L’HISTOIRE DU CHIISME(3): Les deux problèmes de la succession et de l’autorité dans les sciences religieuses

En accord avec les enseignements islamiques qui en sont à la base, le Chiisme estimait que la question la plus importante se posant à la société islamique, était l’élucidation des enseignements islamiques et des principes des sciences religieuses[1]. C’était seulement après de telles clarifications, que l’on pourrait appliquer ces enseignements à l’ordre social. En d’autres termes, le Chiisme pensait, qu’avant toute chose, les membres de la société devaient être capables d’acquérir une vraie vision du monde et de l’homme, s’appuyant sur la nature réelle des choses.

Alors seulement, ils pourraient connaître et accomplir leurs devoirs en tant qu’êtres humains, ce en quoi réside leur véritable bien-être, même si l’accomplissement de ces devoirs religieux s’avérait contraire à leurs désirs. Après avoir réalisé ce premier pas. Un gouvernement religieux devrait préserver et appliquer dans la société l’ordre authentiquement islamique, de telle manière que l’homme n’adore nul autre que Dieu, qu’il jouisse, autant que possible, d’une liberté personnelle et sociale, et bénéficie d’une réelle justice, personnelle et sociale. Ces deux buts ne pouvaient être atteints que par quelqu’un d’infaillible et préservé par Dieu de toutes fautes.

 

Sinon, les dirigeants ou les autorités religieuses pourraient en venir à dénaturer l’Islam et à trahir leurs devoirs et leurs obligations. Si cela devait arriver, la règle juste et libératrice de l’Islam pourrait graduellement être convertie en une règle dictatoriale et un gouvernement totalement autocratique. De plus, les purs enseignements religieux pourraient devenir. Comme on peut l’observer dans le cas de certaines autres religions, l’objet de changements et de déformations entre les mains d’érudits égoïstes adonnés à la satisfaction de leurs désirs matériels. La seule personne qui, selon la confirmation du Prophète, suivit parfaitement et complétement le Livre de Dieu et la tradition du Prophète, aussi bien dans ses paroles que dans ses actes, était Ali[2].

 

Si, comme le dit la majorité, c’est seulement les Qurayshites[3] qui s’opposèrent au légitime califat d’Ali, cette majorité aurait dû porter atteinte à la vérité par crainte de s’opposer aux Qurayshites.

 

Ce qui empêcha les shiites d’accepter le principe électif du choix d’un calife par le peuple fut la peur des conséquences pernicieuses qui pouvaient en résulter : peur d’une corruption possible dans le gouvernement islamique et de la destruction des bases solides des sublimes enseignements de la religion. Les évènements ultérieurs de l’histoire islamique confirmèrent de fait cette appréhension avec pour résultat, que les Chiites furent confirmés dans leur croyance.

 

Pendant les premières années, toutefois, à cause du petit nombre de ses adeptes. Le Chiisme apparut d’abord eu été dissout dans la majorité. bien qu’il continuât discrètement à insister sur la nécessité de recourir à la famille du Prophète pour l’acquisition des sciences islamiques et qu’il continuât à gagner des gens à sa cause. En même temps, afin de préserver la puissance de l’Islam et de sauvegarder son progrès, le Chiisme ne montra aucune opposition ouverte au reste de la société islamique.

 

Les membres de la communauté shi’ite combattirent même coude à coude avec la majorité sunnite dans les guerres saintes (Jihad) et participèrent aux affaires publiques. Ali lui-même guida la majorité sunnite dans l’intérêt de tout l’Islam, chaque fois qu’une telle action se révélait nécessaire[4].

[1] Le Livre de Dieu, les dits du Prophèteet de sa famille sont pleins d’encouragements ‎et d’exhortations à acquérir le savoir à tel point que le Prophètea dit: « La ‎recherehe du savoir incombe à tout Musulman », Bihâr al-anwâr de Majlisi, ‎Téhéran, 1301-15, vol. I, p. 55.‎

[2] Al-Bidâyah wa’-nihâyah, vol. VII, p. 360.‎

[3] Note de l’éditeur: Les Qurayshites étaient la plus aristocratique tribu de l’Arabie ‎préislamique, d’où est lui-même issu le Prophète. Mais les Qurayshites, étant les ‎gardiens de la Ka’ba, se sont d’abord opposés à sa prophétie et lui ont offert la ‎plus grande résistance. Seulement après, ils se sont soumis à la nouvelle religion où ‎ils ont toujours continué à occuper, une place d’honneur, particulièrement, la ‎branche directement liée â la famille du Prophète. ‎

[4] Tânkh-i Ya’qûbi, pp. 1 1 1, 126 et 129.‎