de tous ceux que tu vois sous notre chaire – syriens et autres – ne nous suivrait un instant s’ils savaient du mérite de cet homme (‘Ali) ce qu’en sait ton père, me répondit-il». En plus de ce que le maître d’école m’avait dit à mon bas âge, la parole de mon père est restée gravée dans mon cœur à tel point que je me suis engagé devant Allah de changer cet état de chose si une partie du pouvoir m’incombait un jour. Quand Allah m’octroya l’accès au califat, j’ai annulé cette malédiction et je l’ai remplacée par le verset suivant. J’en fis un mot d’ordre transmis à tous les lieux de l’Islam et cela est devenu une sunnah (une tradition): «Certes, Allah ordonne l’équité, la bienfaisance et la libéralité envers les proches parents.

IL interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. IL vous exhorte, peut-être, réfléchirez-vous». (V. 90/XVI)

Pourtant ‘Umar b. Abdil-‘Azîz échoua finalement dans l’entreprise de sa réforme pour deux raisons:

Les Musulmans à cette époque, s’étaient habitués à la malédiction de l’Imam ‘Ali (a. s.) à tel point qu’ils y voyaient une tradition qu’ils ne devraient pas délaisser. Les habitants de Harrân, comme le rapportent Al-Hamawî et Al-Mas’ûdî, refusèrent d’obéir à l’ordre de délaisser l’insulte à l’époque même de ‘Umar b. Abdil-‘Azîz:

«Les habitants de Harrân – qu’ils soient maudits par Allah – quand fut annulée la malédiction d’Abî Turâb – ‘Ali (r. d.) – du haut des chaires les jours de vendredis, refusèrent d’en exécuter l’ordre et dirent: «Pas de prière sans la malédiction d’Abî Turâb». Ils restaient accrochés à cette “tradition” pendant une année jusqu’aux bouleversements que connut l’Orient (le Proche-Orient) et l’apparition des drapeaux noirs (les ‘Abbassides)».(8)

Après ‘Umar b. Abdil-‘Azîz les califes Umayyades réinstallèrent cette mauvaise “tradition”?

Les Umayyades tuaient les hommes nommés ‘Ali Ibn Hajar rapporte dans la biographie de ‘Ali b. Rabâh ce qui suit:

«Quand les Banî Umayyah entendaient dire qu’un nouveau-né s’est fait nommer ‘Ali, ils le turent. Quand Rabâh qui détestait ‘Ali (a. s.) le sut, il dit: «Le nom de mon fils est Ulay». Ibn Hajar ajoute ceci: «’Ali (‘Ulay) b. Rabâh dit: «Je ne pardonne pas à quiconque m’appelle ‘Ali, car mon nom est ‘Ulay».(9)

4)- A l’époque des Abbassides

A cette époque des séquelles de ce que firent les califes et les gouverneurs Umayyades restaient encore manifestes dans la société musulmane. Prenons en trois exemples empruntés à trois classes sociales différentes.

a)- Des actes des savants

Ibn Hajar rapporte dans la biographie d’Abî ‘Uthmân Hurayz b. ‘Uthmân Al-Himçî(10):

«Hurayz avait l’habitude de diminuer ‘Ali (a. s.) et de le maudire. Ismâ’îl b. ‘Ayyâsh dit: «J’ai partagé la monture avec Hurayz b. ‘Uthmân de l’Egypte à Makkah (la Mecque) et il insultait ‘Ali et le maudissait. Il dit aussi: j’ai entendu Hurayz dire: ce récit que rapportent les gens, selon lequel le Prophète (SAW) a dit à ‘Ali: «Tu as pour moi le même statut qu’avait Hârûn pour Mûssâ» est juste mais (pas dans ces termes) celui qui l’avait entendu (le rapporteur) s’est trompé. Je lui ai demandé: «Quelle est son erreur?»

Le récit est ainsi: «Tu as pour moi le même statut qu’avait Qârûn (Coré) pour Mûssâ», me répondit-il.

Al-Azdî raconte aussi que Hurayz b. ‘Uthmân rapporta que le Prophète (SAW) faillit tomber de sa monture parce que ‘Ali b. Abî Tâlib avait détaché dans ce but la sangle de sa mule.

On demanda à Yahyâ b. Sâlih pourquoi il ne rapportait pas de hadîth à partir de Hurayz – comment pourrais-je me faire dicter des hadiths par un homme avec qui j’avais fait la prière de l’aube pendant sept ans durant lesquels, il ne sortait de la mosquée qu’après avoir maudit ‘Ali soixante-dix fois.

b)- Les actes des dirigeants

Ibn Hajar rapporte dans la biographie de Nasr b. ‘Ali, le récit suivant: «Nasr b. ‘Ali rapporta (à ses étudiants, aux interlocuteurs) le hadîth de ‘Ali b. Abî Tâlib, selon lequel le Messager d’Allah (SAW) prit (un jour) la main de chacun de Hassan et Hussayn et dit: «Quiconque aime ces deux-ci, leur père et leur mère, sera, le jour de la Résurrection, au même rang que moi». Quand le calife abbasside Al-Mutawakkil l’a appris, il ordonna d’infliger à Nasr b. ‘Ali (le rapporteur du hadîth) mille coups de fouet. Heureusement, Ja’far b. ‘Abdil-Wâhid intercéda en sa faveur en répétant au calife: «Celui-là appartient à l’Ecole sunnite …».(11)

c)- Des actes du reste de la population

Adh-Dhahabî rapporte dans la biographie d’Ibn As-Saqqâ(12) le récit suivant: Ibn As-Saqqâ, érudit, imam, le traditionniste de Wâsit (contrée musulmane), Abû Mohamed, ‘Abdullah b. Mohamed b ‘Uthmân al- Wâsitî. Un jour, il dicta le hadith de l’oiseau(13) à son assistance. Alors les cœurs de ces gens ne le supportant pas, ils sautèrent sur lui, le chassèrent et lavèrent sa place après lui. Il s’en alla, garda la maison et ne donna plus de hadîth à un Wâsitî. C’est pour cela qu’on rencontre peu de ses hadiths parmi les Wâsitiyyîne.

Les épreuves d’Ahlul-Bayt (a. s.), à travers les siècles, et leur persécution par les dirigeants ne se limitaient pas aux exemples cités (les insulter, les maudire, masquer leurs mérites et leurs hadiths) mais comportaient toutes sortes de mauvais traitements y compris l’assassinat et l’extermination (les martyrs d’Ahlul-Bayt à Karbala par exemple). Cela s’est enchaîné aux deux époques Umayyade et abbasside comme le rapporte Abul-Faraj dans son livre Maqâtilu-Tâlibiyyîne.

AUTEUR: BALAGHAH.NE

Notes

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1. Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., com. du sermon 57, 1/356.

2. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, sermon n 208, 3/15-16

3. Ath-Thaqafî, Al-Ghârât, p. 397.

4. Ibn Abîl-Hadîd, Sharhun-Nahj, 1/358

5. Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., 1/356

6. Ibn Abîl-Hadîd, op. cit., 1/356

7. Ibn Sa’d, At-Tabaqât…, 6/212-213; At-Tabarî, Târikh, 2/2494; Ibn Hajar, Tahdhîb…, 7/224-226

8. Al-Mas’ûdî, Murûj…, 3/245; Al Hamawî, Mu’jam …. (le terme Harrân (ville entre Muçul, la Syrie et la Turque; d’où apparut Ibn Taymiyyah (mort en fondateur de l’Ecole Salafite)

9. Ibn Hajar, Tahdhîb At-Tahdhîb, “Biographie de ‘Ali b. Rabâh al-Lakhmî”.

10. Ibn Hajar, idem., 2/237 (Hurayz entra à Bagdad à l’époque du Mahdî ‘Abbasside. Ibn Hajar dit: «Tradition de confiance, pondère, taxé de pro-Umayyade», ses Hadiths sont rapportés par Al-Bukhârî et d’autres.

11. Ibn Hajar, idem., 10/430

12. Adh-Dhahabî, Tadhkiratul-Huffâdz, pp. 965-966

13. Selon ce récit un oiseau rôti ou grillé fut envoyé en cadeau au Messager (SAW) qui dit: «ô Allah! Envoie pour qu’il mange avec moi le plus aimé de tes créatures par toi?». Ce fut ‘Ali b. Abî Tâlib qui vint et mangea avec le Prophète. (Voir Al-Mustadrak et Ibn ‘Asâkir, Târikh Dimashq, 2/105-155)