L’avis de deux grands savants chiites sur les accusations de fornication contre Aicha

Dans cet article, nous allons aborder l’avis d’Abu Ja’far Al-Tusi (rah) et de Mohammad Baqir Al-Majlissi (rah) sur les accusations de fornication contre Aicha après la mort du Prophète (sawas).

À propos de ce sujet, l’extrême majorité des savants chiites ont affirmé qu’aucune femme du prophète Mohammad (sawas) ou d’un autre prophète n’a forniqué, commis l’adultère ou tout autre acte sexuel illicite avec des hommes étrangers. La petite minorité, insignifiante en nombre, qui a tenu des affirmations contraires a été considérée comme portant un avis extrémiste (« shadh ») sur ce sujet. Un avis extrémiste et/ou minoritaire n’est pas toujours faux, certes, mais il est ce qu’il est, minoritaire et contredisant certaines bases.

 

Il est impossible de rassembler tous les paroles des savants sur ce sujet dans un petit article, il a été donc considéré comme intéressant de présenter l’avis de l’un des plus grands savants des 5 premiers siècles de la grande occultation (du 10ème au 15ème siècle) et l’avis de l’un des plus grands savants des 5 derniers siècles (par rapport au moment où l’article a été écrit) de la grande occultation (du 15ème au 20ème siècle) : Al-Tusi et Al-Majlissi.

 

L’avis d’Al-Tusi

Abu Ja’far Mohammad bin Al-Hassan Al-Tusi (995-1067), appelé « sheikh al-Ta’ifa » (littéralement « le chef du groupe », des chiites donc), est l’un des plus grands anciens savants du chiisme et personne ne peut remettre en cause sa science et son dévouement pour l’école d’Ahl el Bayt (as). Il est le compilateur de deux (Al-Istibsar et Al-Tahdib) des quatre livres fondamentaux de hadiths du chiisme duodécimain (Al-Kafi, Man la Yahduruhu Al-Faqih, Al-Istibsar et Al-Tahdib).

 

Il a écrit de très nombreux ouvrages dont un tafsir (exégèse) coranique du nom de « Al-Tibiane fi Tafsir Al-Qur’an » où il dit dans l’explication du verset 10 de la sourate Al-Tahrim qui est « Allah a cité en parabole pour ceux qui ont mécru la femme de Noé et la femme de Lot. Elles étaient sous l’autorité de deux vertueux de Nos serviteurs. Toutes deux les trahirent et ils ne furent d’aucune aide pour [ces deux femmes] vis-à-vis d’Allah. Et il [leur] fut dit: ‹Entrez au Feu toutes les deux, avec ceux qui y entrent› » (Coran 66:10)

 

Sheikh Al-Tusi dit : « Et concernant Sa parole ‘Allah a cité en parabole pour ceux qui ont mécru la femme de Noé et la femme de Lot. Elles étaient sous l’autorité de deux vertueux de Nos serviteurs’. Ibn Abbas a dit : La femme de Noé et la femme de Lot étaient hypocrites (Toutes deux les trahirent). Ibn Abbas a dit : La femme de Noé était mécréante et il disait aux gens qu’il était fou. Et la femme de Lot montrait/dénonçait ses invités.

 

Ceci était leur trahison. Et jamais une femme de prophète n’a forniqué, car cela provoquerait le déshonneur et la honte envers le Messager. Ainsi, celui qui accuse l’une des femmes du prophète de fornication, il a donc commis une erreur immense. Et ça ne peut pas être les paroles d’une personne qui a acquis (la science) (…) »

 

« Al-Tibiane fi Tafsir Al-Qur’an », d’Al-Tusi, Vol 10, page 52

 

وقوله ( ضرب الله مثلا للذين كفروا امرأة نوح وامرأة لوط كانتا تحت عبدين من عبادنا صالحين ) قال ابن عباس : كانت امرأة نوح وامرأة لوط منافقتين ( فخانتاهما ) قال ابن عباس : كانت امرأة نوح كافرة ، تقول للناس انه مجنون ، وكانت امرأة لوط تدل على أضيافه ، فكان ذلك خيانتهما لهما ، وما زنت امرأة نبي قط ، لما في ذلك من التنفير عن الرسول وإلحاق الوصمة به ، فمن نسب أحدا من زوجات النبي إلى الزنا ، فقد أخطأ خطأ عظيما ، وليس ذلك قولا لمحصل . ثم قال ( فلم يغنيا عنهما ، أي لم يغن نوح ولوط عن المرأتين ( من الله شيئا ) أي لم ينجياهما من عقاب الله وعذابه ( وقيل ) لهما يوم القيامة ( ادخلا النار مع الداخلين من الكفار . وقال الفراء : هذا مثل ضربه الله تعالى لعائشة وحفصة ، وبين انه لا يغنيهما ولا ينفعهما مكانهما من رسول الله إن لم يطيعا الله ورسوله ، ويمتثلا أمرهما ، كما لم ينفع امرأة نوح وامرأة لوط كونهما تحت نبيين . وفي ذلك زجر لهما عن المعاصي وامر لهما أن يكونا كآسية امرأة فرعو

 

 

 

Si Al-Tusi précise qu’aucune femme ne peut forniquer et que cela est une insulte à leurs époux prophètes (et leur honneur) dans le tafsir de ce verset, c’est parce que certains extrémistes chiites ont prétendu que le « Toutes deux les trahirent » du verset désignait la trahison conjugale (tromper sexuellement). L’un des tafsirs qui prétend cela est le fameux Tafsir Al-Qummi, ouvrage qui a créé beaucoup de polémiques au sein des savants, certains le considérant comme authentique et d’autres comme non-authentique, du moins partiellement.

 

Tout ceci nous mène vers Al-Majlissi qui a commenté ce qu’aurait rapporté Al-Qummi dans son tafsir à ce propos.

 

L’avis d’Al-Majlissi

Al-allamah Mohammad Baqer Al-Majlissi (1616-1698) est l’un de nos plus grands savants, incroyable dans sa science et sa force de travail. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Bihar Al-Anwar » composé de 110 volumes.

 

Al-Majlissi aborde ce sujet quand il commente sur ce qui est venu dans Tafsir Al-Qummi après avoir mis une référence/petit extrait. Puisqu’il ne présente pas l’extrait en entier, nous allons résumer ce qui se trouve dans Tafsir Al-Qummi : en chemin vers un lieu (=bataille du chameau), « fulan » (« tel homme ») a forniqué avec « fulana » (« telle femme »).

 

On comprend directement que le concerné (fulan) est Talha et la concernée (fulana) est Aicha en route vers la bataille du Chameau. Et tout le monde sait que Talha était amoureux de sa cousine Aicha, les tafsirs chiites et sunnites le disent car il le disait sans honte au Prophète et Dieu a alors révélé les versets interdisant les femmes du prophète de se marier après sa mort pour cette raison.

 

Donc, Al-Majlissi met un petit extrait de ce passage de Tafsir Al-Qummi et dit :

 

« Explication : Par ‘fulan’ (‘tel homme’), est visé Talha et même si ceci est un récit, il est extrémiste (shadh) et contraire à certaines bases (usul). Même s’il peut venir de Talha ce qui indique qu’il avait dans sa minable intention des choses telles que cela mais le fait que cela ait lieu est éloigné rationnellement, textuellement, culturellement (le reconnu socialement) et habituellement (les habitudes). Et laisser tomber ces choses est prioritaire (meilleur). »

 

Bihar Al-Anwar; d’Al-Majlissi, vol 32, page 299

 

قال علي بن إبراهيم في قوله :  » وضرب الله مثلا  » ثم ضرب الله فيهما مثلا فقال : * ( ضرب الله مثلا للذين كفروا امرأة نوح وامرأة لوط كانتا تحت عبدين من عبادنا صالحين فخانتاهما ) * قال : والله ما عنا بقوله : بيان : المراد بفلان طلحة وهذا إن كان رواية فهي شاذة مخالفة لبعض الأصول ، وإن كان قد يبدو من طلحة ما يدل على أنه كان في ضميره الخبيث مثل ذلك لكن وقوع أمثال ذلك بعيد عقلا ونقلا وعرفا وعادة وترك التعرض لأمثاله أولى