L’HISTOIRE DU CHIISME: (2) La cause de la séparation entre la minorité shi’ite et la majorité sunnite

Les amis et partisans d’Ali croyaient qu’après la mort du Prophète, le califat et ‎l’autorité religieuse revenaient à Ali. Cette croyance provenait de leur ‎considération de la situation d’Ali et de ses relations envers le Prophète, envers les ‎élus parmi les compagnons et envers les musulmans en général. Ce furent ‎seulement les événements qui se produisirent pendant les quelques jours de la ‎maladie du Prophète qui provoquèrent une opposition à leurs vues ‎.

Contrairement à leur attente, lorsque le Prophète quitta ce monde, et tandis que ‎sa famille et quelques Compagnons étaient occupés à préparer les funérailles, les ‎amis et partisans d’Ali apprirent l’activité d’un autre groupe qui s’était rendu à la ‎mosquée où la communauté était réunie en raison de la disparition soudaine de ‎son chef. Ce groupe, qui devait plus tard former la majorité, entreprit en grande ‎hâte, sans consulter la famille du Prophète, ni ses proches, ni plusieurs de ses amis, ‎et sans même leur fournir la moindre information, de choisir un calife pour les ‎musulmans, en apparence pour assurer le salut de ces derniers. C’est ainsi qu’Ali et ‎ses compagnons furent mis devant un fait accompli ‎. ‎

Après les funérailles du Prophète, Ali et ses amis, tels qu’Abbâs, Zubayi, Salmân, ‎Abû Dharr, Miqdâd et Ammâr apprirent la façon dont le premier calife avait été ‎élu. II protestèrent contre le choix d’un calife par consultation ou élection, et ‎également contre les responsables de cette affaire. Ils présentèrent leurs propres ‎arguments, mais la réponse fut que tel était le bien-être des musulmans, et que la ‎solution résidait en ce qui avait été fait ‎. ‎

Cette protestation et cette critique furent à l’origine de la scission de la minorité, ‎dont les éléments furent connus dans la société comme les «partisans» ou ‎‎«Shi’iah» d’Ali, d’avec la majorité. Le califat de l’époque était inquiet de voir ainsi la ‎communauté musulmande divisée en une majorité et une minorité. Ceux qui ‎soutenaient le calife considéraient que le califat était une question de consensus de ‎la communauté et nommaient ceux qui protestaient les « opposants à l’allégeance ‎‎». Ils prétendirent donc que la minorité se tenait dans l’opposition envers la société ‎musulmane. Parfois elle fut désignée par d’autres termes péjoratifs et ‎dégradants ‎. ‎

Dès le début le Chiisme fut condamné à cause de sa situation politique. Il ne put, ‎par conséquent, obtenir quoi que ce soit au moyen de protestations politiques. ‎Afin de sauvegarder l’unité de l’Islam et le bien-être des musulmans, et aussi du ‎fait de l’absence d’une puissance militaire et politique suffisante, Ali n’entreprit ‎point de se soulever contre l’ordre existant en une révolte qui eut été sanglante. ‎Pourtant ceux qui protestèrent contre le califat établi refusèrent de se soumettre à ‎la majorité et continuèrent à soutenir que la succession du Prophète et l’autorité ‎religieuse appartenaient de plein droit à Ali ‎. Ils croyaient que pour toutes les ‎matières spirituelles et religieuses il fallait se référer à lui et invitaient le peuple à ‎rejoindre ses partisans ‎. ‎