Son Excellence l’Imâm Hosayn (as)‎

Le compliment pour la naissance s’accompagne de la nouvelle du martyre

Le troisième jour du mois de Sha‛bân de la quatrième année de l’Hégire, vient au monde à Madîna(1), un enfant qui est le fruit du cœur et la lumière des yeux du Prophète de Dieu (s). La lumière étincelante de sa constitution provient de la clarté de la beauté divine. Les anges se prosternent devant sa majesté. Après avoir parcouru la pure succession des reins de ses pères et de la matrice de ses mères, il séjourne dans les reins de l’Imâm ‘Alî (as), puis dans la matrice pure de son Excellence Fâtima al-Zahrâ(2) (as), avant que le monde créé ne s’illumine par son existence. La naissance de ce pur fils du prophète (s), avec de nombreuses particularités survenues avant même qu’il naisse, est pour sa famille un don réjouissant et heureux, bien qu’apportant également sa part de tristesse et de peine. S’il en est ainsi, c’est parce que la nouvelle de sa naissance est annoncée au noble Prophète (s) par Jabra’îl (as), en même temps que celle de son martyre.

 

Naissance fêtée dans les cieux

 

Sur l’ordre de Dieu, les anges fêtent dans le ciel la naissance de l’enfant, tandis que le Prophète de Dieu (s) accomplit une prière de remerciement. Au cours d’une célébration spéciale, l’Envoyé de Dieu (s) nomme l’enfant Hosayn. Ce nom étincelle au fronton du paradis, il dérive du nom de Dieu et jouit d’une position éminente. C’est avec Hosayn (as) que la naissance se pare donc, par l’intermédiaire du Prophète (s), d’usages et de cérémonies.

 

Enfance

 

Le giron pleinement affectueux de sa mère Fâtima (as) lui apporte le calme tandis que Jabra’îl (as) et Mikâ’îl (as), demeurant auprès de son berceau, suscitent la tranquillité de son âme. La présence bienveillante du Prophète de Dieu (s) constitue également un refuge propice à la croissance de cet enfant. L’amour débordant que le Prophète de Dieu éprouve pour lui ne connait pas de limite. Hosayn (as) tient compagnie à son honorable grand-père à la maison, dans les ruelles et à la mosquée. Tous voient de quelle façon le Prophète de Dieu (s) l’embrasse et manifeste son attachement envers lui en toutes circonstances. Le soutenant de toute son âme et recommandant l’amitié envers lui, le Prophète de Dieu (s), présente à la communauté l’immensité de sa personnalité. Les événements survenus durant son enfance, la présence de spécificités divines, la descente de mets célestes ainsi que le comportement débordant de bonté que le Prophète (s) manifeste envers lui le démontrent.

 

Auprès du père

 

Parmi les événements les plus amers survenus au cours de l’enfance de Hosayn (as) se trouvent la migration du Prophète de Dieu (s) et le martyre de sa mère, Fâtima (as). Il est le témoin des crimes qui sont perpétrés contre les Gens de la Demeure (as) après le décès du Prophète de Dieu (s). Il accompagne son père et sa mère dans les rues de Madîna lorsqu’ils vont plaider leur cause. Après cela, il grandit auprès de son père et atteint la maturité. Les enseignements de son père font de lui un être humain accompli. Tel un soldat prêt au sacrifice, il accompagne son père lors des batailles de Jamal(3), de Siffîn et de Nahrawân. Il fait l’expérience de l’ensemble des événements qui surviennent durant le califat de son père, ainsi que ceux qui l’ont précédé. Il se montre résistant vis-à-vis de l’ordre de Dieu.

 

Soutien apporté au frère

 

Après le martyre de son père, l’Imâm Hosayn (as) défend en tous lieux et en toutes circonstances le droit de son frère, qui est en réalité son Imâm. Il se soumet à ses décisions et campe face à la tyrannie. La défense de la vérité et du droit est la constante de sa vie. Après avoir passé quarante-sept auprès de son frère l’Imâm Hasan al-Mojtabâ (as) dont sept années auprès du Prophète de Dieu (s) et dont trente-sept auprès de son père l’Emir des croyants (as), il est nommé par Dieu à l’imâmat et à la direction de la communauté, la cinquantième année de l’Hégire, suite au martyre de son frère. Cependant, la conjoncture empoisonnée et asphyxiante que Mo‛âwiya fait régner aux quatre coins du Hedjâz prive les gens de la guidance de cet Imâm impeccable (as). L’islam et les musulmans sont conduits à la perdition et à la déchéance par Muawiya et ses compères, tandis que le gouvernement est lui-même entaché de corruption.

 

Refus de preter allégeance à Yazîd

 

Dans les derniers jours de sa vie, Mo‛âwiya désigne Yazîd en tant que successeur et demande à tous de lui prêter allégeance. Cependant, l’Imâm (as) ne conclut pas à ce pacte. En fin de compte, après la mort de Mo‛âwiya, Yazîd prend en main les rênes du pouvoir. Réclamant le soutien des chefs arabes, il écrit une lettre au gouverneur de Madîna lui intimant de percevoir le pacte de l’Imâm (as), ou de le tuer, le cas échéant. L’Imâm (as) croit pour sa part que lorsqu’un individu tel que Yazîd, soit un ivrogne corrompu, se saisit du pouvoir, il faut prononcer l’oraison funèbre de l’islam. Afin d’éviter de devoir conclure ce pacte indigne, il décide de quitter Madîna sans tarder. Sur l’ordre de Dieu, la troisième nuit du mois de Sha‛bân de la soixantième année de l’Hégire, il fait, avec les gens de sa demeure, ses adieux à Madîna ainsi qu’à la tombe du Prophète de Dieu (s) et prend le chemin de Makka(4). La nouvelle de son refus de pactiser et de son émigration de Madîna à Makka se répand alentour. Les habitants de Kûfa lui adressent des centaines de lettres l’invitant à y venir assumer la direction des affaires. C’est suite à ces invitations que l’Imâm (as) envoie dans cette localité Moslem ibn ‘Aqîl, le fils de son oncle paternel, afin qu’il prenne la mesure de la situation à Kûfa et lui en fasse part.

 

Envoi de Moslem à Kûfa

 

Moslem se rend à Kûfa. Constatant l’accueil chaleureux de ses habitants, il fait parvenir à l’Imâm (as) un message lui disant de se mettre en route pour Kûfa au plus vite. Bien que l’Imâm (as) connaisse bien les habitants de Kûfa, ayant été témoin de la manière dont ils s’étaient comportés avec son père (as) et sa mère (as), il se met néanmoins en route, obéissant en cela à l’ordre divin. Le jour où les gens arrivent à Makka afin d’accomplir le pèlerinage, il prend lui-même le chemin de Kûfa, avec les gens de sa demeure et ses compagnons. Le discours de ceux qui, bienveillants et de bon conseil, tentent de le faire renoncer à ce voyage ne produit aucun effet sur sa volonté d’obéir à Dieu. Ce voyage est un voyage destiné à demander réparation, et il correspond en sus à un devoir vis-à-vis de Dieu. C’est comme s’ils avaient oublié que le successeur du Prophète de Dieu (s) est, davantage que les autres, à même de savoir ce qu’est son devoir.

 

Martyre de Moslem à Kûfa

 

Au même moment, alors que l’Imâm (as) part pour Kûfa et que les gens de la ville sont disposés à le recevoir, ‘Ubaydullâh ibn Ziyâd, l’un des hommes de main de Yazîd parmi les plus cruels et les plus débauchés, entre dans cette même ville, dans le but de s’opposer au voyage de l’Imâm (as) et de troubler la vue de ses habitants. Utilisant la ruse, semant la peur et l’effroi, il brise la solidarité entre les habitants et Moslem, l’ambassadeur de l’Imâm (as). Lors d’une manœuvre hypocrite, il le fait prisonnier, lui et ses protecteurs, et le livre au martyre. Pendant ce temps, l’Imâm (as), étape après étape, se rapproche de Karbalâ, de même que les armées que Yazîd a préparées pour lui tenir tête.

 

L’Imâm adresse un dernier avertissement à ses compagnons

 

Sur son chemin, l’Imâm (as) rencontre différentes personnes et les appelle à le suivre. Dans le même temps, il informe ses compagnons à propos du martyre qui les attend et leur adresse un dernier avertissement, afin qu’ils empruntent cette voie avec désir et connaissance de cause. Au sein de l’armée d’Ibn Ziyâd, on peut voir la plupart de ceux qui avaient adressé des lettres à l’Imâm (as). Ils barrent la route à son Excellence (as) et le contraignent à s’arrêter et à installer son campement sur cette terre nommée Karbalâ, en ce deuxième jour du mois de Moharram de la soixante et unième année de l’Hégire. Maintes fois, l’Imâm (as) adresse des discours aux ennemis au cours desquels il se présente, les conseille et les avertit. Pourtant, les cruels soldats d’Ibn Ziyâd encerclent sur son ordre l’Imâm Hosayn (as) et ses compagnons et jour après jour resserrent leur étau, jusqu’à leur couper l’accès à l’eau. Pourtant, l’Imâm (as), avec le soutien des siens, parvient à instaurer une organisation permettant d’approvisionner le campement en eau, lorsque ses compagnons, plusieurs fois, parviennent à briser l’encerclement de l’ennemi.

 

Nuit de ‘Âshûrâ

 

Arrive la nuit de ‘Âshûrâ. Par l’intermédiaire de son frère, son Excellence ‘Abbâs (as), l’Imâm Hosayn (as) obtient de l’ennemi un répit durant cette nuit afin de se consacrer, lui et ses compagnons, à l’adoration et à s’entretenir intimement avec Dieu. Cette nuit-là, l’Imâm (as) tient un discours à l’adresse de ses proches et de ses compagnons. Il les délivre de leur pacte afin qu’ils puissent de nouveau faire leur choix. Les compagnons renouvellent alors leur soutien et leur volonté de sacrifice. L’Imâm (as) les complimente et leur dit : « Je n’ai jamais vu de meilleurs compagnons que vous, de proches davantage bienfaisants que vous. » Là, il désigne à chacun sa place au paradis. Les compagnons de l’Imâm (as) sont alors si heureux qu’ils ont hâte d’embrasser le martyre.

 

Martyre des compagnons de l’Imâm (as)

 

Arrive le jour de ‘Âshûrâ et le combat de soixante-dix hommes contre des milliers. Les compagnons de l’Imâm (as) observent un ordre de priorité pour se rendre sur le champ de bataille et y combattre l’ennemi. Avec une vigueur que leur procure leur foi débordante, ils abattent leur épée et dispersent l’ennemi, maintenant une zone dégagée autour de l’Imâm (as). Lorsque survient le zohr(5), la plupart des compagnons de l’Imâm (as) sont tombés martyrs. L’Imâm Hosayn (as), accomplit la prière avec le peu de compagnons qu’il lui reste, sous les flèches de l’ennemi, puis reprend la bataille. Les compagnons de l’Imâm (as) tombent les uns après les autres. C’est alors le tour des jeunes Hashémites. Chacun d’entre eux, manifestant un ardent désir d’affronter l’ennemi, demande la permission de se sacrifier. Le dernier soldat de l’Imâm Hosayn (as) est un enfant de six mois qui accède au martyre dans les mains même de son père !

 

Martyre de l’Imâm et les messagers du soulèvement de Karbalâ

 

Le dernier cri de l’Imâm (as), au milieu du champ de bataille, est un cri de victoire. Mais personne ne lui répond plus. En fin de compte, l’Imâm (as) est assailli de toutes parts et boit enfin la coupe du martyre, dans la situation la plus tragique qui soit. Ainsi vient d’avoir lieu le grand événement le plus douloureux de l’histoire de l’humanité. Après le martyre de l’Imâm Hosayn (as) et de ses compagnons, s’ouvre la période de captivité des gens de sa demeure. La caravane des captifs, emmenée par l’armée de Yazîd, est trainée de Karbalâ à Kûfa et de Kûfa à Damas. Cependant, à chaque fois que cela est possible, les captifs révèlent la corruption du gouvernement de Yazîd ainsi que ses crimes. Le discours de l’Imâm al-Sajjâd (as) et celui de son Excellence Zaynab (as) à Kûfa, que prononcent ces messagers du soulèvement de Karbalâ, ébranlent les bases du pouvoir de Yazîd. Ainsi, le message des martyrs parvient à ceux qui ignorent ce qui est arrivé et fait vivre à jamais le souvenir du malheur de l’Imâm Hosayn (as) et de ses compagnons dans le cœur des musulmans.

 

L’Imâm Hosayn (as) meurt en martyr le samedi dix du mois de Moharram de la soixante et unième année de l’Hégire, alors qu’il est opprimé, qu’il a soif, qu’il est patient et que son seul dessein est la satisfaction de Dieu. Lorsqu’il quitte ce monde, l’Imâm Hosayn (as) a cinquante-huit ans.

 

Notes :

 

1-Médine.

 

2-La resplendissante.

 

3-Du chameau.

 

4-La Mecque.

 

5-L’apogée de la course du soleil.