Tout sur la zakat de la rupture du jeûne

Tout musulman est censé savoir que la zakat de la rupture du jeûne (appelée aussi la zakat du corps) fait partie des obligations de la loi islamique.L’Imam as–Sadiq (a.s) a dit: «De même que la prière sur le Prophète (a.s.s) est nécessaire pour que la prière soit complète, la zakat de la rupture du jeûne est nécessaire pour que celui–ci soit complet. En effet, si quelqu’un s’abstient d’acquitter la zakat de la rupture du jeûne, son jeûne ne sera pas accepté, et si quelqu’un s’abstient de prier sur le Prophète (a.s.s), sa prière ne sera pas acceptée. [Dans le Coran], Dieu a cité la zakat avant la prière. Il a dit: «Heureux celui qui acquitte la zakat, et se rappelle le nom de son Seigneur, puis fait la prière.»[1][2]

Qui doit acquitter cette zakat?

L’Imam as–Sadiq (a.s) a dit: «Celui qui a de quoi se nourrir pendant une année n’a pas le droit à l’aumône, et doit acquitter la zakat de la rupture du jeûne.»[3]

Il a dit aussi: «L’orphelin n’est pas obligé d’acquitter la zakat.»[4]

Pour qu’un individu soit obligé d’acquitter la zakat de la rupture du jeûne, il faut que les conditions suivantes soient réunies:

1- Il doit avoir effectivement de quoi se nourrir et nourrir sa famille pendant une année complète, ou bien avoir un gagne–pain.

2- Il doit être pubère.

3- Il doit être sain d’esprit.

4- Il doit être conscient (c’est–à–dire il n’a pas perdu connaissance).

Ces trois dernières conditions doivent être réunies chez lui avant le coucher du soleil du dernier jour du mois de Ramadhan.

 

Les personnes concernées par cette zakat

 

L’Imam as–Sadiq (a.s) a dit: «Il est obligatoire d’acquitter la zakat de la rupture du jeûne pour les petits, les grands, les personnes libres et les esclaves. Il faut acquitter pour chacun d’entre eux un sa‘[5]de blé, de dattes ou de raisins secs.»[6]

Quelqu’un a dit à l’Imam as–Sadiq (a.s): «Si un invité reste chez son hôte jusqu’au jour de l’Aïd, celui–ci devra t–il acquitter la zakat pour lui?» Et l’Imam (a.s) lui a dit: «Oui. Il devra acquitter la zakat de la rupture du jeûne pour toute personne qui est à sa charge, qu’elle soit grande ou petite, du sexe masculin ou féminin, libre ou esclave.»[7]

Les jurisconsultes ont dit que l’homme doit acquitter la zakat de la rupture du jeûne pour soi–même et pour tous ceux qui sont à sa charge. Il doit l’acquitter même pour l’invité et le nouveau–né, mais à condition qu’ils

soient présents avant le coucher du soleil du dernier jour du mois de Ramadhan. Et si, la veille de l’Aïd, l’une des personnes qui sont à sa charge est prise en charge par une autre personne (même en tant qu’invité), il ne sera pas obligé d’acquitter la zakat pour elle.

Ce qu’il faut donner en aumône

Quelqu’un a dit à l’Imam as–Sadiq (a.s): «Si on veut acquitter la zakat de la rupture du jeûne, que devra–t–on donner en aumône?» et l’Imam (a.s) lui a dit: «Il faut donner un sa‘ de dattes, de raisins secs, ou d’un autre aliment.»[8]

Il a dit aussi: «Il est obligatoire d’acquitter la zakat pour chaque tête…[Pour chacune], il faudra donner en aumône quatre moudds de blé, de dattes ou de raisins secs, soit un sa‘ tout entier.»[9]

L’Imam as–Sadiq (a.s) a dit aussi: «[Les habitants de chaque pays] doivent acquitter la zakat de la rupture du jeûne en donnant en aumône les mêmes aliments que ceux dont ils nourrissent leurs familles, comme le lait, les raisins secs, ou tout autre aliment.»[10]

Il a dit aussi: «Chacun doit donner en aumône les mêmes aliments que ceux dont il se nourrit.»[11]

Quelqu’un lui a dit aussi: «Est–il permis d’acquitter la zakat de la rupture du jeûne en donnant au pauvre une quantité d’argent (c’est–à–dire le métal précieux) ayant la même valeur que la quantité de vivres qu’il faudra lui

donner en aumône?» Et l’Imam (a.s) lui a dit: «Oui. Cela est plus utile pour lui. Il pourra s’en servir pour acheter ce qu’il voudra.»[12]

Les jurisconsultes ont dit ceci: «Ce qu’on est obligé de donner en aumône lorsqu’on veut acquitter la zakat de la rupture du jeûne est un sa‘ de blé, d’orge, de dattes, de raisins secs, de fromage, de riz, de maïs ou de tout autre aliment.» Et d’après eux, il est préférable de donner en aumône du blé, de l’orge, des dattes, ou des raisins secs, parce que ces quatre aliments ont été cités dans plusieurs hadiths. Vraisemblablement, à l’époque des Imams (a.s), les gens se nourrissaient principalement de ces quatre aliments, et c’est la raison pour laquelle ils ont été cités dans plusieurs hadiths. Donc, on peut dire qu’il est préférable de donner en aumône l’aliment le plus consommé à l’époque où l’on est. C’est ce qu’on peut comprendre du hadith que nous venons de citer, c’est–à–dire celui où l’Imam as–Sadiq (a.s) a dit: «Chacun doit donner en aumône les mêmes aliments que ceux dont il se nourrit.»

Il convient de signaler que chaque sa‘ pèse environ trois kilogrammes, et qu’il est permis, voire préférable, de donner en aumône de l’argent au lieu des aliments, car avec l’argent, le pauvre pourra acheter ce qu’il voudra.

 

Le moment de l’acquittement de cette zakat

 

Quelqu’un a dit à l’Imam as–Sadiq (a.s): «Quand est–ce qu’on doit acquitter la zakat de la rupture du jeûne?» et l’Imam (a.s) lui a dit: «Avant la prière du jour de la rupture du jeûne (c’est–à–dire le jour de l’Aïd)[13]

Quelqu’un lui a dit: «Est–il obligatoire d’acquitter la zakat pour un nouveau–né qui est venu au monde la veille de l’Aïd?» Et l’Imam (a.s) lui a dit: «Il n’est pas obligatoire d’acquitter la zakat de la rupture du jeûne pour lui. Celle–ci n’est obligatoire que pour celui qui était présent au mois de Ramadhan.»[14]

Les jurisconsultes ont dit que le moment où la zakat de la rupture du jeûne devient obligatoire coïncide avec l’apparition de la nouvelle lune du mois de Chawwal, et que le moment de son acquittement commence au moment où elle devient obligatoire et se prolonge jusqu’au milieu du jour le l’Aïd.

Mais, d’après plusieurs hadiths, il est préférable de l’acquitter avant la prière de l’Aïd. Si quelqu’un n’acquitte pas la zakat de la rupture du jeûne avant midi ou ne la met pas de côté avant ce moment–là, il devra l’acquitter après midi avec l’intention de se rapprocher de Dieu. C’est–à–dire il ne devra l’acquitter ni avec niyyat–ul–qadha’ (l’intention de compenser une ‘ibada manquée) et ni avec niyyat–ul–ada’ (l’intention d’accomplir une ‘ibada en son temps), car certains éminents jurisconsultes (comme cheikh as–Sadouq, cheikh al–Moufid et al–Mouhaqqiq al–Hilli) ont dit qu’elle ne peut pas être acquittée après midi puisque le moment de son acquittement se termine à midi. D’ailleurs, c’est ce qu’on comprend du hadith où l’Imam as–Sadiq (a.s) a dit: «Si tu l’acquittes avant d’aller faire la prière de l’Aïd, elle sera considérée comme étant la zakat de la rupture du jeûne. Et si tu l’acquittes après la prière, elle sera considérée comme étant une simple aumône.»[15]

Il n’est pas permis d’acquitter la zakat de la rupture du jeûne avant l’apparition de la nouvelle lune du mois de Chawwal, parce que le moment de son acquittement commence avec l’apparition de celle–ci. Donc, si quelqu’un l’acquitte avant l’apparition de la nouvelle lune, elle sera pareille à une prière faite avant son temps. Toutefois, il est permis de la donner à un pauvre à titre de prêt, puis la considérer comme étant la zakat de la rupture du jeûne après l’apparition de la nouvelle lune.

A qui doit–on la donner?

Quelqu’un a dit à l’Imam as–Sadiq (a.s): «A qui peut–on donner la zakat de la rupture du jeûne?» Et l’Imam (a.s) lui a dit: «A celui qui n’a rien.»[16]

L’Imam as–Sadiq (a.s) a dit aussi: « [Donne] la zakat de la rupture du jeûne à ceux qui la méritent. Et si tu ne trouves aucun d’entre eux, donne–là à ceux qui ne se sont pas dressés contre [Ahl–ul–bayt (a.s)].»[17]

En s’appuyant sur des hadiths d’Ahl–ul–bayt (a.s) et sur le verset coranique qui dit: «Les aumônes ne sont destinées qu’aux pauvres, aux miséreux…», Les jurisconsultes ont dit que les bénéficiaires de la zakat de la rupture du jeûne sont les mêmes que ceux des autres zakats, à l’exception de deux catégories: les gens dont les coeurs sont à gagner et les percepteurs de la zakat.

Les jurisconsultes ont dit aussi qu’il est permis de donner la zakat de la rupture du jeûne aux nécessiteux sunnites, à moins qu’il n’y ait des nécessiteux chiites.

Quelques préceptes

1- Il n’est pas permis de donner à un pauvre moins d’un sa‘ (environ trois kilogrammes) à titre de la zakat de la rupture du jeûne. La preuve pour cela est le hadith où l’Imam as–Sadiq (a.s) a dit: «Ne donne à personne unequantité inferieure à celle qui doit être acquittée pour chaque tête.»[18]

2- La zakat de la rupture du jeûne doit être acquittée avec an–niyya (l’intention de se rapprocher de Dieu), car elle est une ‘ibada.

3- L’auteur d’al–jawahir a dit: «Il est recommandé de donner l’aumône d’abord aux proches, puis aux voisins. La preuve pour cela, est le hadith où l’Imam as–Sadiq (a.s) a dit: «Tant qu’un proche est dans le besoin, on n’a pas le droit de donner l’aumône à quelqu’un d’autre.» et le hadith où il a dit: «Les voisins d’une personne méritent son aumône mieux que les autres.» Il faut commencer de préférence par les savants et les gens pieux. La preuve pour cela, est le hadith où l’Imam as–Sadiq (a.s) a dit: «Donne–leur selon leurs ancienneté dans l’adoption de l’islam, leur niveau du savoir, et le degré de leur sagesse.».» Ensuite, ce même auteur a dit: «Cela veut dire que le lien de parenté, le voisinage, la piété, le savoir et la sagesse doivent être pris en considération [lors du partage de la zakat].»[19]

[1] La plupart des traducteurs (si ce n’est pas tous) ont traduit ce verset comme ça:‎« Heureux celui qui se purifie…». Vraisemblablement cette traduction est‎ incorrecte, car en lisant ce hadith, on comprend directement que le mot arabe ‎«tazakka» veut dire: «Qui acquitte la zakat» (NdT)‎

[2] Al–wasa’il (V: 9 / P: 318)‎

[3] Al–wasa’il (V: 9 / P: 323)‎

[4] Al–wasa’il (V: 9 / P: 326)‎

[5] Le sa‘ est une ancienne unité de mesure qui valait environ trois kg. (NdT)‎

[6] Al–wasa’il (V: 9 / P: 327)‎

[7] Al–wasa’il (V: 9 / P: 327)‎

[8] Al–wasa’il (V: 9 / P: 333)‎

[9] Al–wasa’il (V: 9 / P: 339)‎

[10] Al–wasa’il (V: 9 / P: 343)‎

[11] Al–wasa’il (V: 9 / P: 344)‎

[12] Al–wasa’il (V: 9 / P: 347)‎

[13] Al–wasa’il (V: 9 / P: 355)‎

[14] Al–wasa’il (V: 9 / P: 352)‎

[15] Al–wasa’il (V: 9 / P: 354)‎

[16] Al–wasa’il (V: 9 / P: 358)‎.

[17] Al–wasa’il (V: 9 / P: 360)‎

[18] Al–wasa’il (V: 9 / P: 362)‎.

[19] Al–jawahir (V: 15 / P: 542)‎