La première et la dernière flèche de la bataille de Karbala

Le jour de ‘Achoura, certains compagnons tombent en martyr avant le zénith. Avant le zénith, un groupe de compagnons, l’ensemble des proches et la sainte existence d’Abâ ‘Abdullah (1) (as) sont toujours de ce monde. La première phase du martyr des compagnons résulte de cette bordée de flèches tirée lorsque les deux rangs se font face. Le rang réduit d’Abâ ‘Abdullah (as) compte soixante-douze individus, mais ils sont dotés d’un esprit courageux, d’un souffle épique sans égal. Abâ ‘Abdullah (as) n’est pas prêt à laisser un soupçon de son aspect incarner la défaite.

 

Il disperse ces soixante-douze personnes en une aile droite, une aile gauche et un centre, il désigne un commandant, un ordre de marche. Il place à la tête de l’aile droite de ses compagnons son excellence Zuhayr ibn Qayn, et son excellence Habîb à celle de l’aile gauche. Il remet l’étendard à son frère vaillant, Abû al-Fadhl al-‘Abbâs, qui depuis lors est connu en tant que porte-étendard de Husayn ibn ‘Alî (as). Les compagnons demandent la permission d’engager le combat. Il leur répond : « Non, tant que l’ennemi n’aura pas attaqué, nous n’attaquerons pas. »

 

Au début, ‘Omar ibn Sa‛d invoque divers prétextes, car son cœur veut à la fois la religion et ce monde, Dieu et les dattes (2)  ; il souhaite en même temps soustraire le pouvoir à ‘Obaydollâh ibn Ziyâd et éviter de se salir les mains avec le sang de l’Imâm al-Husayn (as), c’est pourquoi il rédige régulièrement des lettres diplomatiques pour éviter la guerre. Ibn Ziyâd réalise ce qu’il se passe. Il lui écrit alors une lettre épicée lui ordonnant d’accomplir ce qui doit l’être : « Si tu ne veux pas le faire, laisse cette mission à celui auquel nous allons la confier. »

 

Il ne peut lâcher ce monde, alors lorsqu’il s’agit de choisir entre la religion et ce monde, il abandonne la religion ! Il dit : « Je vais me battre et obtempérer selon le commandement de l’émir. »

 

Le jour de ‘Âshûrâ, certaines bassesses de ‘Omar ibn Sa‛d proviennent du fait qu’il est probable que des rapports le concernant selon lesquels il tergiverse et penche un peu pour Husayn (as) également soient parvenus à Ibn Ziyâd. C’est pourquoi, afin de se disculper aux yeux d’Ibn Ziyâd, il enchaîne les servilités pour que l’on rapporte à Ibn Ziyâd que lorsque les deux rangs se sont fait face, il a dit à ses archers : « Tenez-vous prêts ! » Ce qu’ils font, par ailleurs.

 

Le premier à armer son arc d’une flèche et à la tirer en direction des tentes de Husayn (as), c’est lui. Ensuite, il crie : « Ô vous les hommes, témoignez tous auprès de ‘Obaydollâh ibn Ziyâd que c’est moi qui ai tiré la première flèche en direction de Husayn (as) ! »

 

Chaque fois que j’en arrive à ce passage, je me souviens le discours commémoratif dont nous a gratifié ce cher ami qui nous a quitté il y a environ dix ans, feu Âyatî, discours que l’on retrouve également dans son livre. Cet homme dit que la bataille de Karbala commence avec une flèche, et qu’elle se termine avec une flèche. Elle commence avec la flèche tirée par ‘Omar ibn Sa‛d. Savez-vous par quelle flèche elle prend fin, à savoir lorsqu’il n’y a plus deux camps mais un seul ? C’est quand Abâ ‘Abdullah (as) se tient debout au milieu du champ de bataille. Il a longuement brillé et il est maintenant fatigué. Soudain, une pierre atteint son front béni, il tire sa tunique pour nettoyer le sang et c’est là qu’une flèche empoisonnée à trois pointes l’atteint en pleine poitrine.

 

C’est à ce moment que prend fin le combat de Husayn (as). Tous voient que Husayn (as) ne peut plus preuve de courage au combat et qu’il ne s’adresse plus qu’à son Seigneur : « Grâce au nom de Dieu, par Dieu et selon le peuple de l’Envoyé de Dieu. »

 

Ainsi, la première flèche est celle tirée par ‘Omar ibn Sa‛d. Ensuite, une nuée de flèches s’abat sur les compagnons d’Abâ ‘Abdullah (as). Ces derniers font pourtant preuve de bravoure. Avançant d’un pas, ils se jettent à terre pour se relever au pas suivant et tirer toutes les flèches qu’ils trouvent dans leurs carquois, ce qui a pour effet d’abattre un grand nombre d’ennemis. Un certain nombre de compagnons d’Abâ ‘Abdullah trouve le martyr lors de cette volée générale de flèches. Ensuite commence le combat au corps à corps, qui demande du temps.

 

Les deux belligérants se préparent au combat au corps à corps. Un homme parmi les compagnons d’Abâ ‘Abdullah s’avance, des hommes d’en face s’avancent également, c’est l’esprit de foi des compagnons d’Abâ ‘Abdullah qui en sort victorieux. Lorsqu’un vieil homme parmi eux combat un homme d’en face, il le défait, et parfois il en abat cinq, voire même dix.

 

Notes :

 

1-Le père de ‘Abdillâh, soit l’Imâm al-Hosayn (as).

 

2-En persan, Khodâ yâ khormâ. Expression typiquement iranienne ! Que l’on pourrait adapter par « le beurre et l’argent du beurre », ce qui ne parait absolument pas souhaitable… Quelle saveur reste-t-il à un texte dont on a fait disparaître tous les éléments locaux ?