La Sagesse de l’Imam Jaa’far as-Sadiq (P)

Digne héritier de son père et de son grand-père, l’imam Jaa’far était doué d’une sagesse et d’une éloquence toutes deux impressionnantes.

Al-Asbahânî dans Hilayat rapporte quelques citations :

« Les savants sont les dépositaires de confiance des prophètes. Mais lorsque vous les voyez se diriger vers les gouvernants, alors ne leur faites plus confiance. »

« La prière est l’offrande de toute personne pieuse, le hajj est l’effort (jihâd) de toute personne faible, la purification du corps est le jeûne. Celui qui appelle les gens au bien sans le faire lui-même est pareil à un archer sans arc. Faites descendre sur vous les biens par l’aumône, préservez votre fortune par la zakât. Celui qui économise ne deviendra pas pauvre.»

 

«L’organisation (tadbir) est la moitié de la vie ; vivre en bonne harmonie est la moitié de l’intelligence, une famille peu nombreuse est l’une des deux facilités dans ce monde ; celui qui attriste ses parents commet une impiété contre eux ; celui qui frappe sa cuisse [par révolte] lors d’une mauvaise nouvelle réduira ses bonnes actions à néant.»

 

«Dieu fait descendre la patience avec la mauvaise nouvelle ; Il fait descendre la subsistance avec le besoin. Celui qui économise dans sa vie, Dieu le récompensera de Ses largesses, et celui qui dilapide sa vie Dieu lui ôtera de Ses biens. »

 

L’imam Jaa’far conseilla son fils par ces paroles :

 

« Mon fils ! Accepte ma recommandation, et apprends bien mes paroles ! Si tu le fais, tu vivras alors heureux et tu mourras loué. Mon fils, celui qui se suffit de ce que Dieu lui a donné devient riche ; celui qui regarde avec envie la part des autres mourra pauvre ; celui qui ne se suffit pas de la part que Dieu lui donne accusera Dieu dans Son jugement ; celui qui amoindrit son erreur amplifiera celle des autres.

 

Mon fils, celui qui dévoile l’intimité des autres verra ses faiblesses étalées ; celui qui dégaine son épée dans l’injustice en mourra ; celui qui creuse un puits pour son frère tombera dedans ; celui qui fréquente les médiocres (les gueux) sera méprisé ; celui qui fréquente les savants sera respecté ; celui qui fréquente les mauvais endroits en sera accusé. Mon fils, fais attention à ne pas te moquer des hommes, ils se moqueront de toi.

 

Attention à ne pas chercher ce qui ne te regarde pas, sinon tu seras discrédité. Mon fils, dis la parole de vérité qu’elle soit en ta faveur ou en ta défaveur, et tu seras honoré parmi tes pairs… Mon fils, si tu dois visiter des gens, alors rends visite aux meilleurs et ne va pas chez les dépravés, ces derniers sont pareils à des rochers sur lesquels nulle eau ne coule ; ils sont pareils à des arbres sur lesquels nulle feuille ne verdit, et à une terre de laquelle nulle herbe ne pousse. »

 

L’imam Jaa’far dit :

 

« Il n’y a pas meilleure provision que la piété (taqwâ), ni meilleure chose que ne pas parler, ni ennemi plus dangereux que l’ignorance, ni maladie plus grave que le mensonge. »

 

Thawrî rapporte :

 

« Je rencontrai le véridique, fils du véridique, Jaa’far Ibn Muhammad. Je lui dis alors : “Ô fils du Prophète, conseille-moi !” Il dit : “Ô Sufyân, pas d’esprit chevaleresque pour celui qui ment. Point de frère à celui qui veut tout accaparer. Point de repos pour celui qui jalouse tout. Point de considération à celui qui a un mauvais tempérament.” Je dis : “Ô fils du Prophète, continue !” Il me dit : “Ô Sufyân, aie confiance en Dieu, tu seras croyant. Agrée la part que Dieu t’a donnée, tu seras riche. Sois bon avec ton voisin, tu seras musulman. Et ne sois pas le compagnon du dépravé car il t’apprendra de sa dépravation. Et consulte dans tes affaires ceux qui craignent Dieu.” » (Al-Asbahânî, Hilayat)

 

Sufyan Thawri rapporte qu’il rencontra l’imam Jaa’far alors qu’il faisait halte à al-Abtah (endroit à l’extérieur de La Mecque, sur la route de Minâ).

Il dit : Je lui posai la question suivante : “Ô petit-fils du Prophète, pourquoi [Dieu] a-t-Il placé la station (‘Arafat) à l’extérieur du périmètre sacré et ne l’a pas placée à l’intérieur ?”

 

Il répondit : “La Ka’ba est la Maison de Dieu, la limite sacrée est son entrée, et la station est sa porte. Les pèlerins ont pris [la Ka’ba] pour destination, et Il [Dieu] les a stoppés à sa porte pour L’implorer. Après leur avoir permis l’entrée, Il les a rapprochés de la deuxième porte, c’est-à-dire Muzdalifa. Lorsqu’Il a vu leurs nombreuses supplications et leurs efforts soutenus, Il leur a envoyé Sa miséricorde. Après les avoir enveloppés de Sa miséricorde, Il leur a demandé de présenter leurs offrandes (le sacrifice). Lorsqu’ils ont présenté leurs offrandes et après s’être lavés et purifiés des péchés (lapidation des stèles) qui constituaient un obstacle entre eux et Lui, Il leur a ensuite demandé de visiter Sa Maison Sacrée en état de pureté.”

 

Je lui dis alors : “Pourquoi Dieu a-t-Il recommandé de ne pas jeûner ces jours-là (du 10 au 13 de Dhul Hijja) ?”

 

Il répondit : “Parce qu’ils sont les invités de Dieu, et l’invité ne saurait jeûner chez son hôte.” »

 

(Dhahabî, Siyaru a’lam nubala’)

AUTEUR: ALMAAREF.ORG