La Doctrine de l’Imâmat ‎

  1. Pourquoi les Shi’ites n’ont pas adopté l’opinion générale?
  2.  La nécessité de l’unité.
  3. L’unité ne peut se faire qu’en adoptant l’opinion générale (ijmâ’).

Je vous demande à présent de nous expliquer pourquoi vous avez abandonné les écoles de la majorité des Musulmans, et plus précisément la doctrine ash’arite concernant les principes de la religion, et les quatre écoles concernant les ramifications. Celles-ci furent adoptées par les ancêtres vénérables qui ont considéré qu’elles étaient les plus justes et les meilleures. Ils ont décidé de s’y appuyer en tout lieu et à tout moment. Ils furent unanimement convaincus de l’équité et de l’assiduité de leurs maîtres, ainsi que de leur intégrité, piété et dévotion. La pureté de leurs desseins, la probité de leurs esprits, la perfection de leur vie, ainsi que leur haute capacité de réflexion et d’action sont jugées indéniables.

Aujourd’hui, nous avons grandement besoin d’unité, et en adoptant ces écoles, conformément à l’opinion publique musulmane, vous participerez à ce rassemblement, car les ennemis de la religion ont décidé de nous tromper et ont poursuivi toute voie conduisant à notre déchéance. Ils ont dès lors développé leurs idées, suscité leurs efforts alors que les Musulmans assoupis ignorent leur calamité et les aident contre eux-mêmes. Les Musulmans ont brisé et déchiré l’unité de leurs peuples en suscitant l’esprit de corps; ils se sont dispersés, détachés en morceaux, se trompant les uns les autres, se désolidarisant les uns des autres. C’est ainsi que les loups ont réussi à nous dévorer et que les chiens nous ont convoités.

Trouvez-vous, qu’Allah vous éclaire Sa voie, d’autres possibilités pour rassembler les Musulmans? Dites et ils entendront, ordonnez et ils obéiront. Saluts à vous.

‎1.‎            Les preuves légales imposent l’école des Ahlul- ‎Bait*. ‎

‎2.‎            Aucune preuve ne prône la nécessité d’adopter les ‎quatre écoles de l’opinion générale. ‎

‎3.‎            La population des trois premières générations de ‎l’Islam ne les connait pas.

4.            La recherche assidue ‎est toujours possible. ‎

‎5. ‎           L’unité   se   réalise   en   respectant   l’école   des ‎Ahlul-Bait. ‎

‎1. Si nous avons adopté une autre doctrine que la ‎doctrine ash’arite concernant les principes, et une autre ‎école que les quatre autres concernant les ramifications, ‎nous n’agissons ‎pas dans un quelconque esprit partisan ou de corps, ni ne ‎doutons de l’assiduité, de l’équité, de la probité ou de la ‎pureté des Imams de ces écoles, ou bien de leur haute capacité ‎de réflexion et d’action. Cependant, les preuves légales nous ‎imposent d’adopter l’école des Imams des Ahlul-Bait, la ‎famille de la prophétie, le dépôt du Message et des différents ‎anges, le réceptacle de l’inspiration et de la Parole. Nous nous ‎sommes référés à eux pour tout ce qui touche aux dérivations ‎et aux fondements, aux principes et aux règles de la ‎jurisprudence, pour connaître la Sunna et le Livre, ‎conformément aux exigences des preuves et des signes, nous ‎vouant à la Sunna du maître des prophètes et des messagers, ‎qu’Allah lui adresse, ainsi qu’à sa famille, Ses prières. Si les ‎preuves nous avaient autorisé à délaisser les Imams de la ‎famille de Mohammed (SAW), ou si nous pouvons obtenir ‎l’intention de nous rapprocher d’Allah le Sublime en suivant ‎une autre école, nous aurions suivi la voie de la masse des ‎Musulmans, nous nous serions tenus derrière eux, pour ‎confirmer notre appartenance et renforcer les liens de la ‎fraternité. Mais les preuves formelles entraveraient le chemin ‎suivi par le croyant et l’empêcheraient de réaliser ce qu’il avait ‎envisagé de faire. ‎

‎2.‎            Par ailleurs, aucune preuve ne fait pencher la balance ‎en faveur des écoles de l’opinion générale, aucune preuve ne ‎les rend obligatoires. Nous avons étudié minutieusement et ‎recherché scrupuleusement les preuves apportées par les ‎Musulmans sans y trouver ce qui indiquerait la nécessité ‎d’adopter ces écoles, mis à part ce que vous avez avancé ‎concernant l’assiduité, la probité, l’équité et la grandeur de ‎leurs maîtres. ‎‎

Vous devez cependant reconnaître que ces qualités ne leur sont ‎pas exclusivement réservées. Comment est-il donc possible que ‎leurs écoles soient ainsi rendues obligatoires?    Je ne pense pas ‎que quelqu’un puisse prétendre que ces maîtres sont plus ‎méritants, dans leur savoir et leur action, que nos Imams, qui ‎sont les Imams de la pure descendance, le navire du salut de la ‎nation, la porte de son absolution, son refuge en cas de ‎discorde religieuse, les phares de la guidance, ce que le ‎prophète a qualifié de précieux, ce qui restera de lui dans sa ‎nation. Il (SAW) avait dit: “Ne les devancez pas, vous risquez ‎de périr, ne vous en éloignez pas, vous risquez de périr, ne leur ‎donnez pas de leçons, ils sont plus savants que vous”, mais la ‎politique, comme vous le savez, s’est ainsi déroulée au début ‎de l’Islam. ‎

Je m’étonne que vous disiez que les ancêtres vénérables avaient ‎adopté ces écoles et les avaient considérées comme étant les ‎plus adaptées et les plus justes, qu’ils aient été unanimes à y ‎adhérer en tout lieu et en tout temps, comme si vous ne saviez ‎pas que les générations vénérables, récentes et plus anciennes, ‎des partisans de la Famille de Mohammed, qui forment la ‎moitié des Musulmans, ont adopté l’école des Imams, ‎précieuse descendance du Messager d’Allah (SAW), n’ayant ‎pas trouvé d’autre issue. Ils n’ont cessé de le faire depuis ‎l’époque de Ali et de Fatima, où ni Al Ash’ar ni aucun des ‎Imams des quatre écoles, ni même leurs pères, n’étaient encore ‎là, comme tout le monde le sait. ‎

‎3.‎            Les Musulmans des trois premières générations de ‎l’Islam n’ont absolument pas adopté ces écoles. Mais qu’en ‎était-il tout d’abord à cette époque qui fut la meilleure? Al ‎Ash’ar naquit en 270 H. et mourut peu après 300 H. Ibn ‎Hanbal naquit en 164 H. et mourut en 241 H., Al-Shâf’î naquit ‎en 150 ‎et mourut en 204 H; Mâlek naquit en 95 H. et mourut en ‎‎‎179 H. Abu Hanîfa naquit en 80 H. et mourut en 150 H. ‎Quant aux Shi’îtes, ils croient dans l’école des Imams des ‎Ahlul-Bait, et ces derniers savent mieux que quiconque son ‎contenu, alors que les non-shi’ites se réfèrent aux écoles des ‎savants appartenant aux générations des compagnons et des ‎successeurs (Tâbi’i-în-s). Qui a donc imposé à tous les ‎Musulmans, trois générations plus tard, de suivre ‎exclusivememt ces écoles sans se référer aux autres qui ‎existaient auparavant? Qui leur a permis de s’écarter de ‎l’évidence du Livre divin, de la chose précieuse, de la ‎confidence du Messager d’Allah (SAW), de l’arche du salut ‎de la nation, de sa direction, de son refuge et de la porte de sa ‎Rémission? ‎

‎4.‎            Qui a donc déclaré que la porte de la recherche ‎‎(l’Ijtihâd) était dorénavant fermée aux Musulmans alors ‎qu’elle était largement ouverte aux cours des trois premiers ‎siècles? Ce ne peut être que la certitude de l’impuissance, ‎l’assurance de la paresse, la satisfaction d’être démuni, la ‎conviction dans l’ignorance. Qui accepterait de dire, ‎consciemment ou non, qu’Allah le Tout-Puissant envoya le ‎meilleur de Ses prophètes et de Ses messagers pour ‎transmettre la meilleure de Ses religions et de Ses lois, qu’il ‎révéla le meilleur des Livres, les meilleures pages portant Sa ‎Sagesse et Ses meilleures lois, qu’il paracheva la religion, qu’il ‎rendit toute la grâce à Son prophète, qu’il lui apprit la science ‎du passé et de l’avenir, dans le but de tout faire converger en ‎direction des Imams de ces écoles, qui l’accaparent pour eux-‎mêmes, empêchant sa transmission par d’autres qu’eux-mêmes, ‎comme si la religion musulmane, son Livre et ses lois, ses ‎évidences et ses signes leur appartiennent en propre, ne ‎permettant pas à d’autres qu’eux-mêmes de les manier sans ‎leur approbation. Furent-ils les héritiers du prophète? Allah a-‎t-Il scellé, par eux, les ‎régents et les Imams? Leur a-t-Il appris le passé et l’avenir? ‎Leur a-t-Il transmis ce qu’il n’a fait à aucun autre dans ces ‎deux Mondes? Evidemment non, ils furent semblables aux ‎autres hommes, des gardiens de la science, ses auxiliaires et ‎ses prédicateurs, mais ceux-ci auraient honte de clore et ‎d’entraver la voie de la recherche. Ils n’auraient pas ‎emprisonné la raison et l’entendement, ni endormi la sagacité ‎des gens, ni bouché les cœurs, ni assourdi l’ouïe, ni voilé la ‎vue, ni baillonné la parole, ni enchaîné les mains et les cous, ‎ni attaché les pieds. Ils ne peuvent en être accusés que par ‎ceux qui les dénigrent car leurs paroles confirment ce que ‎nous avançons. ‎

‎5.‎            En avant pour remplir la mission à laquelle vous ‎m’avez éveillé, qui est de rassembler les Musulmans! Je ne ‎crois pas, pour ma part, que cela dépende du renoncement des ‎Shi’îtes à leur doctrine, ni de celui des Sunnites à la leur; ‎charger exclusivement les Shi’îtes de ce fait équivaut à ‎admettre l’improbable, à préférer le douteux et à leur faire ‎porter au-delà de leur capacité, comme nous l’avons expliqué. ‎Il est évident que le rassemblement et l’organisation de l’unité ‎se feront lorsque vous émanciperez l’école des Ahlul-Bait, ‎lorsque vous la considérerez comme l’une des vôtres, afin que ‎le shafi’isme, le hanafisme, le malikisme et le hanbalisme ‎considèrent les Shi’ites de la famille de Mohammed (SAW) ‎comme ils se considèrent les uns les autres. C’est ainsi que ‎s’organisera leur rassemblement. ‎

Les divergences entre les différentes écoles sunnites ne sont ‎pas moindres que celles qui existent entre sunnites et shi’ites. ‎En témoignent les milliers de documents rédigés à propos des ‎principes et des ramifications de ces écoles. Pourquoi alors ‎reprocher aux Shi’ites d’être différents des Sunnites, et ne pas ‎reprocher à ces derniers de l’être vis-à-vis des Shi’ites? Ou ‎même de l’être entre eux? Si l’existence de ces quatre écoles ‎est permise, pourquoi ne seraient-elles pas cinq? Pourquoi ‎serait-il possible de rassembler les Musulmans autour des ‎quatre, mais lorsque s’ajoute une cinquième, l’unité devraitelle ‎se défaire, et les Musulmans se disperser en mille voies? Que ‎votre appel à nous en faveur de l’unité soit également un appel ‎aux partisans des autres écoles, cela serait d’ailleurs plus facile ‎entre elles. Pensez-vous que les partisans des Ahlul-Bait sont ‎la cause de la désunion et de la dispersion? Que l’adoption ‎des autres écoles soit une nécessité afin de rassembler les ‎cœurs et de regrouper les volontés, même si les écoles et les ‎opinions divergent, et que les penchants et les goûts soient ‎nombreux? ‎

Je ne pense pas que cela soit votre opinion, compte tenu de ‎votre affection pour le rapprochement. Saluts. SH ‎

tiré du livre les correspondences.