Sermons de l’Imam ‘Ali (as) sur le vrai visage de ce monde et la valeur de l’autre

LES TEMPS FUTURS

Il arrivera des temps, après moi, où rien ne sera aussi masqué que la vérité et rien d’aussi triomphant que l’iniquité, où les mensonges sur Dieu et son Messager seront la chose la plus courante.

Aucune marchandise n’aura moins de valeur que le Livre lorsqu’il sera cité dans son sens exact, et rien d’aussi cher que lui lorsque son sens sera déformé.

Il n’y aura rien d’aussi haïssable que le bien et rien d’aussi pratiqué que le mal.

Ceux qui étaient chargés de défendre le Livre l’auront abandonné et ceux qui l’avaient appris par cœur l’auront oublié.

Le Livre et ses partisans seront chassés et exilés, ils seront des compagnons de route qui ne trouveront nul refuge.

Ils seront au milieu des gens sans les fréquenter, ils seront avec eux sans faire corps avec eux, car la droiture et l’iniquité ne s’accordent pas, même si elles sont ensemble.

Les gens s’accorderont pour la désunion. Du Livre, ils ne retiendront que le nom et ils n’en sauront que l’écriture et la calligraphie.

Ils persécuteront les pieux sous toutes les formes, ils proclameront que leur attachement à Dieu est une imposture et ils puniront toute bonne action comme si elle était un péché.

Ceux qui vous ont précédés ont été anéantis pour leur relâchement et leur insouciance, lorsque le destin les a frappés et que l’excuse n’était plus valable et que la résipiscence n’était plus acceptée, alors ils eurent pour compagnons la détresse et la vengeance.

SERMON

O vous les hommes! Quiconque demande le bon conseil à Dieu sera satisfait, quiconque prend sa divine parole comme guide sera dirigé vers la bonne voie, la meilleure.

Quiconque s’appuie sur Dieu est en sécurité, qui en est l’ennemi tremble.

I1 est inadmissible que celui qui connaît la grandeur de Dieu se fasse grand. Sa seule façon d’être grand est de s’humilier devant Lui, et ceux qui connaissent sa puissance ne peuvent être en sécurité qu’en se confiant entièrement à Lui. Ne vous sauvez pas devant ce qui est juste, comme le ferait un homme sain devant un galeux et un homme guéri devant un malade.

Vous ne pouvez connaître la bonne direction que lorsque vous connaîtrez ceux qui l’ont quittée, et vous ne vous attacherez au pacte avec le Livre que lorsque vous connaîtrez ceux qui l’ont rompu, et vous ne l’appliquerez qu’après avoir connu ceux qui s’en sont séparés.

Demandez donc tout cela à ceux qui maîtrisent le Livre, ils sont la nourriture du savoir et l’ennemi de l’ignorance. Ce sont eux qui vous révéleront leur savoir par leur jugement, leur silence exprimera leurs pensées et leurs apparences révéleront leur fond.

Ils n’outrepassent pas les lois religieuses et ne se contredisent pas. Le Livre est entre eux un témoin véridique et un silencieux éloquent.

SUR LE RENONCEMENT A CE MONDE ET LE DE’SIR DE L’AUTRE

O vous les hommes! Ce monde — là n’est qu’une transition et la vie future est l’éternité.

Profitez de votre passage pour assurer votre éternité.

Ne déchirez pas les voiles protecteurs devant celui qui connaît tous vos secrets.

Détachez vos cœurs de ce monde, avant que ne s’en détachent vos corps.

En ce monde vous êtes mis à l’épreuve, mais c’est pour l’autre que vous avez été créés.

Quand quelqu’un meurt,1es gens disent « Qu’a-t-il laissé »? et les anges disent: « Qu’a-t-il avancé? »

Avant votre mort, faites-vous précéder de quelques œuvres pies qui seront portées à votre crédit dans l’au-delà. Ne négligez pas toutes vos obligations ici-bas car ce sont des dettes dont vous vous acquitterez dans l’autre monde.

CE MONDE EST E’PHE’ME`RE

O vous les hommes! Vous n’êtes en ce monde qu’un élément que ballotte la mort, chaque gorgée peut vous étouffer, chaque bouchée vous être fatale.

Vous n’y récolterez un bien qu’en abandonnant un autre. Vous ne pouvez vivre un jour qu’en voyant approcher votre fin d’un jour.

Tout ce qui se renouvelle en augmentant vos biens est venu remplacer d’autres que vous avez déjà consommés. Vous n’aurez un parent de plus qu’en ayant un de moins. Vous n’aurez quelque chose de nouveau que déjà le nouveau est devenu ancien. Vous ne verrez croître une moisson que la voilà fauchée.

Il en est passé des ancêtres dont nous sommes les rameaux. Comment peut durer un rameau après la fin de son origine?

QU’EST-CE QUE LA FOI?

C’est une voie aux pourtours clairs, éblouissante de lumière.

Par la foi, tu peux être dirigé vers les bonnes actions et réciproquement par les bonnes actions, tu seras dirigé vers la foi.

Par la foi s’épanouissent les sciences, par les sciences on a conscience de la mort, par la mort arrive la fin de la vie ici-bas, par la vie d’ici-bas se mérite l’autre monde, par la résurrection se rapprochent le paradis et l’enfer préparé pour ceux qui se sont laissé distraire.

Les gens n’ont aucun moyen d’éviter la résurrection. Ils y vont avec précipitation pour atteindre le but suprême.

L’E’TAT DES HABITANTS DES TOMBES A LA RESURRECTION

Ils émergent de la quiétude des tombeaux pour se diriger vers le but final.

Chaque lieu de séjour aura ses gens. Ils ne peuvent l’échanger ni en être transférés.

Ordonner ce qui est convenable, interdire ce qui est répréhensible sont deux caractéristiques de Dieu. Gloire à Lui! S’y conformer n’abrège pas la vie et ne diminue pas la fortune.

Attachez-vous au Livre de Dieu, car il est le lien solide et la lumière éclatante. I1 est également le remède bienfaisant,1a boisson désaltérante, la protection pour qui s’en inspire et le salut pour qui s’y attache.

Il n’est jamais dépassé pour avoir besoin d’être mis à jour ou corrigé, il ne dévie point pour mériter des reproches; sa lecture répétée n’est pas ennuyeuse pour l’ouïe. Qui le cite dit vrai et qui s’en inspire dans sa vie devance les autres au paradis.

DESCRIPTION DE LA VIE ICI BAS

Nous louons Dieu pour ce qui est, nous implorons son aide pour ce qui sera, nous lui demandons la sécurité dans notre religion comme nous la lui demandons pour nos corps.

Adorateurs de Dieu! Je vous conseille le rejet de ce monde qui vous abandonnera, bien que vous n’aimiez pas l’abandonner, qui dégradera vos corps alors que vous désirez les rajeunir.

Vous êtes comme des voyageurs qui se sont mis en route et qui imaginent qu’ils sont arrivés à destination. Ils ont franchi une étape et ils croient avoir atteint le but!

Quel est long le chemin que l’homme doit parcourir pour arriver au but, alors qu’il ne lui reste que peu de temps pour vivre, que la mort le guette et qu’il doit quitter à regret ce monde où il s’agite!

Ne rivalisez donc pas de puissance et d’orgueil, ne soyez pas éblouis par les beautés et les richesses, soyez fermes devant l’épreuve et le malheur, car la puissance et l’orgueil ont une fin, la beauté et la richesse sont appelées à disparaître, l’adversité et le malheur n’ont qu’un temps; tout instant en ce monde est délimité et toute la vie est destinée à la mort.

N’avez-vous donc point, dans l’exemple des anciens, de quoi vous faire repousser ce monde et dans vos ancêtres, de quoi vous éclairer et vous donner à réfléchir, si vous étiez un tant soit peu sages?

Vous n’avez pas remarqué que ceux qui vous ont précédés ne sont pas revenus et que ceux qui restent ne resteront pas toujours. Vous ne voyez pas que les gens ici-bas se réveillent le matin dans une situation et se couchent le soir dans une autre.

Voici un mort que l’on pleure, un affligé que l’on console, un blessé souffrant, un absent qui revient, un autre qui fait don de sa vie, un autre encore qui demande le bien de ce monde alors que c’est la mort qui le demande, un insouciant alors que Dieu n’est pas insouciant pour lui, et sur la trace de ceux qui ont disparu marchent ceux qui restent encore.

Alors! Souvenez-vous de ce qui détruit les jouissances, qui contrarie les désirs, qui rompt les espoirs, lorsque vous aurez l’intention d’accomplir un acte détestable; demandez le secours de Dieu pour remplir votre devoir envers Lui et profitez de ses biens et de sa bienveillance que nul ne peut compter.

MISE EN GARDE CONTRE LA VIE ICI BAS

Je vous mets en garde contre la vie ici — bas, elle est délicieuse et attirante, entourée de plaisirs, agréable par ses biens, reposante, enjolivée d’espoirs, ravissante. Ses plaisirs ne durent pas et personne n’est à l’abri de ses coups durs.

Elle est trompeuse et maléfique; changeante, elle ne fait que passer, elle a une fin et doit disparaître, elle est une ogresse boulimique.

Elle n’est pas loin d’être, lorsqu’elle accorde à ceux qui la désirent, ce que Dieu, Gloire à Lui, a dit: « Telle une eau que nous avons fait descendre du ciel, qui a été au contact des plantes, qui après sont devenues sèches et que le vent disperse. Dieu est puissant sur toute chose. »

Nul ne vécut dans le bonheur sans n’avoir ensuite répandu des pleurs. Si la vie lui accorde un moment de plaisir, elle l’accable après de toutes sortes de malheurs. Elle lui donne quelques instants de bien-être qu’elle fait suivre d’une avalanche de catastrophes! Il est dans sa nature d’être un soutien le matin et de devenir un adversaire le soir! Si l’un de ses aspects se montre délicieux et agréable, un autre apporte amertume et maladies.

Nul ne peut obtenir d’elle une faveur désirée qu’il n’en paie le prix par des peines et des angoisses. De même on peut, le soir, dormir dans la sécurité et se réveiller le lendemain dans la peur.

Traîtresse et pleine de perfidie, sujette au néant comme tout mortel qui vit ici-bas, la seule provision bénéfique qu’elle offre est l’obéissance à Dieu. Moins on en profite, plus on est en sûreté; plus on en jouit, plus on court à sa perte et ce qu’on a acquis disparaîtra.

Combien a-t-elle affligé de gens qui lui ont fait confiance, frappé ceux qui y espéraient, avili des nobles! Combien d’hommes fiers a-t-elle rendu méprisables!

Sa puissance est inconstante, son pain amer, son breuvage saumâtre, sa douceur est de la coloquinte, sa nourriture du poison et ses titres sont vains.

Le vivant y est destiné à la mort, l’homme sain à la maladie et le bien à la disparition, le puissant à la défaite, le riche à la misère. Les tribulations sont le lot de tous les mortels.

N’êtes — vous point dans les demeures de ceux qui, avant vous, avaient plus longue vie, ceux qui laissèrent plus de traces, et nourrirent plus d’espoirs, qui furent plus puissants en troupes et en armes? Ils ont aimé la vie au maximum, l’ont préférée à tout puis l’ont quittée sans être pourvus de provisions, sans montures pour le grand voyage.

Vous a t-il été dit que le monde les a rachetés, secourus ou pris leur défense? Au contraire, il les a accablés de soucis, les a fustigés, les a fait trembler de peur, leur a fait ployer le front, les a foulés aux pieds et les a livrés aux affres de la mort. Vous savez comme le monde tourne le dos au moment de la mort à ceux qui s’y attachent, s’en éprennent et lui font confiance.

Leur a-t-il donné autre chose que la faim en guise de provisions pour le grand voyage? Ne leur a-t-il pas fait habiter les lieux de l’oppression, fait apparaître les ténèbres pour de la lumière, en les plongeant dans les regrets?

Est-ce cela que vous voudrez prendre comme exemple! Est-ce cela que vous préférez, en quoi vous mettez votre espoir et où vous voudriez vous maintenir! Misérable séjour pour qui ne le trouve pas suspect et pour qui n’y serait pas sur ses gardes! Sachez-le.

Or vous le savez bien, que vous allez un jour le quitter et vous en séparer; tirez leçon de ceux qui ont dit: « Y-a-t-il plus puissant que nous? »

Ils ont été mis en tombe, enfouis sous terre, ils ne seront pas accueillis en hôtes; le tombeau est leur demeure, l’argile est leur linceul et les squelettes sont leurs voisins. Ces voisins sont sourds à leur appel, incapables de leur porter secours, insensibles aux pleurs.

Les pluies ne les réjouissent point et la sécheresse leur est indifférente. Ils sont ensemble mais chacun est à part, ils sont voisins et loin les uns des autres, ils sont proches et ne communiquent point; ils sont côte à côte sans se rapprocher les uns des autres.

Ils sont devenus cléments et ont perdu toute haine. Ils ignorent désormais la rancune. On ne peut plus les craindre ni en espérer un appui. Ils étaient sur terre et les voilà enterrés. Ils ont connu l’étroitesse après les grands espaces, l’isolement après la vie de famille, les ténèbres après la lumière.

Ils ont quitté le monde tels qu’ils y étaient venus sans habits ni chaussures. Ils s’en sont séparés n’emportant que leurs actions pour la vie éternelle et la demeure sans fin, comme Dieu l’avait révélé: « Nous ferons revenir à nous toute créature dans le premier état où nous l’avons créée. C’est une promesse que nous faisons; c’est ainsi que nous agissons ».

MISE EN GARDE CONTRE LA VIE ICI BAS

Je vous mets en garde contre ce monde; c’est une demeure passagère et instable; elle s’est enjolivée de vanité et par sa parure elle séduit.

Son séjour cependant est de peu de valeur auprès de Dieu. I1 y a introduit aussi bien le licite et l’illicite, le bien comme le mal, la vie comme la mort, le doux comme l’amer.

Dieu ne l’a pas rendu pur même pour ses élus et n’en a pas privé même ses ennemis.

Les avantages de ce monde sont minces, ses maux multiples. Ses acquisitions se dispersent, ses biens ne sont pas sûrs, ses édifices finissent en ruines. Quelle confiance accorder à un monde qui est appelé à la destruction, à une vie qui s’épuise comme des provisions, à un moment qui finit comme une étape.

Exécutez les obligations que Dieu vous a imposées et sollicitez-le dans la mesure où vous aurez accompli ce qu’il vous a demandé.

Faites entendre à vos oreilles la voix de la mort avant qu’elle ne s’abatte sur vous.

Les cœurs de ceux qui ont renoncé à ce monde pleurent alors que leurs visages sourient, ils s’affligent dans leurs joies, répriment leurs sentiments malgré la croissance de leurs moyens.

Vos cœurs ont oublié la notion de la destinée et se sont bercés d’espérances trompeuses. Vous vous attachez à ce monde plus qu’à l’autre et à l’éphémère plus qu’à la vie éternelle.

Néanmoins vous êtes tous frères en la religion de Dieu; seules vos consciences mauvaises et vos désirs cachés vous dissocient. Vous ne vous entraidez, ni ne vous conseillez; vous n’êtes plus généreux entre vous et vous ne vous vous aimez plus.

Qu’avez-vous donc à vous réjouir du peu que vous acquérez dans ce monde et à ne pas vous attrister des biens abondants qui vous sont promis dans l’autre monde et dont vous serez privés!

Vous êtes inquiets quand un bien infime de ce monde vous échappe et cela se voit même sur votre visage et par votre impatience devant la privation comme si ce monde était votre séjour définitif et que ses jouissances étaient éternelles pour vous.

Ce qui vous empêche de reprocher un défaut à un frère c’est la crainte qu’il ne vous reproche un autre. Vous vous êtes accordés pour aimer ce qui passe et rejeter ce qui dure; votre foi ne dépasse pas vos lèvres, vous êtes comme le serviteur qui a achevé sa tâche et satisfait son maître.

LOUANGE DE DIEU

Nous le louons pour ce qu’il a pris et pour ce qu’il a accordé, pour ses faveurs et ses épreuves.

Il connaît tout ce qui est caché, cerne tous les secrets, il est au courant de ce que renferme les cœurs et de ce que contiennent les regards.

Nous attestons qu’il n’est point de Dieu autre que Lui, que Mohammad est son élu et son émissaire, ceci est un témoignage où le sentiment est en accord avec la parole et le cœur avec la bouche.

SERMON

L’Imam dit entre autres: « Cela est du sérieux et non point de l’amusement, de la vérité et non point du mensonge ».

C’est la mort qui se fait entendre à tous et nous dirige tous.

Que la richesse des hommes ne te trompe pas. Tu as bien vu ceux qui, avant toi, avaient amassé des fortunes, redouté la pauvreté, se considérant assurés contre le malheur, espéraient longue vie et oubliaient la mort.

Comment la mort s’est elle abattue sur eux? Ils ont été troublés dans leur séjour, arrachés au beau milieu de leur sécurité, portés sur une civière passée d’épaule à épaule, de main en main; brusquement ils n’ont plus que des tombes pour demeures, ce qu’ils ont amassé s’est dispersé entre les mains des héritiers; leurs épouses se sont remariées. Ils ne peuvent plus augmenter leurs bonnes actions, ni discuter des mauvaises.

Celui qui cultive l’obéissance à Dieu surpasse ses semblables dans la vertu et réussit dans son œuvre.

Enrichissez-vous de l’obéissance à Dieu et faites pour le paradis ce qu’il exige de vous: ce monde ne vous fut pas créé pour demeure éternelle, mais comme lieu de transition où vous pourrez vous pourvoir de bonnes actions pour l’autre monde. Soyez donc toujours disposés à le quitter et à vous tenir prêts pour le grand départ.

CRITIQUE DE CE MONDE

Que dire d’un séjour dont le début est peine et la fin un néant? Séjour après lequel vous devez rendre compte de l’usage que vous avez fait du licite et serez sanctionnés pour tout acte illicite.

Celui qui s’y enrichit est troublé par ses richesses et celui qui est pauvre s’attriste de sa condition; celui qui court derrière le monde ne l’attrape jamais alors que ce monde suit celui qui le fuit.

Celui qui le voit sous son jour réel se trouve éclairé et celui qui s’en laisse séduire en est aveuglé.

LE MONDE ICI-BAS

Celui qui se laisse aveugler par ce monde cesse de voir ce qu’il y a derrière alors que le perspicace pénètre ses secrets et sait qu’il y a un autre monde après.

L’un et l’autre prennent la même direction, mais le perspicace emporte de ce monde, avec lui, une provision de bonnes actions alors que l’aveugle limite son action aux biens de ce monde.

Sachez qu’on se rassasie de tout, qu’on se lasse de tout hormis de la vie car on ne trouve pas de repos dans la mort. Ce fait contient une sagesse qui peut insuffler la vie à un cœur mort, servir de lumière pour l’œil aveugle, d’ouïe pour l’oreille sourde et de désaltérant pour l’assoiffé, car elle renferme toutes les richesses et la sécurité.

Le Livre de Dieu! I1 vous permet de bien voir, de bien parler, de bien entendre; ses versets se complètent et se confirment. Ils ne se contredisent pas sur Dieu, n’éloignent pas le croyant de Dieu.

Vous vous êtes habitués à la haine; la verdure vous cache le fumier sur lequel elle pousse; vous étiez tous unis dans les mêmes espoirs et les richesses créent désormais entre vous l’inimitié.

Le Malin vous a égarés, la vanité vous a perdus. Je prie Dieu de m’accorder et de vous accorder son secours.

DERNIER SERMON OU` IL RECOMMANDE AUX FIDE`LES L’OBEISSANCE A DIEU ET GLORIFIE CEUX QUI SONT TOMBE’S A SAFFINE

O Adorateurs de Dieu! Je vous recommande l’obéissance à Dieu qui vous a si bien habillés et facilité la subsistance!

S’il y en avait un qui pouvait trouver moyen de vivre éternellement et de se dérober à la mort ça n’aurait pu être que Soleiman (Salomon), fils de David (que Dieu soit satisfait d’eux). Lui furent soumis hommes et démons, il avait le don de prophétie et une digne lignée.

Une fois son mandat terminé, sa destinée accomplie, la mort le frappa de ses traits cruels. Il quitta ses demeures où d’autres s’installèrent. Que les siècles précédents vous servent de leçons.

Où sont les géants et leurs descendants, les pharaons et leurs successeurs? Où sont les habitants des villes d’Al Rass qui ont mis à mort les prophètes, aboli les traditions des Messagers de Dieu et ressuscité les mœurs des tyrans?

Où sont ceux qui ont levé des troupes, battu des légions, formé des armées et édifié des cités?

Puis l’Imam ajouta: O vous les hommes! Je vous ai prodigué des sermons identiques à ceux que les inspirés de Dieu ont répandus parmi leurs peuples je vous ai donné ce que les disciples ont donné après eux. Je vous ai corrigés de mon fouet et vous ne vous êtes pas redressés. Je vous ai durement avertis et vous ne vous êtes point unis. Mon Dieu que faire? Vous vous imaginez qu’un Imam autre que moi vous ouvrira la route et vous conduira sur le droit chemin?

Ce qui dans la vie appartenait à l’avenir est déjà du passé et le futur n’est plus que du présent. Les hommes pieux se préparent pour le grand départ. Ils ont échangé le peu de ce monde qui ne dure pas contre l’immense grâce de l’autre monde qui ne finit pas.

Que gagneraient nos frères, dont le sang a été versé à Saffine, à être aujourd’hui en vie, à subir des misères, alors qu’ils ont rencontré leur créateur et sont en son voisinage. I1 leur a ouvert la maison de la sécurité et ils ne connaissent plus la peur.

Où sont mes frères qui se sont mis en route et ont suivi le sentier de la justice? Où est Ammar? Où est Ibn Tayahan? Où est celui dont le témoignage en valait deux (Il s’agit là de l’un des compagnons du Prophète)? Où sont donc ceux qui les égalaient, qui avaient fait le serment de mourir et dont les têtes ont été portées pour être montrées publiquement?

Là l’Imam Ali frappa de sa main sa barbe puis pleura longuement, et dit:

Je regrette mes frères qui ont récité le Coran et l’ont maîtrisé, qui ont compris les commandements de Dieu et s’y sont astreints; ils ont vivifié la tradition et tué l’innovation, ils furent appelés à la guerre sainte et ils ont répondu à l’appel. Ils ont fait confiance au chef et l’ont suivi.

Puis du plus fort de sa voix, l’Imam fit ce appel: « La guerre sainte! la guerre sainte! Adorateurs de Dieu, aujourd’hui j’appelle à la mobilisation; que celui qui désire la rencontre avec Dieu sorte avec moi ».

N.B: Ce jour même, il mit sous les ordres de son fils Al Hussein, dix mille hommes, sous Qâis Ibn Saad autant, le même nombre sous le commandement de Abi Ayoub Al Ansari et sous d’autres chefs d’autres troupes.

Une semaine après l’Imam fut assassiné par le maudit Ibn Maljam.

I1 s’en suivit une débandade de l’armée. Elle était devenue comme un troupeau ayant perdu son pâtre. Les chacals s’acharnaient sur elle de tous côtés et en tous lieux.