Les enseignements de l’Imam Ali (as)

Parler de notre Imam Ali (as) n’est pas chose évidente. Non pas qu’il soit difficile de trouver quelque chose à dire sur cet être extraordinaire, mais il faut avouer qu’il est terriblement compliqué de choisir les aspects de sa personnalité et de son histoire à aborder. Il faut aussi ensuite pouvoir en parler de manière utile et intelligente pour en tirer des enseignements à appliquer au quotidien au sein des familles et des communautés. La difficulté est double.

Parler de notre Imam (as) est un exercice d’autant plus difficile que tout le monde semble penser connaître tout ou quasiment tout de lui. En effet, on ne compte plus le nombre de hadiths, récits, élégies et poèmes qui célèbrent sa grandeur et qui enflamme le cœur des fidèles qui exultent aux cris de « Nara Haydari ». Ce sont là les émotions et l’expression d’un amour conscient, parfois inconscient, qui est ce lien invisible qui nous empêche d’aller vagabonder un peu trop loin du droit chemin. Notre Imam (as) et nos Massoumines (as) dans leur unité constitue un phare qui nous oriente dans un monde qui s’obscurcit avec le temps qui passe. Et cet état de fait explique bien des travers que nous constatons au sein de nos communautés et la racine de cette défiance vis-à-vis de l’Islam.

La logique atteint justement ses limites lorsque nous faisons ces constats simples mais violents, limpides mais ô combien difficiles à admettre : d’une part, nous ne savons pas grand-chose de notre Imam (as) et d’autre part, pour le peu que nous connaissons de lui, il faut dire que nous ne sommes pas toujours des modèles lorsque qu’il s’agit de mettre en application ses enseignements.

Ainsi vous l’aurez compris, parler de notre Imam (as) est stérile à moins que l’objectif soit celui d’apprendre quelque chose à mettre en application dans nos vies et au sein de nos communautés. C’est là le chemin à suivre pour se rapprocher de Dieu.

Dans le contexte actuel, très difficile pour les musulmans, trois idées majeures doivent nous interpeler : l’exemplarité, le leadership et la solidarité. Face à l’adversité et la violence exponentielle (surtout verbale), ces trois qualités sont les armes que notre Imam (as) nous a confiées pour garantir notre intégrité, celle de notre foi et celle de nos communautés.

Chacun peut agir en conséquence : tout le monde est responsable de l’image qu’il donne de sa personne, de sa communauté et celle de sa religion. Ne pouvant pas aborder tous les aspects de cette question, je vais me restreindre au rôle des leaders, ce qui gèrent, dirigent et fixent les orientations de nos communautés. Que les choses soient claires : parler de nos leaders c’est parler de nous car nous sommes l’extension de ceux qui nous « dirigent » et que nous choisissons librement, en principe. Je vous propose de considérer des exemples précis de la vie de notre Imam (as) pour justifier le décalage entre notre comportement, celui de nos leaders et celui exigé par l’Islam.

Le premier sujet est l’exemplarité. L’Islam ne peut pas être défendu par des gens, par des communautés et surtout par des leaders qui ne sont pas exemplaires dans leurs façons d’aborder les défis auxquels l’Islam fait face. Et ce ne sont pas les défis qui manquent, qu’ils soient lancés par le monde extérieur ou venant de l’intérieur.

Ce besoin d’exemplarité, Imam Ali (as) nous l’enseigne notamment à travers le dialogue qu’il va instaurer avec les représentants de toutes les autres confessions durant son califat. Je ne peux m’empêcher de repenser à notre Imam (as) en train d’aider et d’assister Janabe Fatema (ahs) dans les tâches quotidiennes. L’exemplarité qui élève l’image, la réputation et l’intégrité des musulmans s’exprime finalement par des attitudes toutes simples et dans les circonstances les plus anodines mais terriblement révélatrices d’un état d’esprit général.

Le second sujet c’est la qualité du leadership. Sur ce point, la vie même de l’Imam Ali (as) est le modèle absolu de ce que peut être le leadership et la qualité d’un dirigeant. Je vous rappelle que malgré sa position de calife, notre Imam (as) travaillait pour gagner sa vie. Pour prendre la mesure du bon comportement du dirigeant au regard de l’Islam, il faut lire la lettre de notre Imam (as) à Malik al-Achtar à l’occasion de sa nomination au poste de gouverneur de l’Egypte. L’un des passages les plus remarquables de cette lettre est certainement celui-ci :

« Rien n’autorise un dirigeant à s’assurer la bonne foi de ses administrés mieux que le bon comportement à leur égard, l’allègement de leurs charges et le refus d’exiger d’eux ce dont ils ne sont pas capables. […] Que le plus écouté de toi soit celui qui te fera entendre les plus amères des vérités et le moins écouté celui qui t’aide à faire ce que Dieu ne permet pas à ses représentants. »

Tout commentaire supplémentaire est vain et inutile…

Le dernier sujet c’est l’épineuse question de la solidarité. Indéniablement, c’est l’une des maladies des musulmans et une leçon de l’Islam que ses adeptes n’ont que trop peu apprise. La solidarité ne peut exister sans unité. Et pourtant c’est l’un des moyens à notre disposition pour faire un front commun face à toutes les formes d’adversité. Malheureusement, les préoccupations de ce monde et la trop grande importance que l’on accorde à sa personne détourne les hommes de l’objectif véritable de leur vie : se rapprocher de Dieu.

Etre solidaire c’est honorer ses responsabilités vis-à-vis des autres musulmans en les aidant, en leur accordant leurs droits ou en ayant une pensée ou une prière pour eux. Imam Ali (as) en fait la démonstration par le don de sa bague alors qu’il est en pleine prosternation ou par le don d’une grenade si chèrement gagné qui était destinée à nourrir sa famille. Dans ses recommandations à l’Imam Hassan (as), il disait : « ô mon fils, tiens la balance égale pour ce qui est entre toi et autrui, espère pour lui ce que tu espères pour toi, déteste pour lui ce que tu détestes pour toi ; ne fais pas le mal que tu ne voudrais pas que l’on te fasse et sois charitable envers autrui comme tu voudrais qu’on le soit envers toi. »

Le message est simple mais ce qui est simple est parfois le plus difficile à mettre en œuvre…

En tant que musulman et pour ceux d’entre nous qui sont les guides et les cadres de nos communautés, les enseignements de notre Imam (as) sont finalement très clairs : faire preuve d’intégrité, de clairvoyance et de conscience à l’égard de nos devoirs plus que de nos droits. Ce sont là les qualités attendues des véritables meneurs. Avons-nous ces qualités ? Nos leaders en sont-ils dignes ? J’espère de tout cœur que oui. Terminons par ces derniers conseils d’Imam Ali (as) pour ses deux fils :

« Saches que tu es créé pour l’autre monde, non pour celui-ci, pour la disparition non pour l’éternité. Tu es un passager qui n’est pas à demeure mais en voyage pour l’autre monde. Tu es la proie de la mort devant laquelle toute fuite est inutile. Elle finit toujours par se saisir du fugitif. Fais en sorte que tu ne sois pas surpris par la mort alors que tu es en état de péché dont tu te promettais de te repentir. Elle se mettra en travers entre toi et la pénitence et tu t’attireras le châtiment. »

AUTEUR: SUPER UTILISATEUR