La vilayat de l’imam Ali (as) est le point de départ du chiisme: en Colombia:

Le premier cours d’études chiites organisé par l’Institut de sagesse et de spiritualité orientales, a eu lieu le lundi 12 juillet 2021, avec une conférence du Dr Najm Haidar, professeur de religions, au Barnard Collège de l’université de Columbia.
Le professeur Najm Haidar a obtenu un doctorat en 2007, à l’Université de Princeton, avec des recherches sur l’histoire des premiers siècles de l’Islam, l’impact du colonialisme et de la modernité sur le discours politique et religieux dans le monde islamique, l’histoire de l’Islam, la jurisprudence islamique et le chiisme. En 2011, il a publié un livre intitulé « les origines du chiisme » publié par l’université de Cambridge, et un livre intitulé « l’Islam chiite » sur le zaydisme, le chiisme duodécimain et l’ismaïlisme.

Le professeur Najm Haidar a déclaré : « Nous avons très peu de sources sur les premières décennies de l’Islam. L’un des problèmes dans les recherches sur cette période, est que les sources disponibles sont contradictoires et controversées. L’une des questions importantes de la recherche islamique est de savoir comment les chercheurs doivent gérer et utiliser ces sources. Il existe diverses narrations et théories sur la formation du chiisme, dont la plupart se concentrent sur la période après la mort du Prophète (psl). Après la mort du Prophète, il y a eu un débat sur son successeur et qui est digne de succéder au Prophète (psl). Un groupe disait qu’Ali ibn Abi Talib (AS) devait être le successeur du Prophète, et un autre groupe croyait qu’Abu Bakr méritait de succéder au Prophète. Chaque groupe a raconté des récits à l’appui de ses croyances. Dans cette perspective, le chiisme et le sunnisme sont nés immédiatement à la mort du Saint Prophète (psl).
Certains déclarent qu’Abdullah ibn Saba, un juif de La Mecque, fut l’initiateur du chiisme. Les partisans de cette théorie croient que le chiisme a interrompu l’âge d’or de l’islam. Ce point de vue n’a aucune justification ni crédibilité scientifique, et même l’existence historique et réelle de cette personne n’a pas été prouvée.

Il existe un troisième point de vue selon lequel le chiisme s’est répandu en Iran, à l’époque safavide, c’est à dire au XVe siècle, et qui croit que jusqu’à la période safavide, la distinction entre chiites et sunnites, n’existait pas.

Parlons d’informations qui sont historiquement prouvées, et dont nous sommes sûrs.
Au premier siècle après la disparition du Prophète (psl), il y avait un groupe de personnes fidèles à l’Imam Ali (AS). A cette époque, le premier calife Abu Bakr et le deuxième calife Umar ibn al-Khattab ont introduit un système politique basé sur le principe des « Sabeqa », des « précurseurs dans l’Islam », et pensaient que si une personne avait cru au Prophète plus tôt, elle était plus qualifiée pour diriger la société islamique. Omar a insisté sur cette idée plus longtemps qu’Abu Bakr. Les personnes qui avaient cru plus tôt eurent la priorité et le statut des chefs de tribus, fut ignoré. Mais Uthman inversa cette méthode et donna la supériorité au statut tribal. Pour cette raison, certaines personnes devinrent des ennemis d’Uthman.

Des sources chiites disent qu’Uthman a régné pendant 12 ans, dont 6 ans étaient bons et 6 ans mauvais. Uthman était de la tribu des Bani Ommayeh et s’était converti à l’islam plus tôt que tous les autres membres de la tribu. Uthman a aboli ce système de priorité, a donné la priorité à la classe tribale et a amené les chefs tribaux au pouvoir. Cette situation a blessé la plupart des musulmans non arabes, qui n’avaient aucun statut tribal. Par conséquent, ceux qui avaient une plus longue expérience dans l’Islam et ceux qui n’étaient pas arabes, appelés « les pieux » ou « les lecteurs du Coran », ont été vivement blessés par ce changement de cap.

Il existe une théorie selon laquelle ceux qui s’opposaient au statu quo étaient appelés « chiites », et le groupe des Bani Ommayeh et les partisans du gouvernement étaient appelés « sunnites », mais ce n’est pas exact car parmi les opposants au troisième calife, il y avait divers groupes, dont les Kharijites. Par conséquent, les sunnites ne sont pas tous des Bani Ommayeh et tous les opposants au troisième calife ne peuvent pas être appelés chiites.

Un groupe de ces personnes appelées « le groupe des pieux » a tué Uthman en 35 de l’hégire, et Ali ibn Abi Talib (as) a succédé à Uthman. Après Ali (as), lui succèdent son fils Hassan (as) puis Hussein (as) qui joua un rôle clé dans la formation du chiisme. Peu à peu, le concept de la « Wilayat » s’est formé qui était une sorte de loyauté envers l’Imam Ali (as). Ces gens regrettaient que l’Imam Ali (as) n’ait pas succédé au Prophète. Ils constituaient un très petit groupe qui soutenait l’Imam Ali (as). L’imam Ali (as) n’a pas prêté attention au statut tribal mais à la supériorité des individus dans la vertu et l’honnêteté. Ce groupe appelé « les chiites d’Ali » était constitué par un très petit nombre de personnes qui avaient prêté allégeance à l’Imam Ali (AS), et on pense que ce groupe avait disparu au martyre de l’Imam Ali (as). Cependant le concept de la wilayat s’est à nouveau renforcé, à l’époque de l’Imam Hussein (AS) et après son martyre à Karbala. A partir du 2ème siècle de l’hégire, le concept de la wilayat s’est élargi et s’est étendu de l’Imam Ali (as) à ses descendants, et a pris une forme officielle.

Dans le livre « Sunan Al Darimi » d’un écrivain non chiite, il est dit qu’aux premiers siècles, la façon de s’habiller et de prier était différente, et que même la façon de faire les ablutions était différentes selon l’appartenance à telle ou telle école. Il existe un texte du IIIe siècle d’un auteur chiite, qui divise certaines mosquées de Koufa entre « bonnes et mauvaises », dans lesquelles les prières sont récitées différemment. Par exemple, dans certaines mosquées, les fidèles récitaient l’invocation (Qunut) et dans d’autres non.

A cette époque, les gens étaient chiites ou non chiites, et il n’y avait pas de religion sunnite. A cette époque, le concept de pèlerinage a été créé et le pèlerinage au sanctuaire de l’Imam Hussein (as) est devenu une partie du culte chiite.

Peu à peu, le mot chiite s’est formé. Des questions sur la formation du monde, la preuve de l’existence de Dieu, la prédestination et la théologie, ont été interprétées de façons différentes, en fonction des écoles.

Jusqu’au Ve siècle, certaines croyances mutazilites sont entrées dans la théologie et la jurisprudence chiites, et la théorie de l’imamat s’est formée. Le concept de la justice divine était un des principaux concepts des Mutazilites et signifiait que tout ce que Dieu fait, est basé sur la justice. Ce concept est entré dans la théologie chiite ainsi que la croyance en « l’infaillibilité » des Imams (as) qui doivent interpréter la parole de Dieu correctement.

Les chiites croyaient également qu’Ali (as) devait être nommé comme successeur, par le Prophète (psl) et que les autres Imams (as) devaient être nommés par l’Imam précédent.

En conclusion, en tant qu’historien, j’examine ce processus d’un point de vue historique mais ceux qui s’intéressent au kalam (philosophie dialectique) peuvent aborder l’origine du chiisme dans une approche dialectique ou philosophique.