L’UNICITÉ “TAWHID” DANS L’ECOLE D’AHL-UL-BAYT:

«Le premier pas vers la Religion, c’est la Connaissance d’Allah ;

la perfection de cette Connaissance, c’est croire en Son Unicité ; et la perfection de la croyance en Son Unicité, c’est Lui être fidèle.»(226)

«Allah n’accepte pas un acte que l’on accomplit sans le connaître, ni un savoir sans action. Car celui qui connaît, sa connaissance le conduit à l’action ; celui qui n’a pas d’action n’a donc pas de connaissance. La Foi est faite de parties complémentaires.»(227)

L’Unicité (Tawhîd) est le fondement de la compréhension et de la pensée en Islam. Elle est l’axe du Savoir et de l’Action. En un mot, elle est le point de départ et la base de la Législation, des Valeurs, de la Morale et du mode de pensée.

Le concept de “l’Unicité” fait partie du Fondement de la Civilisation islamique, qui se distingue par sa couleur “unicitaire” :

«L’Onction d’Allah ! Et qui peut donner meilleure onction qu’Allah ? C’est Lui Que nous adorons.» (Sourate al-Baqarah, 2 : 138)

C’est l’onction “unicitaire” qui distingue la Civilisation islamique des civilisations obscurantistes, et qui lui confère ses qualités missionnaires spécifiques. Et c’est cette onction “unicitaire” qui assigne à la conduite et à la pensée du Musulman un caractère distinctif.

Le Noble Coran et la Sunnah sont la source de la pensée et du mode de pensée doctrinal. Ils nous ont expliqué clairement la Doctrine de l’Unicité, montré l’Existence d’Allah, défini Ses Qualités de Perfection et démontré Sa Sainteté absolue. Dès lors, les fondements et les racines de cette Doctrine se sont parachevés, et les premiers Musulmans y ont cru après l’avoir apprise du Saint Prophète et du Coran.

L’Islam s’est répandu, les conquêtes musulmanes se sont multipliées, des peuples et des nations de civilisations et de philosophies obscurantistes, appartenant à la Perse, à l’Inde, à la Chine, etc. ont embrassé l’Islam.

De même, des adeptes du christianisme et du judaïsme déviés, et des gens ayant subi l’influence de la philosophie et de la théologie chrétiennes et juives sont entrés en Islam. En outre, des idées et des conceptions philosophiques grecques et autres ont été transposées en Islam. Il s’en est suivi que des controverses et des doutes se sont manifestés, et que des superstitions et des notions occidentales ont frayé un chemin dans la Doctrine islamique à travers cette infiltration civilisationnelle destructrice. La Doctrine “unicitaire” s’est trouvée ainsi troublée au sein de la catégorie des spécialistes de la Doctrine et des différentes questions qui y ont trait, ainsi que de la philosophie et de ses différentes branches, tels le problème de la fatalité et du libre arbitre dans la conduite humaine, le problème de l’extrémisme et de l’incarnation, de l’interprétation de “l’Ascension” et du “Voyage Nocturne”. Tout ceci a provoqué des brouilles dans les idées et a conduit à la naissance d’écoles juridiques, de groupuscules et de courants doctrinaux égarés et déviés de la Doctrine “unicitaire”. Les Imams d’Ahl-ul-Bayt, les uléma et les penseurs islamiques ont eu ainsi à s’engager dans une lutte de civilisation et de pensée très acharnée dont nous subissons encore de nos jours les traces évidentes -malgré la disparition de certains de ces groupuscules et courants égarés-, lutte qui a laissé des effets à la fois positifs et négatifs sur la pensée doctrinale, sur l’orientation de la pensée et du tafsîr des questions de la Doctrine. Dans cette lutte, les Imams d’Ahl-ul-Bayt -en raison de la pureté de leur Entendement, de la perfection de leur Connaissance des Sciences de la Chari’ah, de leur Savoir concernant Allah, et de leur assimilation intégrale du Livre d’Allah et de la Sunnah de Son Prophète- ont joué un rôle prépondérant dans la réfutation des soupçons, le rejet des équivoques, la dénonciation des courants égarés et déviés, et la défense du concept pur et originel de “l’Unicité”.

Nous avons encore de nos jours, entre nos mains, les transcriptions des débats des Imams d’Ahl-ul-Bayt, leurs hadith et leur tafsîr de Versets qui traitent de “l’Unicité”, s’évertuent à dissiper les équivoques de la pensée, à indiquer la Bonne Voie vers une compréhension adéquate de l’Islam authentique, à déjouer les tentatives de s’écarter de la signification réelle des Versets et d’en interpréter les apparences au gré des caprices personnels et des préjugés de la pensée égarée et déviée, ou selon une compréhension incertaine et hésitante. Leur méthode de compréhension du Livre d’Allah et leur Connaissance d’Allah ont permis la cristallisation de l’unité intellectuelle cohérente de la Doctrine de l’Unicité.

Quiconque étudie les Sciences de la Doctrine de “l’Unicité” et approfondit sa compréhension de l’unité de la structure doctrinale, ses branches et ses problèmes, conformément à la méthode de l’Ecole d’Ahl-ul-Bayt et à sa vision, constatera que la structure doctrinale et civilisationnelle gravite, dans sa totalité, autour de la Doctrine de “l’Unicité”, et que celle-ci repose sur “la démonstration de la Perfection Absolue d’Allah, de Son dépouillement de tout manque et de la négation de tout associé, de tout semblable, de tout équivalent et de tout opposé à Lui.”

L’Imam ‘Alî a fixé les fondements de ce courant “unicitaire” lorsqu’il a déclaré :

«L’Unicité [Tawhîd] consiste à ne pas confondre quelqu’un avec Allah, et la Justice à ne pas L’accuser.»(228)

Dans un grand nombre de hadith, de débats et de déclarations, les Imams d’Ahl-ul-Bayt se sont appliqués à établir le bien-fondé de la Doctrine “unicitaire” et à réfuter les contestations et les doutes soulevés par les Mubtilîn(229) et les Zanâdiqah(230), tels qu’al-Dîdhânî, Ibn Abî al’Awjâ’, Ibn al-Muqaffa’, ainsi que par les athées, les Ghulât(231), les Mujassemah(232), les Mufawwadhah(233), les Jabarites(234)

, etc.

Nous allons maintenant passer en revue une partie de ces Principes “unicitaires”, qui traduisent la Doctrine du Saint Coran et dessinent les fondements de la Science et de la Pensée “unicitaires” dans toute leur pureté et toute leur originalité.

Selon l’Imam al-Çâdiq, l’Imam ‘Alî ibn Abî Tâlib a dit : «Connaissez Allah par Allah Lui-Même, le Messager par le Message, les Tuteurs(235)par la Commanderie du Bien, la Justice et la Bienfaisance…»(236)

Al-Fath ibn Yazid rapporte ce que l’Imam ‘Alî ibn Mûsâ al-Redhâ lui a dit à propos de la Connaissance d’Allah :

«Lorsque je lui ai demandé ce qu’est la moindre connaissance [qu’il faut avoir], il m’a répondu : “Reconnaître qu’il n’y a de Dieu que Lui, qu’Il n’a ni semblable ni pareil, qu’Il a toujours existé, qu’Il est Immuable, Existant, Nécessaire et sans égal.”.»(237)

Lorsque Nafî’ ibn al-Azraq a demandé à l’Imam Abû Ja’far Muhammad al-Bâqir : «Dis-moi quand Allah a été ?», l’Imam lui a répondu : «Mais quand n’était-Il pas pour que je t’informe de quand il était ? Gloire à Celui Qui a toujours existé, et qui existe toujours. Il est Unique et Impénétrable. Il n’a ni compagne ni enfant.»(238)

Selon l’Imam al-Çâdiq, un docteur a demandé à l’Imam ‘Alî : «O Commandeur des Croyants ! Quand ton Seigneur a-t-il existé ?». L’Imam ‘Alî lui a répondu : «Malheur à toi ! On demande : “Quand a-t-il existé” à propos de quelqu’un qui n’a pas toujours existé. Mais quand il s’agit de Quelqu’Un Qui existe depuis toujours, on ne demande pas “quand a-t-il existé”, car Il existait avant “l’avant” sans avant, et après “l’après” sans après. Il n’a pas non plus une destination finale pour que Son But soit terminé.» «Es-tu donc un Prophète ?» demanda le docteur.

«Malheur à toi ! Je ne suis qu’un des serviteurs du Messager d’Allah !»(239)

L’Imam al-Bâqir a dit :

«Evitez absolument de vous interroger sur Allah ! Mais si vous voulez connaître Sa Grandeur, regardez la grandeur de Sa Création.»(240)

L’Imam Ja`afar al-Çâdiq a fait un jour la recommandation suivante à l’un de ses Compagnons, Muhammad al-Çâdiq :

«O Muhammad ! Les gens persistent à vouloir une explication rationnelle à tout, même lorsqu’ils parlent d’Allah . Lorsque vous entendez parler ainsi, dites : “Il n’y a de Dieu qu’Allah l’Unique, Qui n’a pas de semblable.”»(241)

L’Imam al-Bâqir disait :

«Parlez de tout sauf de l’Essence Divine.»(242)

Lorsqu’on demanda à l’Imam ‘Alî : «Où Allah était-Il avant de créer le ciel et la terre ?» il répondit : «”Où” est un adverbe interrogatif de lieu. Or Allah a toujours existé, sans avoir besoin de lieu.»(243)

On a également demandé à l’Imam ‘Alî :

«O Commandeur des Croyants ! As-tu vu ton Seigneur lorsque tu t’es mis à l’adorer ?» «Malheur à toi ! Je n’aurais pas adoré un Seigneur si je ne l’avais pas vu !» rétorqua l’Imam ‘Alî. «Comment l’as-tu vu ?» insista son interlocuteur. «Les yeux ne peuvent l’atteindre par la vue, mais les coeurs le voient à travers les vérités de la Foi.»(244)

Muhammad ibn Hakîm raconte :

«Abû-l-Hassan Mûsâ ibn Ja’far a écrit à mon père : “Allah est trop Transcendant, trop Sublime et trop Grand pour qu’on puisse atteindre Sa Substance. Qualifiez-Le donc par les Attributs qu’Il s’est donné, et abstenez-vous du reste.”»(245)

Al-Mufal-Dhal raconte :

«Lorsque j’ai demandé à Abâ-l-Hassan de m’expliquer l’Attribut [d’Allah], il m’a dit : “Ne dépassez pas ce qui est écrit dans le Coran.”»(246)

‘Abdur-Rahmân ibn ‘Atik al-Qaçîr raconte :

«Lorsque j’ai écrit, sous la dictée de ‘Abdul Malik ibn A’yan, à Abî ‘Abdullâh al-Çâdiq : “Il y a en Iraq un groupe de gens qui décrivent Allah par l’image et la forme. Pourrais-tu donc -qu’Allah te protège – m’exposer la Doctrine juste de l’Unicité [Tawhîd] ?”, il m’a répondu: “Tu as -qu’Allah te couvre de Sa Miséricorde- posé une question sur l’Unicité [Tawhîd] et ce qu’en ont dit ceux qui t’avaient précédé.

Allah – Qui n’a pas de semblable- Le Très-Haut, Celui Qui entend et Qui voit tout, est au-dessus de toutes les descriptions qu’en font les descripteurs et les anthropomorphistes qui dénigrent Allah. Sache donc -que la Miséricorde d’Allah soit sur toi- que la Doctrine correcte de l’Unicité [Tawhîd] consiste en les Attributs d’Allah -Le Très-Haut, Le Puissant- qui figurent dans le Coran. Renie donc toute fausseté attribuée à Allah – Il est Très-Haut – et tout anthropomorphisme. Allah, L’Immuable, est au-dessus des descriptions(247). N’allez pas au-delà de ce qui figure dans le Coran. Autrement vous vous égareriez après avoir été éclairés.”»(248)

Concernant l’Unicité de l’Essence Divine et la négation de tout anthropomorphisme, Hamzah ibn Muhammad a écrit :

«Lorsque j’ai demandé à Abî-l-Hassan al-Kâdhim de me parler du “corps” et de l'”image” [d’Allah], il m’a répondu : “Gloire à Celui auquel rien n’est semblable, et Qui n’a ni corps ni image.”»(249)

Ainsi, ce qui précède nous montre que l’Unicité selon l’Ecole des Ahl-ul-Bayt reflète avec exactitude l’esprit et la lettre du Saint Coran concernant ce concept. Tout ce que les Ahl-ul-Bayt disent à propos de l’Unicité est une paraphrase des Versets coraniques. Ils ont ainsi sauvegardé l’intégrité de la Doctrine de l’Unicité, et réfuté les faussetés, les équivoques et les erreurs dont souffrait la pensée islamique à cette phase de la vie de la Ummah. De même, leurs déclarations et mises au point ont constitué une réplique tranchante aux Ghulât(250), aux Mufawwadhah, aux Mujassemah, et à ceux qui affirmaient qu’Allah est dissous dans une partie de Sa Création ou qu’Il est fusionné avec Sa Création. Elles devront également suffire à clarifier la pensée de tous ceux qui sont tombés dans les brouillards en confondant la Doctrine pure des Ahl-ul-Bayt avec les bêtises des Ghulât et des Mufawwadhah, etc. qui se sont injustement réclamés des Ahl-ul-Bayt et que ceux-ci ont justement combattus.

Ceci dit, une mise au point s’impose à ce propos : les diviseurs des rangs de la Ummah, et ceux qui pêchent dans les eaux troubles, exploitent souvent la simplicité des Musulmans non avertis pour les induire en erreur en les laissant croire perfidement que l’Ecole d’Ahl-ul-Bayt -dont le trait le plus saillant est l’attachement aux Enseignements purs du Saint Coran et de la Sunnah – se confond avec les groupes et les groupuscules égarés (Ghulât, Mufawwadhah, etc.) qui se sont réclamés indûment des Ahl-ul-Bayt, lesquels les ont rejetés et ont rejeté leurs idées sans ménagements.