Une fenêtre sur l ’infaillibilité ou immunité des Prophètes

‎la question de infaillible des prophètes est épineuses vu la mauvaise interprétation de certains versets équivoques par des gens mal intentionnés. Nous allons essayer d’élucider cette questions dans ces lignes.

Définition de l’infaillibilité ou immunité

Dans son acception littérale, l’immunité désigne la ‎protection, tandis que métaphysiquement elle implique la mise à l’abri de quelqu’un de l’erreur et ‎du péché. À partir de cette dernière définition nous pouvons diviser l’immunité en deux : ‎

‎1‎        ‎- l’immunité contre l’erreur (l’immunité scientifique) est celle par laquelle la ‎personne infaillible est mise à l’abri de l’erreur dans quatre domaines : les croyances, la ‎réception de l’inspiration divine, la préservation du message et la communication de celui-ci. ‎

‎2‎        ‎- l’immunité contre le péché et l’imperfection (l’immunité pratique). ‎

Preuves quant à la nécessité de l’immunité des prophètes : ‎

a- les preuves rationnelles :

il existe plusieurs preuves en faveur de l’immunité des ‎prophètes, ‎

notamment : ‎

      1 ‎- nécessité de la confiance des hommes au prophète : ‎

La mission de prophète requiert, de la part de celui qui en est investi, une personnalité ‎rassemblant un ensemble de qualités supérieures, en tête desquelles se place l’immunité, et sans ‎lesquelles il ne serait apte à gouverner une nation et à guider une société. ‎

Aussi, s’il arrive que les gens découvrent une faute ou un péché dans le comportement des ‎prophètes, ils finissent par perdre confiance en eux, et dès lors le message qu’ils sont censés ‎transmettre à l’humanité perdra toute sa valeur. C’est pour cela que l’immunité des prophètes est ‎nécessaire, avant et après leur envoi, afin de les préserver de toute forme d’erreur ou de péché. ‎

Ce n’est que par rapport à cette immunité que s’installe la confiance des gens et que ces ‎derniers finissent par obéir et à suivre l’exemple des prophètes qui leur ont donné entière ‎satisfaction. ‎

‎2‎        ‎- nécessité de préparation d’une voie sûre : ‎

L’homme a besoin d’être persuadé intellectuellement pour comprendre sa raison de vivre et ‎d’être convaincu de l’existence d’une voie sûre en dehors de laquelle l’humanité s’écarterait de la ‎voie de la réalisation lui permettant d’atteindre l’objectif divin. ‎

‎3‎        ‎- nécessité d’un exemple pratique : ‎

L’effet d’un exemple pratique est bien plus intense que celui produit par des prêches. En ‎fait le rôle d’un éducateur à travers son comportement est très important et très efficace dans ‎l’environnement où il travaille. Qu’en serait-il donc de celui qui a le devoir de guider l’humanité ‎entière ? S’il est luimême pécheur, qu’adviendra-t-il de la société au sein de laquelle il vit ? ‎Quelqu’un qui commet des péchés peut-il guider autrui dans le droit chemin ? ‎

Pourquoi les païens n’ont-ils pas accusé les prophètes d’avoir commis des péchés ? ‎

De l’étude de la vie des prophètes, nous n’avons découvert chez leurs ennemis, qui pourtant ‎n’ont pas lésiné sur les moyens à utiliser pour combattre les prophètes, aucune allusion à un ‎quelconque péché commis par ces derniers ou à leur désobéissance [aux injonctions d’Allah]. ‎

Certes les prophètes ont été accusés de sorcellerie, de démence, mais jamais d’immoralité, ‎car ils ont tellement brillé au sein de la société par leur personnalité, rendant par là même leur ‎accusation de perversité irrecevable, même parmi leurs ennemis. ‎

si le prophète commet, avant ou après sa mission, ne serait ce qu’un seul péché, les ennemis ‎s’en serviront pour l’attaquer et l’avilir aux yeux de la société comme ce fut le cas de la ‎discussion de pharaon avec moïse et la tentative du premier à exploiter l’accident de l’homicide à ‎son avantage. Allah dit dans le noble coran : « ne t’avons nous pas, [moïse], élevé tout enfant ? ‎N’as tu pas passé des années parmi nous et commis le forfait que l’on sait ? Tu es un impie ! ». ‎

b – les preuves transmises :

outre les preuves rationnelles, il existe d’autres transmises par le ‎

coran, prouvant l’immunité des prophètes, dont voici quelques uns. ‎

‎1‎        ‎- cette preuve est relative à ce que rapporte le noble coran quant à l’Imamat d’Ibrahim, ‎que la paix soit sur lui : « quand par certaines prescriptions, Ibrahim fut mis à l’épreuve par son ‎seigneur ! Lorsqu’il les eut accomplies, le seigneur lui dit : « je ferai de toi un guide spirituel pour ‎les hommes ». ‎

‎2‎        ‎- Allah dit dans un autre verset : « dis : « je ne sais pas si ce dont vous êtes menacés est ‎proche ou si un délai lui sera assigné par mon seigneur qui connaît le mystère et ne dévoile son ‎mystère à personne, sauf à un émissaire agréé par lui et qu’il fait précéder et suivre d’une garde ‎vigilante ». ‎

L’infaillibilité est-elle fatale ? ‎

On pourrait s’interroger sur l’infaillibilité des prophètes en tant que don divin les préservant ‎de l’erreur, si elle est fatale. Dès lors on pourrait formuler la question de la façon suivante : ‎

pourquoi est-il fait allusion dans certains versets à la désobéissance des prophètes ? ‎

Des recherches poussées nous ont indiqué la nécessité de la prophétie. Pourquoi alors le ‎coran fait-il allusion à la désobéissance de certains prophètes ? En réponse à cette question, il ‎convient de dire que : ‎

‎1‎        ‎- l’infaillibilité se réfère à deux cas : le premier est le péché absolu en passant outre les ‎injonctions divines, en accomplissant une action interdite [par Allah] et en négligeant son devoir. ‎L’autre cas implique la relativité des péchés attribués aux prophètes, ce qui veut dire que les ‎prophètes n’ont pas négligé leur devoir ou commis une action interdite, mais il s’agit là seulement ‎d’une relative négligence qui ne l’est, à vrai dire, que par rapport à la supériorité de la personnalité ‎des prophètes. Cela évidemment n’entraîne nullement de sanction divine, ce qui est attribué aux ‎prophètes dans le coran étant envisagé sous ce rapport. ‎

‎2‎        ‎- la personnalité des prophètes est d’une telle noblesse qu’on ne peut imaginer la moindre ‎erreur que ce soit, de leur part, même si celle-ci ne constitue pas en soi un péché. ‎

Les prophètes doivent suivre la ligne de conduite définie par Allah, ce qui exclut toute ‎forme de mérite ou de rang. ‎

La réponse à cette question équivoque est la suivante : il y a ambiguïté si leur comportement ‎et leur infaillibilité étaient soumis à une fatalité, mais à vrai dire il n’en est pas ainsi, car ‎l’infaillibilité est fondée sur la perfection de la foi et de la conscience. ‎

Les prophètes, comme tous les hommes, jouissent de la liberté. Cependant, eux, sont ‎conscients de la réalité des péchés répréhensibles et des conséquences qu’ils entraînent de même ‎que des promesses faites par Allah aux croyants. Cela les prémunit contre les péchés et c’est ainsi ‎qu’il ne leur vient jamais à l’esprit de les commettre. ‎

Il en est de même pour nous tous, lorsque nous sommes conscients de certains péchés, nous ‎nous gardons bien de les commettre. Ainsi, vient-il à l’esprit d’une personne raisonnable de sortir ‎nue et d’attirer sur elle l’attention de tous les gens ? ! Prendra-t-elle du poison tout en étant ‎consciente des effets nocifs de ce produit ? Cette idée lui traverserait-elle l’esprit un jour ? C’est ‎cette intelligence, que les prophètes et ceux qui jouissent de l’infaillibilité, et dont la conscience ‎est plus éveillée, utilisent dans leur comportement face aux péchés. ‎

Les causes du péché : le péché résulte de deux causes, l’une se rapportant à l’ignorance du ‎caractère répréhensible de l’acte et de ses conséquences néfastes et l’autre à la prédominance de ‎l’instinct et des passions sur la raison, ce qui est exclu de la personnalité de la personne infaillible. ‎

Mohammad ben amir rapporte à propos de Hicham ben al Hakam, disciple de l’Imam Sâdeq ‎‎(AS) ces paroles : ‎

‎« Depuis que j’ai fréquenté Hicham ben al Hakam, je n’ai jamais autant bénéficié de ses ‎paroles que de celles qu’il a prononcées à propos de l’infaillibilité. Je lui ai demandé un jour si ‎l’Imam était infaillible ». Il répondit par l’affirmative. Puis je l’ai interrogé sur l’infaillibilité et ‎comment on pouvait la reconnaître, ce à quoi il répondit : « tous les péchés ont quatre faces et ‎n’en ont pas une cinquième : l’avidité, la jalousie, la colère et la passion. Ce sont là des ‎caractéristiques que l’on ne retrguère chez l’Imam. ‎

Il ne doit pas être avide des choses de cette vie à laquelle un terme est assigné, et puisqu’il ‎est le trésorier des musulmans, de quoi serait-il avide donc ! ‎

Il ne doit pas être jaloux, car en fait, l’homme ressent de la jalousie envers ce qui lui est ‎supérieur. Or il se trouve que personne ne lui est supérieur. Comment donc jalouserait-il ce qui lui ‎est inférieur ! ‎

Il ne doit pas se mettre en colère pour les choses de la vie si ce n’est pour la cause d’Allah, ‎car il lui a prescrit des limites, et l’incite à ne recourir, dans le cadre de la religion, ni au blâme, ni ‎à la clémence, si ce n’est dans les limites qui ont été prescrites. ‎

Il ne doit pas obéir à ses passions et privilégier la vie d’ici-bas au détriment de l’autre, car ‎Allah préfère l’au-delà tout comme nous préférons la vie d’ici-bas. As-tu déjà vu quelqu’un se ‎détourner d’un beau visage pour se tourner vers un visage laid ? Ou d’une bonne nourriture pour ‎une amère ? Ou d’un vêtement doux pour un autre rugueux ? Ou d’un bonheur éternel pour une ‎vie vouée à la disparition ? ! ». ‎

L’immunité scientifique est-elle fatale ? ‎

En ce qui concerne l’immunité scientifique, elle consiste à préserver celui qui en jouit de ‎l’erreur. C’est donc une grâce divine. Il convient cependant de préciser que ce qui a été dit plus ‎haut relève de l’infaillibilité pratique (car l’infaillibilité fatale n’est pas compatible avec la ‎perfection). Quant à l’immunité scientifique, elle ne prête à aucune équivoque du fait qu’elle est ‎fatale. D’ailleurs le verset coranique suivant l’atteste : « sans la grâce et la miséricorde d’Allah en ‎ta faveur, une bande de ces gens se serait évertuée à t’induire en erreur ». ‎

La science provenant d’Allah (al‘ilm alladunî) : ‎

Parmi les caractéristiques par lesquelles les prophètes se distinguent, il y a la science qui leur ‎est propre et qui empêche à l’erreur de s’infiltrer dans leur vie. Car la science dont jouissent les ‎prophètes provient d’une inspiration divine, et de toute évidence, elle ne comporte ni erreur, ni ‎imperfection. Les prophètes ont pleinement conscience de toute la réalité de l’existence, car ils ‎ont accès de façon claire et immédiate aux vérités. C’est ainsi que « le connu » s’identifie avec le ‎connaissant, « le prophète ». Il s’agit là d’un niveau supérieur à celui de l’imagination de ce qui ‎existe dans le monde extérieur, car, sous ce dernier rapport, l’erreur est possible entre les images ‎mentales et ce qu’elles représentent réellement dans le monde extérieur. En Résumé, nous dirons ‎que la science des prophètes est immédiate et non acquise. ‎

Les qualités intrinsèques : ‎

Outre ce qui a été dit plus haut, les prophètes jouissent d’un ensemble de qualités les ‎prédisposant à recevoir l’inspiration divine et leur permettant d’assumer la responsabilité de ‎messager d’Allah : ‎

a- en ce qui concerne l’environnement familial, le prophète naît dans un environnement familial ‎

pur. Ainsi, il ne doit pas être issu d’une famille dont le comportement est marqué par des ‎scandales. ‎

b        ‎- du point de vue physique, le prophète doit être exempt de toute maladie suscitant la ‎répulsion ‎

telles la lèpre et les maladies contagieuses. ‎

c        ‎- quant aux mœurs sociales, le prophète ne doit pas être de ceux qui accomplissent des ‎actions répréhensibles au sein de la société, comme le port de vêtements non admis ou la prise de ‎nourriture en marchant… ‎

d        ‎- sur le plan moral, le prophète ne doit pas être violent, dur, car les gens autour de lui le ‎

prendraient en aversion. ‎

e        ‎- dans le cadre de sa mission en tant que messager, le prophète ne doit pas dispenser ‎d’enseignements en contradiction avec la raison et la science humaine, car la raison, c’est le ‎prophète lui-même, comme l’indiquent les récits, et ce que nous entendons par jugements de la ‎raison, ce sont les jugements catégoriques et non pas les hypothèses et les théories. ‎

L’enseignement des prophètes qui n’est autre que la loi révélée par Allah, glorieux, soit-il, ‎doit être en harmonie avec l’ordre naturel et les lois scientifiques, de même que les réalités ‎ultimes. Certes, la science est un moyen de parvenir à la vérité, mais il convient de savoir qu’elle ‎n’est pas l’unique voie, excluant toutes les autres. De plus, les méthodes scientifiques peuvent ‎comporter des erreurs. Ainsi, la science peut se tromper et présenter des vérités imparfaites, et ‎s’engager par la suite à les compléter en modifiant certaines de ses théories précédentes. ‎